Comptes rendus

MacDonald, Heidi E. We Shall Persist. Women and the Vote in the Atlantic Provinces (Vancouver, UBC Press, 2023), 300 p.

  • Shirley Tillotson

…plus d’informations

  • Shirley Tillotson
    Université Dalhousie

Traduit de l’anglais

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de Volume 77, numéro 4, printemps 2024, p. 1-141, Revue d’histoire de l’Amérique française

Partout au Canada anglais, la Women’s Christian Temperance Union (WCTU) fut une force puissante en faveur du suffrage féminin. Mais dans deux des quatre provinces étudiées par Heidi MacDonald, le pouvoir des prohibitionnistes a été contrecarré par les événements. À l’Île-du-Prince-Édouard, la prohibition a été obtenue et maintenue sans le concours du vote des femmes. Et à Terre-Neuve, l’une des forces motrices du mouvement, Armine Nutting Gosling, était mariée à un grand importateur de rhum des Bermudes. Comme on pouvait s’y attendre, elle et son entourage ont mis l’accent sur les capacités et les droits des femmes plutôt que sur le rôle de celles-ci dans la lutte contre le commerce de l’alcool. Ces exemples illustrent à la fois une force et une faiblesse étonnante de We Shall Persist : les possibilités de l’analyse comparative. Comme le livre de Sarah Carter sur le suffrage féminin dans l’Ouest canadien, cet ouvrage invite les lecteurs et lectrices à comparer les situations. Cela est vrai pour l’ensemble de la collection de UBC Press sur le suffrage féminin. Mais l’accent étant mis sur la région atlantique plutôt que sur une seule province, le potentiel est plus grand : nous disposons ici de quatre cas intéressants, à la fois similaires et différents, à examiner côte à côte. MacDonald souligne les différences au fur et à mesure qu’elles se présentent. Par exemple, la lutte suffragiste de la Nouvelle-Écosse (la première à réussir, en 1918) s’est déroulée en deux campagnes séparées par une période d’accalmie ; celle de Terre-Neuve a commencé tardivement et est restée vigoureuse jusqu’à ce qu’elle réussisse en 1925. Le Nouveau-Brunswick se distingue par la longueur et la fréquence de ses luttes sur le droit de vote à l’échelon municipal. Le cas du suffrage censitaire à l’Île-du-Prince-Édouard est vraiment étrange : le droit de vote fondé sur la propriété accordait (en théorie) jusqu’à 60 votes à un couple marié en vertu de leurs propriétés détenues en commun. Comment expliquer ce jardin entortillé d’étrangetés délicieuses et variées ? MacDonald doit souvent spéculer parce que l’historiographie n’a pas raisonné à partir des comparaisons. Trop souvent, la littérature sur le suffrage féminin au Canada atlantique tient un propos assez général, à savoir que les suffragistes se sont heurtées à des gatekeepers misogynes mais ont persisté. En fin de compte, « l’entêtement des femmes a triomphé » (p. 5). Ce genre d’interprétation relève davantage du conte moral que de l’explication historique. Certes, cela représente fidèlement certains aspects des militantes et des législateurs qui leur ont barré la route. Mais ce que le cas de l’Île-du-Prince-Édouard suggère et que les autres laissent entendre, c’est que l’histoire de la politique partisane est nécessaire à l’explication des raisons pour lesquelles les mouvements suffragistes ont fini par l’emporter, chacun à son époque. La « grande cause » a été utile à certains partis lors de certaines élections et il en a été de même pour l’opposition à cette cause. Ce qui me manque le plus dans ce riche exposé de quatre cas étrangement comparables, c’est un compte rendu de la manière exacte dont les acteurs — les suffragistes et leurs opposants — ont déployé tactiquement la cause dans la joute partisane du moment. L’instrumentalisation partisane du suffrage féminin n’est que l’une des pistes de recherche qui pourraient découler de ce livre extrêmement utile. La contribution de MacDonald à la recherche est superbe. Les ouvrages de cette collection sur le suffrage féminin ont peut-être été conçus comme des oeuvres de synthèse, rassemblant des thèses de doctorat non publiées, des articles très pointus et quelques ouvrages plus longs. Mais pour le Canada atlantique, les lacunes …