Résumés
Résumé
En 1957, à Chicoutimi, le barbier Arthur Villeneuve commence à recouvrir de peintures au style naïf les murs de sa maison d’ouvrier. Trente-sept ans plus tard, le domicile du « peintre-barbier » est détaché de ses fondations pour être transporté à l’intérieur du Musée du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans l’intervalle, une longue suite de différends médiatisés a accompagné la reconnaissance patrimoniale de ce monument atypique. Cet article les analyse pour comprendre le rôle des émotions qui, d’après l’anthropologue Daniel Fabre, prennent pour prétexte le patrimoine en même temps qu’elles le constituent comme tel. Les passions soulevées par la maison Arthur-Villeneuve, en pointant son inadéquation avec les structures en place, apparaissent comme un révélateur des mutations du patrimoine dans la seconde moitié du 20e siècle.
Abstract
In 1957, in Chicoutimi, Québec, barber Arthur Villeneuve began covering the walls of his working-class house with naive paintings. Thirty-seven years later, the abode of the « painter-barber » was being lifted off its foundations and moved inside the Musée du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Between these two moments, a long series of public disputes accompanied the recognition of this atypical work of art as “heritage”. This article analyzes the disputes to understand the role of emotions, which, according to anthropologist Daniel Fabre, take heritage as a pretext while at the same time constituting the heritage object as such. The passions aroused by the Maison Arthur-Villeneuve, given the inadequacy of this house/museum with the existing cultural structures, reveals the mutations in notions of heritage during the second half of the 20th century.