Les coauteurs de cet ouvrage sont professeurs à l’Université du Québec à Rimouski et spécialistes en administration et politiques scolaires. Ils énoncent leur objectif dans le tout dernier paragraphe du livre : celui-ci s’adresse avant tout aux cadres et administrateurs scolaires, qu’il veut épauler « dans leur compréhension de l’histoire, des tendances, des enjeux et des défis inhérents à la gouvernance scolaire ». Plus précisément, l’ouvrage vise à les « accompagner dans leur compréhension des changements législatifs et réglementaires opérés depuis 2018 par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), ainsi que des raisons qui motivent ces changements et les valeurs qui les sous-tendent » (p. 154). La poursuite de cet objectif se déploie en trois chapitres. Le premier, sur l’histoire de la gouvernance, s’inspire d’ouvrages connus, notamment celui de Lionel Groulx, premier historien de l’éducation au Québec (L’enseignement français au Canada, 1931), et celui de Jean-Pierre Charland (Histoire de l’Éducation au Québec, 2004). Il est complété par la référence à des travaux plus ciblés de plusieurs chercheurs et chercheuses. Les deux auteurs ont eu en outre la bonne idée de scruter des thèses de doctorat trop souvent ignorées parce qu’inédites. En 10 sections, le récit reprend, depuis le Régime français jusqu’à nos jours, les étapes du développement du système éducatif. Chacune propose un organigramme illustrant la place qu’occupe chacun des acteurs dans la gouvernance et leurs relations réciproques. C’est là une initiative nouvelle et heureuse sur le plan pédagogique. Néanmoins, ces organigrammes exigent du lecteur une attention soutenue. Ce chapitre met en lumière le fait que la dualité linguistique, francophone et anglophone, est à nouveau renforcée par la nouvelle législation. Le deuxième chapitre décortique en quatre parties la Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires (projet de loi 40), adoptée le 28 novembre 2019 sous le bâillon et dans la division. Ce chapitre est, à mon avis, le plus important, car il veut faire comprendre les fondements théoriques et idéologiques qui ont inspiré la loi et dont on présente les principaux éléments. Il s’appuie sur le Plan de gouvernance scolaire publié en 2018 par la CAQ à titre de programme électoral et présenté par Jean-François Roberge, à l’époque encore simple député, aujourd’hui ministre de la Langue française. Retenons ici l’idée centrale de ce plan et finalement de la loi : transformer les commissions scolaires en centres de services « qui auront pour mission de soutenir les écoles plutôt que de les diriger à distance ». Il s’agit de « placer les écoles, les enseignants et les élèves au sommet de la structure Québec » (p. 61). Ce même chapitre rend compte de deux modèles politiques de la gouvernance : la démocratie représentative, dominante jusqu’au projet de loi 40, caractérisée par les élections scolaires, et la démocratie participative, implantée avant tout au niveau des établissements, notamment au sein de leur conseil, mais présente aussi dans les commissions scolaires à travers une multitude de comités et qui « vise une culture de collaboration » plutôt que de contestation. On les retrouve toujours dans les centres de services scolaire d’aujourd’hui, et même davantage. Mais l’objectif d’« augmenter le pouvoir des acteurs locaux », constatent les auteurs, n’est pas encore atteint. Le troisième chapitre, enfin, décortique les trois niveaux de la gouvernance scolaire actuelle, soit les instances supérieures, intermédiaires et locales. L’analyse s’appuie sur la théorie empruntée aux Français B. Palier et Y. Surel et construite autour des trois dimensions de l’action publique, soit « les intérêts, les institutions et les idées » (p. 84). Ce chapitre commence donc …
Lemieux, Olivier et Jean Bernatchez. La gouvernance scolaire au Québec. Histoire et tendances, enjeux et défis (Québec, Presses de l’Université du Québec, 2022), 174 p.
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Jean-Pierre Proulx
Université de Montréal
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