L’ouvrage de Mario Mimeault se penche sur un sujet mal étudié jusqu’à présent : la pêche à la morue sous le Régime français, et représente une contribution importante à l’histoire économique de la Nouvelle-France. S’appuyant sur un large corpus de sources tirées d’archives canadiennes fédérales et provinciales, mais aussi françaises, britanniques et américaines, le livre documente l’émergence au cours du XVIIIe siècle d’une industrie de la pêche spécifiquement canadienne dans le golfe du Saint-Laurent, impliquant investisseurs, marchands et travailleurs résidant dans la colonie. Industrie profitable, la pêche contribua à la croissance économique de la colonie au même titre que l’agriculture et la traite de la fourrure. En plus de générer des profits non négligeables, elle créa et permit d’entretenir des réseaux commerciaux transatlantiques tout en renforçant les revendications territoriales françaises sur le pourtour du golfe. Avec un titre évocateur du fameux roman de Léon Tolstoï, certains vous diront que le livre de Martin Petitclerc et de Martin Robert était destiné à remporter un prix. Les membres du comité des prix tiennent à vous rassurer que ce livre n’a pas été choisi en raison de son titre. Dans leur synthèse, les auteurs retracent l’histoire du rôle de l’État dans la gestion des relations de travail. Ils s’intéressent tout particulièrement aux interventions du gouvernement du Québec visant à limiter le droit de grève par des lois spéciales. Fondant leur analyse sur une diversité de sources, Petitclerc et Robert démontrent que le gouvernement du Québec recourt, d’autres affirmeraient qu’il abuse, à son droit d’ingérence en suspendant le droit de grève par des lois spéciales, geste fait par les autres États de la fédération canadienne mais moins fréquemment. Ce livre démontre comment les lois spéciales ou d’exception ont contribué à ce que les auteurs appellent la marginalisation du syndicalisme. En même temps, le lecteur découvre le visage « coercitif » de l’État par son recours à la suppression du droit de grève, tendance qui s’est intensifiée dans le contexte du néolibéralisme. Dans Refus global. Histoire d’une réception partielle, Mme Sophie Dubois a livré une analyse fine et stimulante d’une oeuvre emblématique du Québec moderne. L’auteure mobilise des approches issues de la littérature et de l’histoire, ainsi qu’un large éventail de sources, pour reconstituer la réception du Refus global depuis sa parution en 1948 jusqu’aux premières années du XXIe siècle. L’étude proposée de la réception emprunte de nombreuses voies – réception critique, réédition, mise en mémoire, récupération et inspiration. Mme Dubois rappelle le double statut du Refus global, à la fois manifeste et recueil d’oeuvres d’art, et examine l’élaboration et la consolidation d’un récit commun privilégiant le manifeste. Elle est également attentive aux discours qui émergent en marge du discours dominant et qui témoignent, notamment, d’une plus grande sensibilité à l’égard des autres composantes du recueil, à son caractère collectif et interdisciplinaire, ainsi qu’à sa matérialité. Le développement de la consommation de masse et l’expansion rapide des banlieues sont caractéristiques de l’immédiat après-guerre nord-américain. L’article d’Harold Bérubé fait le pont entre ces deux phénomènes et vient étoffer une littérature peu abondante en histoire de la consommation au Québec (et même au Canada). S’appuyant sur un corpus de publicités publiées dans des journaux montréalais anglophones et francophones, il montre comment les promoteurs immobiliers et les gouvernements municipaux vendirent d’abord les pavillons de banlieue, puis la banlieue elle-même, à une clientèle aux revenus relativement modestes, et ce, en liant l’un et l’autre à une certaine forme de modernité à petit prix. L’auteur prête attention au genre, à la classe, mais aussi à la langue. Quoique la maison ait été un espace …