Comptes rendus

Lecompte-Ducharme, Sébastien. Apprendre à lire autrement. Une histoire de la Méthode dynamique des Filles de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus, 1942-2002. Québec, Presses de l’Université Laval, 2020, 228 p.[Notice]

  • Maxime Raymond-Dufour

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  • Maxime Raymond-Dufour
    Université McGill

Cette courte monographie retrace l’histoire institutionnelle d’une méthode d’enseignement, la Méthode dynamique, vouée à l’apprentissage de la lecture par les élèves du primaire. Le livre nous renvoie dans l’univers éducatif d’avant la Révolution tranquille et explique comment la communauté religieuse des Filles de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus (FCSCJ) établie à Sherbrooke a navigué dans le monde de l’éducation dominé par le Conseil de l’instruction publique pour concevoir, faire approuver et diffuser une méthode d’apprentissage originale. On doit reconnaître le travail en archives exécuté par Sébastien Lecompte-Ducharme, finissant au doctorat en histoire au moment de la publication de l’ouvrage, qui réussit à donner une vue d’ensemble des outils et des mécanismes employés par les FCSCJ pour répandre leurs techniques d’enseignement. Son livre, une commande de la communauté, n’a pas l’ambition d’être un ouvrage plus horizontal dans son approche. Cela dit, l’auteur semble avoir eu accès à une riche documentation. Son étude, combinée à la connaissance d’un lecteur averti et savant, permet de démontrer et de confirmer certains aspects de l’histoire de l’éducation au Québec. C’est un ouvrage modeste mais utile. Il publicise le contenu d’archives méconnues et enrichit une historiographie mal-aimée : lointaine est l’époque où la glorification du travail acharné des communautés religieuses en éducation était célébrée dans l’espace public québécois. Lecompte-Ducharme opte pour un plan chronologique classique et livre une histoire institutionnelle très traditionnelle. On plonge rapidement dans un récit qui s’étend des années 1940 aux années 1990, dans lequel l’auteur lui raconte la naissance de la méthode dynamique, la complexité de sa mise en place officielle grâce aux instances de l’éducation du Québec et à l’imprimerie des Frères de l’instruction chrétienne, les modalités de sa diffusion au Québec et à l’étranger, puis son crépuscule, qui s’étend des années 1970 aux années 1990. À travers ce récit, une personnalité ressort : celle de soeur Renée du Saint-Sacrement, née Marie-Antoinette Guinebretière. Cette pédagogue française brillante, préfète des études des FCSCJ à partir de 1949, a été la conceptrice principale de la Méthode et sa force motrice jusqu’à sa mort en 1973. Le lectorat habitué des histoires institutionnelles des écoles et collèges tenus par des communautés religieuses est ici en terrain connu. L’auteur laisse largement dans l’ombre le travail en amont effectué par les enseignantes dans les classes, celles qui ont testé la méthode, au profit d’une héroïne au sommet de la hiérarchie communautaire. Le mérite de soeur Renée est bien démontré par Lecompte-Ducharme, mais le procédé n’en est pas moins habituel. À cause du plan chronologique de l’auteur, une lecture fouillée est nécessaire pour extraire de l’ouvrage une substantifique moelle qui dépasse la stricte histoire de la méthode. Qu’il s’agisse des relations entre les FCSCJ et les instances gouvernementales, des difficultés rencontrées par les soeurs pour l’impression de leur matériel ou de la mise en place successive de divers plans de formation pour enseignantes pour s’ajuster à un milieu de l’éducation changeant, Apprendre à lire autrement contient beaucoup d’informations qui sont malheureusement éparpillées dans l’ensemble de l’ouvrage. Il faut prendre beaucoup de notes, par exemple, pour reconstituer la trame historique qui a mené les FCSCJ à créer leur propre maison d’édition au milieu de la décennie 1970. L’ouvrage aurait certainement bénéficié d’une structure plus thématique. À ce problème d’organisation du récit s’ajoutent un travail d’édition inachevé et quelques écueils d’interprétation. C’est que le livre manque souvent de profondeur. L’auteur décrit le contenu de nombreuses boîtes d’archives sans qu’on en comprenne toujours la signification. Le plus grave, peut-être, est que Lecompte-Ducharme ignore la dimension didactique de l’histoire de la méthode dynamique. Après avoir lu l’ouvrage, on …