Résumés
Résumé
La croyance que les communications transatlantiques entre l'Angleterre et l'Amérique étaient nettement mauvaises aux dix-septième et dix-huitième siècles est à ce point répandue qu'on pourrait presque la qualifier de truisme. L'Atlantique prend ainsi l'apparence d'une immense douve, et, de là à dire qu'il a contribué au développement de la nation américaine, il n'y a qu'un pas. L'auteur se propose ici de jeter un nouveau regard sur ces présomptions ou supposées vérités. Que ces idées aient eu des fondements, il n'y a aucun doute. Edmund Burke autant que Thomas Paine ont utilisé l'argument. De même, de multiples auteurs américains les ont véhiculées fussent-ils aussi connus que Turner, Boorstin, Andrews, Dickerson, Bridenbaugh, Morgan ou Greene. De plus, rien de plus facile que d'élaborer sur les dangers de l'océan: de nombreux documents d'époque tels les récits de voyage des Puritains, des "Quakers" et des Anglicans sont là pour en témoigner. Cependant, de dire l'auteur, on a trop souvent oublié de considérer les nombreux voyages que certains ont effectués - les 110 traversées du capitaine Bryant, par exemple - et de mentionner le nombre impressionnant de marins - 7,000 au tournant du dix-huitième siècle - qui sillonnaient l'océan d'alors. De même, on a fréquemment mal interprété l'intermittence de la correspondance entre la métropole et la colonie, n'utilisant presqu'exclusivement que l'exemple de celle qui s'échange officiellement au lieu de tenir compte de tout ce qui traverse l'océan tout au long de la période. L'auteur s'interroge aussi sur cette notion par trop populaire que la terre unit alors que l'eau divise quand on sait qu'à l'époque, en Angleterre, il en coûte seize fois plus pour expédier des marchandises par terre que par eau. Il s'arrête aussi à la perception du temps au dix-huitième, si différente de la nôtre que l'on a tendance à en oublier la portée. Enfin, selon lui, cette théorie de l'Atlantique-fossé ou barrière fait paraître bien peu plausible la longue durée du lien colonial et elle résiste mal à un examen sérieux. Néanmoins, le fait de la remettre en question ajoute à notre compréhension du premier empire britannique et de l'émergence de l'identité américaine.