Scandales et Silences : le 29e colloque interdisciplinaire de l’AÉDDHUMPARTIE 1 – Qu’est-ce que le scandale ? Qui et ce qui peut être scandaleux et pourquoi

The Committee on Public Information, un organe de propagande mal compris

  • Frédéric Guy

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  • Frédéric Guy
    Université de Montréal, Canada

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Couverture de Scandales et Silences, Volume 39, numéro 1, automne 2023, p. 6-292, Cahiers d'histoire

En avril 1917, lorsqu’ils entrent dans la Grande Guerre, les États-Unis rencontrent immédiatement plusieurs problèmes. Leur participation à ce conflit ne fait pas l’unanimité, pas plus que le camp choisi, et ce, pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, la diversité des immigrants européens arrivés lors des énormes vagues migratoires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle inquiète les leaders états-uniens. À leurs yeux, un si grand pourcentage d’Américains avec des liens familiaux d’un côté ou de l’autre des tranchées représente une menace de troubles civils importants sur le territoire américain. Ces inquiétudes sont fondées, car c’est, en effet, une part considérable de la population qui immigre aux États-Unis entre 1900 et 1915 (plus d’un million de nouveaux arrivants chaque année sur une population totale de 103 millions). Il faut également prendre en considération les diasporas plus anciennes et profondément enracinées telles que les nombreuses communautés allemandes, britanniques ou irlandaises installées dans tout le pays : En 1916, lors de sa campagne et des élections, le président Wilson avait appelé à l’apaisement entre les différents groupes et promis de garder l’Amérique hors de la guerre avec plusieurs slogans tels que « He kept us out of war » et « America First ». À travers leurs discours, il est possible de sentir l’anxiété du président et des dirigeants face à la peur du chaos social qu’amène cette nouvelle situation. Il devient donc impératif, en avril 1917, de rapidement « vendre » ce conflit auprès de populations qui se retrouvaient en guerre contre leurs contrées d’origine ou encore pour qui ce n’était qu’une bagarre qui ne concernait que les pays de la vieille Europe. Au même moment, un autre nouveau défi se présente. Tout au long du XIXe siècle, avec la montée du taux d’alphabétisation et la popularisation des journaux, une plus grande part de la société avait un contact régulier avec l’actualité. Dans les pays engagés dans les hostilités depuis 1914 tels que la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, la presse a rapidement été mise sous contrôle afin d’éviter les contestations qui pourraient miner le moral de la population. Pour plusieurs membres du gouvernement américain de l’époque, la liberté d’expression et les chroniques critiques imprimées dans les journaux, en temps de guerre, pouvaient causer plusieurs torts. Certaines informations délicates, publiées dans les médias, couraient le risque d’être réutilisées contre eux par leurs ennemis. Cette question sensible jouait avec les valeurs de liberté d’expression ancrées aussi profondément dans la Constitution américaine qu’auprès de la population. Néanmoins, même si la censure reste un mal pour un bien, les besoins de la guerre font voir à plusieurs membres des médias la nécessité de ce contrôle. Plusieurs lettres envoyées au président par des figures importantes de ce domaine et des associations de journalistes au début du mois d’avril témoignent de leur compréhension. Ils n’hésitent pas à donner leur appui à un type de censure moins ferme que ce qui était fait en France ou en Grande-Bretagne qui favoriserait l’information plutôt que le silence, la coopération plutôt que la coercition. Le 13 avril 1917, quelques jours après la déclaration des hostilités, Newton D. Baker, le Secrétaire à la Guerre, Josephus Daniels, le Secrétaire à la Marine, et Robert Lansing, le Secrétaire d’État, écrivent une lettre officielle au président qui recommande la création d’un comité. Celui-ci aurait comme fonction de superviser la diffusion et la sélection des informations ainsi que de cultiver l’élan patriotique américain. Le jour même, par décret présidentiel, Wilson mettra en place cette nouvelle organisation. C’est dans ce contexte que naît le Committee on Public Information (CPI …

Parties annexes