Résumés
Résumé
Cet article s’intéresse à la rupture du lien entre l’amour et le chant qui informait la poésie lyrique, en soulignant comment cette disjonction contribue simultanément à la reconfiguration de l’érotique des romanciers et à l’invention de la forme romanesque. Dès lors que la voix de l’amant-poète le cède à la voix narrative, la nouvelle forme « en roman » engage avec la musique un autre dialogue où l’amour change de forme et de sens. Les plus anciens textes traduits « en roman » ne sont pas seulement des témoins de ces transformations; ils expriment la tension qui existe entre les deux modes d’expression de l’amour qui se partagent alors la littérature vernaculaire : le chant et le récit. En devenant la voix désincarnée du conteur, voire du conte lui-même, le romancier prend le risque de la mimesis : c’est-à-dire celui de donner un corps aux voix du désir, de les soumettre aux rythmes du temps, et donc à la mort.
Abstract
This article focuses on the rupture between love and song — initially constitutive of lyrical poetry — and highlights how this disjunction contributes both to the reconfiguration of the romancers' art of love and to the invention of the genre of romance. When the poet-lover's voice is replaced by the narrator's voice, the new form in the vernacular initiates a new dialogue with music, and thus entails love itself to change its form and meaning. The first texts translated in the romance language are not only witnesses of these transformations, they express the tension between the two ways that were then used to express love: song and romance. By favoring the storyteller's disincarnated voice (as opposed to the subjective I of the poet-lover), the romancer takes the risk of mimesis: through his characters, he gives a body to the poetical voice of desire; he submits it to the rhythm and flow of time, and thence to the power of death.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger