Résumés
Abstract
In the face of the current wave of mass migration in Western Europe, we ignore one group of people affected by the departure of young people from their communities: their mothers. Not only had they seen their children leave, but they even had to support that decision — “it's for his good” — while it affected their lives with a deep loss. This prompted the author to develop a video pro ject in which the heretofore invisible mothers were given the opportunity to speak about their departed children. The installation is entirely devoted to the issue of facing: literally, indirectly, and figuratively. The aesthetic of close-up, of one- shot filming, no-editing and hence, of non-interventionism, and of intimacy in filming as well as projecting makes this politics of facing a viable alternative to what Luc Boltanski has termed “the politics of pity.” In this article the author develops the concept of this project, both philosophically and semiotically, with the help of Spinoza and Deleuze, in order to articulate in what way this is an instance of “migratory aesthetics” as political art.
Résumé
Face au phénomène de migrations de masse vers l’Europe de l’Ouest, on a tendance à ignorer un groupe de personnes particulièrement affecte par le départ des jeunes : les mères de ceux qui quittent. Non seulement ont-elles vu leurs enfants quitter leur communauté, elles doivent également défendre leurs décisions — « c’est pour son bien » —, alors que leur vie a été marquées par une perte profonde. Ceci amena l’auteur de cet article à développer un projet vidéo dans lequel ces mères, jusqu’ici invisibles, ont l’occasion de parler de leurs enfants qui ont émigré. L’installation est tout entière portée par la question de « l’envisagement » (facing), tant à un niveau littéral, indirect, que figural. L’esthétique du gros plan, du cadrage unique, de l’absence de montage et, partant, du non-interventionnisme, ainsi que l’intimité du tournage et de la projection font de cette politique de « l’envisagement » une alternative viable à ce que Luc Boltanski appelle une « politique de la pitié ». Dans cet article, l’auteur développe le concept de ce projet, philosophiquement et sémiotiquement, à partir de Spinoza et de Deleuze, afin de montrer en quoi cette installation offre un exemple d’« esthétique migratoire » en tant qu’art politique.