Résumés
Abstract
"Conjectural history" is used here to "denote any rational or naturalistic account of the origins and development of institutions, beliefs or practices not based on documents or copies of documents or other artifacts contemporary (or thought to be contemporary) with the subjects studied." Many recent historians have focused on the apparent emergence within Scotland of a large number of sophisticated conjectural histories around ¡750, and analysed them within the framework of a Marxist-oriented social science. This paper argues that such a perspective is "inappropriate and misguided." If one looks at these works as an outcome of what went before, rather than a forerunner of what came after, they begin to lose their modernistic flavour.
Conjectural histories of the Scottish Enlightenment were based essentially on four sources: the Bible and its commentaries, the classics, modern works of philosophy and travel accounts. Each had an influence on the works produced. The parallels between the Biblical and the secular conjectural histories are, for example, instructive and it is clear that no Scottish historian could consistently hold a doctrine of economic deter- minism or historical materialism and still reconcile this position with his Calvinist beliefs. Works such as Lucretius' On the Nature of Things had influenced the con- jectural histories of the Renaissance and continued to be used by the Scots just as they were by the English deists, whose speculations about historical development were also helpful to Scottish writers. Travel accounts provided information concerning mankind at various stages of civilization, but no explanation of the developmental process.
While the study of history was a popular pursuit during the Scottish Enlightenment this inte rest followed trends on the continent and elsewhere. Furthermore, an examination of the great works of this period suggests that they were firmly based on the writings of scholars of a generation before. Certainly the leading writers of the "golden age" from roughly 1730 to 1790 gave a more sophisticated, detailed and elaborate treatment cf these ideas, but the sources, problems and concepts which they elucidated were not new. In their analyses, they did not employ historical materialism or economic determinism, though they were undoubtedly more political-economic, dynamic and secular in their attitude. They desired change for Scotland out of a patriotic regard for the comparative backwardness of their country, but the causes and cures for that condition were not fundamentally economic in nature. If these writings are examinedas a unit, and seen in context, the conjectural historians of the Scottish Enlightenment appear to be an understandable outcome of their intellectual milieu. The author supports this conclusion by a close examination of the work of Hume and Smith. This further explicates his theme that a nascent economic determinism was not the impetus for this writing that recent historians have read into these works.
Résumé
L'expression "histoire conjecturale" est utilisée ici pour "définir toute description rationnelle ou naturaliste des origines et de l'évolution des institutions, croyances ou pratiques, description qui n' est pas fondée sur des documents ou des copies de docu- ments, ou sur d'autres artefacts contemporains (ou jugés contemporains) des sujets étudiés". Récemment, plusieurs historiens ont porté leur attention sur l'émergence apparente d'un grand nombre d'histoires conjecturales en Ecosse, vers 1750. L'exposé qui suit soutient qu'une telle perspective est "impropre et peu judicieuse". Si l'on considère ces travaux comme le résultat de ce qui s" est produit auparavant, plutôt que comme précurseurs de ce qui a suivi, ils commencent à perdre leur saveur moderniste.
Les histoires conjecturales du siècle des lumières en Ecosse étaient fondées essentielle- ment sur quatre sources: la Bible et ses annotations, les classiques, les ouvrages modernes de philosophie et les récits de voyages. Chacune a eu une influence sur les travaux réalisés. Par exemple, les parallèles établis entre les histoires conjecturales bibliques et séculaires étaient instructives, et aucun historien écossais ne pouvait soutenir en toute logique une doctrine de déterminisme économique ou de matérialisme historique, tout en conciliant cette position avec ses propres convictions calvinistes. Des travaux tels On The Nature of Things de Lucretius, ont influencé les histoires con- jecturales de la Renaissance et continuent d'être utilisés par les Ecossais tout comme par les déistes Anglais dont les spéculations relatives au développement historique étaient aussi utiles aux écrvains Ecossais. Les récits de voyages fournissaient des renseignement sur l'humanité à divers degrés de civilisation, mais aucune explication du processus de i évolution.
Alors que l'étude de l'histoire était une activité répendue en Ecosse pendant le siècle des lumières, les tendances vers cet intérêt se retrouvait aussi sur le continent et ailleurs. De plus, un examen des grandes oeuvres de l'époque permet de croire qu'elles étaient fermement fondées sur des travaux d'érudition réalisés une génération plus tôt. Assuré- ment, les principaux auteurs de cet "âge d'or" entre 1730 et 1790 approximativement, traitaient ces idées avec plus de rafinement et de détail, mais les sources, les problèmes et les concepts qu'ils élucidaient n'avaient rien de nouveau. Dans leurs analyses, ils n' utilisaient pas le matérialisme historique ne le déterminisme économique, quoique leur attitude était indubitablement plus politico-économique, dynamique et séculaire. Leur désir de changement pour l'Ecosse découlait d'un sentiment patriotique, suscité par le relatif retard de leur pays; mais les causes et les solutions à cet état de fait n'étaient pas de nature fondamentalement économiques. Si ces écrits sont étudiés comme un tout et placés dans leur contexte, les historiens conjecturaux écossais du siècle des lumières apparaissent comme une émanation compréhensible de leur milieu intellectuel. L'auteur appui cette conclusion par un examen attentif du travail de Hume et Smith. Cela explique plus à fond son thème qui est que, contrairement aux impressions des historiens contemporains, un déterminisme économique naissant n'est pas la force dynamique sous-tendant ces écrits.