Résumés
RÉSUMÉ
1916 : le premier ministre canadien Robert Laird Borden reçoit la demande pressante des Franco-Ontariens d'intervenir en vue de protéger leurs droits culturels et linguistiques menacés par la loi adoptée par la législature de Queen's Park et basée sur le fameux Règlement XVII promulgué en 1912. Le chef du gouvernement canadien se trouve alors devant un double dilemme : il doit à la fois évaluer la question sur un plan légaliste — l'intervention fédérale sur une question de juridiction provinciale — et composer avec un Cabinet où siègent des ministres francophones pour la plupart élus sous la bannière nationaliste. Leur credo essentiellement autonomiste cherche à faire du Canada un pays émancipé au sein de l'Empire, mais surtout à affirmer le caractère bi-ethnique de la nation; les défenseurs du nouveau Canada se disent alors « fidèles à l'esprit de Macdonald et de Cartier ». Face à la menace d'assimilation ressentie par leurs compatriotes d'outre-Outaouais, que feront ces députés-ministres conservateurs-nationalistes qui ont accédé au Cabinet Borden? Tenteront-ils d'intervenir dans le dossier malgré le fait qu'il s'agisse d'une question de juridiction exclusivement provinciale? Quelle attitude prendra le chef du gouvernement? La réponse à ces questions nous est ici révélée sous un jour inédit grâce à l'analyse des papiers personnels oubliés de l'un des acteurs de premier plan dans ce débat, le ministre Ésioff-Léon Patenaude. Plus de soixante-quinze ans plus tard, ces papiers nous livrent les éléments de compréhension nécessaires à une interprétation renouvelée de l'intervention potentielle du gouvernement fédéral dans la solution d'un problème qui a profondément marqué les Franco-Ontariens.
ABSTRACT
In 1916, Canadian Prime Minister Robert Laird Borden received a pressing request from Franco-Ontarians demanding that the federal government intervene to protect their culture, religion, and language. These were threatened by a bill adopted by the Ontario legislature confirming the infamous By-law 17. The Canadian head of government faced a double dilemma: in addition to weighing the legal implications of a federal incursion into provincial jurisdiction, he was forced to deal with a Cabinet composed in part of French Canadians elected under the nationaliste banner. These ministers preached the gospel of an autonomous Canada within the British Empire while affirming the bi-ethnic character of the nation. This, they argued, was "true to the spirit of Macdonald and Cartier". Their response (and Borden's) to a situation that raised the issues of the possible assimilation of their Franco-Ontarian compatriots and federal interference in provincial jurisdiction is the subject of this article. The analysis of the forgotten personal papers of one of the ministers, Esioff-Léon Patenaude, affords us a new reading of the federal government's potential intervention in a matter that profoundly marked the whole Franco-Ontarian community.
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