FR :
Cet article étudie les différentes relations d’amitié qu’entretiennent deux jeunes hommes, dirigés spirituels de Lionel Groulx, dans le cadre du collège classique québécois au début du XXe siècle par le biais d’une analyse de journaux intimes et de correspondances. En empruntant des concepts de l’histoire des émotions, les relations amicales entretenues par Erle G. Bartlett (1886–1945) et Émile Léger (1883–1908), dirigés spirituels de Lionel Groulx (1878–1967), sont considérées comme refuges émotionnels au sein de la communauté émotionnelle stricte du Collège de Valleyfield. Ces amitiés, définies comme catholiques, servent à faire adopter aux collégiens les normes comportementales et émotionnelles prônées par l’établissement scolaire. Les jeunes hommes semblent entretenir des relations qui se différencient de celles de leurs pairs, notamment de par la place prédominante qu’y occupent le catholicisme et l’échange émotionnel. Lionel Groulx et son entourage, par la pratique de ces amitiés, expriment une masculinité alternative à celle de plus en plus virile qui se popularise au début du XXe siècle.
EN :
Using an analysis of journals and correspondence, this article studies an array of friendships cultivated by two young men in the context of Quebec classical colleges at the beginning of the 20th century. Borrowing concepts from the history of emotions, the friendships maintained between Erle G. Bartlett (1886–1945) and Émile Léger (1883–1908) are qualified as emotional refuges in the strict emotional community of the Collège de Valleyfield. The two pupils, who have Lionel Groulx (1878–1967) as their spiritual director, use a type of friendship, described as Catholic, to adopt the behavioral and emotional norms of the educational institution. Unlike their peers, Catholic values and emotional exchanges are an important part of their relationship. The friendship observed in Lionel Groulx’s entourage shows characteristics of an alternative masculinity, different to the emergent, mainstream 20th virile masculinity.