Comptes rendus

Dupuis, Serge et Mathieu Wade. Rêves, contraintes et pressions. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, 1973-2023 (Québec, Septentrion, 2023), 372 p.

  • Julien Massicotte

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  • Julien Massicotte
    Université de Moncton, campus d’Edmundston

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Couverture de Volume 77, numéro 4, printemps 2024, p. 1-141, Revue d’histoire de l’Amérique française

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, afin de souligner ses cinquante ans d’existence, a demandé à l’historien Serge Dupuis, rattaché à la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord de l’Université Laval (CEFAN), ainsi qu’à Mathieu Wade, sociologue à l’Université de Moncton, d’écrire l’histoire de cet organisme acadien en mettant en lumière les nombreux enjeux qui l’ont accaparé à travers les décennies. Les auteurs situent leur objet en début d’ouvrage : « nous concevons d’abord la SANB comme un acteur politique qui mobilise ses ressources humaines et matérielles pour saisir les occasions qui se présentent à elle » (p. 14). On découvrira évidemment au fil du récit que ces « occasions » sont la plupart du temps politiques. Si la SANB est devenue une véritable institution en Acadie du Nouveau-Brunswick au fil de ces cinq décennies, c’est par son engagement continu dans l’espace public à la défense d’enjeux acadiens de première importance. C’est justement cette capacité d’action qui se trouve au centre des efforts des deux auteurs : « Quelle a été la capacité d’agir de la SANB, à titre d’actrice politique, sur le développement et l’évolution d’une communauté francophone au Nouveau-Brunswick ? » (p. 15). Le livre aborde, en six chapitres, des tranches chronologiques s’étalant sur une période de cinq à dix ans chacune. L’ouvrage présente les différents enjeux politiques et sociaux auxquels s’est attaquée la SANB au cours de ces cinq décennies d’existence en empruntant une approche sobre et descriptive (davantage qu’interprétative), voire presque journalistique. Il y a toutefois un problème avec la démarche méthodologique des auteurs, qui tient au fait qu’une bonne partie de la documentation sur laquelle s’appuie l’ouvrage est constituée de sources québécoises. Les auteurs, pour la période couvrant les années 1970 et 1980, s’appuient principalement sur des périodiques québécois tels que Le Devoir et La Presse, par le biais de Google News. L’utilisation de ce moteur de recherche en ce qui concerne les sources tirées de périodiques exclut de l’information non seulement pertinente, mais essentielle pour comprendre le contexte social acadien ; très peu d’articles de périodiques proprement acadiens sont cités. On est en droit de se demander si le corpus qu’en tirent les auteurs, l’interprétation qu’ils formulent à partir de ces sources accessibles gratuitement et rapidement en ligne reflètent justement les aléas de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick durant ces décennies. On ne peut donc éviter de se questionner sur la possibilité que l’interprétation historienne ne soit teintée, voire orientée par cette sélection limitée et ici discutable (dans le contexte d’une recherche sur un organisme acadien) de sources, en laissant en plan des éléments essentiels. Ce choix méthodologique ne peut que nous inciter à fortement douter qu’il s’agira là de l’interprétation historienne définitive de la SANB. L’ouvrage offre une chronologie intéressante des activités politiques de la SANB et de sa défense des enjeux linguistiques et nationalistes. Cette chronique met en lumière un certain monopole de la parole politique exercé par une poignée d’individus et de militants et militantes qui apparaissent et reviennent tels des personnages récurrents de l’histoire acadienne récente. Ce monopole de l’espace discursif acadien est mis à mal dans les années 2010 : la SANB est alors confrontée à la montée d’organismes et de mouvements acadiens plus récents contestant ce monopole. Nous aurions souhaité voir l’ouvrage de Dupuis et Wade devenir un espace de questionnement légitime sur la représentativité d’un organisme tel que la SANB, ou encore de son idéologie principale, un néonationalisme à vocation légaliste ou linguistique, afin de mieux comprendre sa perte de légitimité. Il nous est impossible de …