Comptes rendus

Ducharme, Olivier. 1972. Répression et dépossession politique (Montréal, Écosociété, 2022), 352 p.

  • Gérard Boismenu

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  • Gérard Boismenu
    Université de Montréal

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Couverture de Volume 77, numéro 3, hiver 2024, p. 1-213, Revue d’histoire de l’Amérique française

Le titre du livre rend bien la focale du propos : l’année 1972 est posée comme moment charnière de l’histoire du Québec. Octobre 1970 est couramment mis en relief, et c’est à raison, mais le livre d’Olivier Ducharme jette une lumière crue sur les transformations sociales et les réactions aux mouvements d’émancipation qui s’inscrivent dans la foulée. Le sous-titre donne correctement le prisme proposé. Les matériaux retenus, compulsés et interprétés sont le résultat d’un forage dans les publications quotidiennes ou périodiques, les relevés de l’actualité politique et sociale, et dans les débats parlementaires. L’auteur donne sens à ce qui aurait pu être un relevé événementiel, en mettant en perspective et proposant une vue panoramique des diverses sphères de la société. Le résultat est intéressant, car on y trouve les principales balises pour s’engager dans une analyse historique du Québec contemporain. C’est là l’intérêt de ce livre. Olivier Ducharme a le souci de se dégager de la « chronique » en proposant une grille de lecture qui met en relief la répression et la dépossession politique. Il est attentif à ceux et celles qui luttent pour le changement, dans une certaine forme de radicalité, ou qui incarnent une démarche transgressive. Cette sensibilité est clairement exposée d’entrée de jeu. La dépossession politique est présentée comme concept, emprunté à Bourdieu, qui fait référence surtout à la démocratie représentative, mais aussi comme un phénomène d’appropriation par les personnes en autorité, pour déposséder les citoyens de leurs droits et libertés. L’auteur est attentif à la façon dont on essaie de « faire taire les opposants et opposantes au pouvoir » et « d’enlever toute crédibilité et légitimité aux idées et aux actions qui s’opposent à l’élite en place » (p. 19). Loin d’obscurcir l’exposé, cette approche jette un éclairage qui met utilement en valeur certaines facettes de la réalité. Cette approche n’obscurcit pas le propos, elle met en relief sans occuper toute la place et sans occulter les faits. Dans le livre, le point de passage après la crise d’Octobre se fait en revenant à la décision de Pierre Vallières de donner un appui « tactique » au Parti québécois, vilipendée par Charles Gagnon. On plonge dans les débats acrimonieux au sein de la gauche et de la gauche de la gauche. La question de la lutte électorale ou de la lutte révolutionnaire est posée et restera dans le paysage politique pendant un certain temps. Après cette mise en contexte, les questions de la culture et de la langue sont traitées, d’abord avec l’hostilité suscitée par le film L’Acadie, l’Acadie ? ! ? (Michel Brault et Pierre Perrault, 1971), puis avec le traitement accordé à l’expression littéraire et théâtrale à contre-courant (les pièces de Claude Gauvreau, de Michel Tremblay, les nuits de la poésie). Ici, la bien-pensance et le conservatisme, fièrement claironnés par les commentateurs, les éditorialistes et les politiques, laissent pantois devant le sans-gêne et l’absence de retenue que recèlent les jugements de valeur d’un autre temps. Le Québec est un terreau fertile pour le conservatisme social qui s’exprime avec une certaine candeur. Plusieurs députés et ministres du gouvernement Bourassa se font les chantres de la loi et l’ordre, de la répression contre les extrémistes, et condamnent la mollesse ambiante et le laisser-aller des journalistes. Les commentaires des éditorialistes et chroniqueurs ne brillent pas par un esprit critique ou d’avant-gardisme. On assiste à un entre-soi, où s’expriment un champ discursif et un ensemble de valeurs largement partagés. La question autochtone sera un autre espace d’incompréhension qui servira d’électrochoc pour les grands projets du Grand Nord. Les personnels politiques du Québec ou d’Ottawa rivalisent d’« …