Résumés
Résumé
Les auteurs nous proposent ici de jeter un nouveau regard sur le personnage de Robert Baldwin, l'un des grands promoteurs de l'instauration du principe de la responsabilité ministérielle au pays. L'image que l'on a connue de lui jusqu'à présent en est surtout une d'un politicien intègre, d'un gentilhomme accompli, d'un homme public d'une grande réserve qui donnait même souvent l'impression d'être un peu terne, voire sans grande passion.
Or, l'étude de nouvelles sources le concernant nous le révèle plutôt comme ayant été un personnage tourmenté, inquiet et d'une grande sensibilité. Il conçut d'ailleurs très tôt une immense passion pour une jeune cousine qu'il épousa, en 1827, à l'âge de 23 ans. Les années qu'il vécut avec cette femme dont il était profondément épris - et qui, semble-t-il, le lui rendait bien - furent sans doute les seules années heureuses de sa vie. Ils eurent ensemble quatre enfants mais elle se releva difficilement de sa dernière grossesse dont elle avait été délivrée par césarienne et mourut, en 1836, après seulement neuf années de mariage.
En dépit du chagrin et de la douleur qu'il en ressentit, Baldwin ne quitta pas la vie publique mais il vécut le reste de sa vie en se remémorant les années passées avec elle et en érigeant sa peine en une espèce de culte centré sur la célébration de leur amour. Gestes, objets et événements lui rappelaient les diverses étapes de leur vie commune et il poussa la dévotion jusqu'à prescrire par testament qu'on lui fasse, après sa mort, la même incision que sa femme avait dû subir lors de la naissance de leur dernier enfant. Sa mélancolie s'accentua d'ailleurs avec les années. Déjà, en 1850, il était réduit à l'incapacité pendant plusieurs mois et il mourut quelques années plus tard, au cours des derniers mois de 1858.