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Au fil des ans, le site Les Patriotes de 1837@1838 est devenu incontournable pour ceux et celles qui cherchaient à s’initier à l’histoire des Rébellions. Conçu par Gilles Laporte, professeur au Cégep du Vieux-Montréal et chargé de cours au département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal, le site a d’abord servi de ressource à ses étudiants. Leurs contributions et les recherches du webmestre, qui est également l’auteur du récent volume Patriotes et Loyaux (Septentrion, 2004), sont venues se greffer à cet outil pédagogique pour en faire une sorte d’archive électronique de matériaux numérisés touchant de près ou de loin à l’histoire des Patriotes et à celle des Rébellions. Selon Laporte, le site a été en mutation depuis 2000, s’ouvrant à de nouveaux collaborateurs dans le but de devenir « un véritable carrefour dans l’étude de la première moitié du xixe siècle québécois » (voir « À propos du responsable de ce site »).
Cette mission de rassembler des matériaux divers reliés à l’histoire des Patriotes représente à la fois la force et la plus grande faiblesse du site. Armé de patience et de persévérance, le chercheur chevronné réussira à y dénicher des documents d’une très grande utilité. À ce titre, le site regroupe une quantité non négligeable d’imprimés de l’époque numérisés. On y retrouvera, entre autres, le texte des 92 Résolutions, des résolutions adoptées lors des grandes assemblées patriotiques de 1837, des extraits de la constitution de 1791, le texte des Résolutions Russell et de nombreux autres documents dont la valeur pédagogique est évidente. Le site de Laporte se veut aussi la référence en ce qui a trait à l’identification des « Patriotes » et des « Loyaux » impliqués dans la lutte politique entre 1834 et 1837 et dans les Rébellions de 1837 et 1838. Un moteur de recherche sur l’en-tête de toutes les pages consultées propose aux internautes de vérifier s’ils ont un ancêtre patriote. Les résultats de la recherche paraissent en forme de liste de toutes les occurrences du patronyme recherché dans la banque de données confectionnée par le Groupe de recherche sur les rébellions de 1837-38.
Une barre de navigation qui encadre les pages du site propose plusieurs rubriques dont « Actualité », « Analyse », « Bibliographie », « Biographie », « Débats » et « Historiographie ». En sélectionnant ces rubriques, l’on accède à une liste des pages regroupées sous le thème choisi. Cependant, la liste ne présente pas l’information dans un format alphabétique ou encore regroupée dans des sous-thèmes. Les items en question apparaissent simplement dans l’ordre dans lequel ils ont été ajoutés au site. Cette technique favorise évidemment les visiteurs assidus qui pourront immédiatement identifier les nouveautés. Par contre, cette façon de faire prête à la confusion et rend plus difficile l’utilisation du site. En cliquant sur le bouton bibliographie, par exemple, on accède à une liste de pages renvoyant à des chapitres d’un roman de Jules Verne. Il faut se rendre à la quatrième page de la liste pour retrouver des notices bibliographiques en bonne et due forme. Un moteur de recherche au haut de la page permet également d’accéder aux notices bibliographiques, mais le procédé n’est pas clair. Outre, les chercheurs qui auront eu la patience de l’emprunter seront déçus des résultats : les listes bibliographiques se révèlent incomplètes et elles ne sont pas à jour. Ainsi, une recherche utilisant les catégories « Monographie » et « Politique » n’a identifié aucun titre publié après 1994, alors que les catégories « Monographie » et « Société » n’ont donné aucun titre publié après 1999.
Les articles de la section « Biographie » sont également énumérés selon la date de leur intégration au site et ils ne sont pas regroupés dans un index alphabétique qui permettrait de s’y retrouver. Tirés de sources diverses, ces articles sont d’ailleurs de valeur inégale. Les sections « Débats » et « Historiographie » manquent aussi de rigueur dans l’organisation et la classification des matériaux qui y sont regroupés. Les articles classés sous « Historiographie » consistent surtout en comptes rendus d’origines diverses. On y retrouve des textes de non-spécialistes publiés soit sur le site, soit dans des journaux, ainsi que des recensements publiés par des historiens dans la RHAF. Dans la section « Débats », des textes d’étudiants côtoient ceux de Gérard Bouchard et de Bernard Landry.
Un dépoussiérage sur le plan technique et une plus grande rigueur dans l’organisation du site faciliteraient son utilisation. La mise en pages avec sa barre de navigation constante à la gauche de l’écran est désuète. La conception d’un outil de navigation plus perfectionné permettrait d’intégrer des sous-thèmes qui apparaîtraient en passant le curseur sur les principales rubriques. Il serait aussi souhaitable de mieux identifier les collaborateurs du site et les auteurs cités à l’aide d’hyperliens qui renverraient à des notices biographiques et à d’autres textes du même auteur reproduits sur le site. Lors de cette réorganisation, Gilles Laporte devra aussi décider s’il s’adresse d’abord à ses étudiants ou au grand public. Le « Forum », par exemple, semble le lieu d’échanges entre le professeur et ses étudiants plutôt qu’un forum de discussion sur l’histoire des Patriotes. La création de pages réservées aux étudiants serait sans doute l’occasion de repenser la conception du site principal destiné aux chercheurs et au public.
Malgré la richesse de ce site, il y a un manque de rigueur dans la sélection, l’organisation et l’attribution des documents qui nuit à son utilité pédagogique et à son rôle de vitrine pour l’histoire des Patriotes dans Internet. Ceux qui sont en terrain de connaissance pourront certes s’y retrouver, mais on peut imaginer la confusion d’un internaute étranger cherchant à s’informer sur les Patriotes ou à apprendre quelque chose sur l’histoire du Québec au xixe siècle. Cela dit, le site Les Patriotes de 1837@1838 demeure une ressource importante qu’il faut à tout prix préserver et renouveler. En ce sens, nous espérons que Gilles Laporte s’attaquera à sa rénovation avec l’énergie et l’enthousiasme qui l’ont porté à créer ce qui fut pendant longtemps un de plus importants sites touchant à l’histoire du Québec. Souhaitons également que la mise à jour de ce site se fera avec l’appui des organismes subventionnaires et celui des historiens spécialistes du xixe siècle québécois.