FR :
Au XIXe siècle, les divorces étaient très rares au Québec, à cause du coût des procédures et de l'opposition de l'Église. Les couples recouraient plutôt à la séparation de corps et de biens : 253 procès de ce genre ont été étudiés pour le district judiciaire de Montréal entre 1795 et 1879. Les femmes entament les procédures dans 95% des cas, en se plaignant le plus souvent de mauvais traitements et de l'alcoolisme de leur mari. Ces derniers allèguent plutôt l'adultère de leur épouse. La séparation est accordée dans 80% des cas. Les juges veillent à maintenir l'autorité des maris et le « double standard » sexuel : il est plus facile à un mari d'obtenir la séparation pour adultère de son épouse que l'inverse. Mais les femmes jouissent d'une certaine sécurité financière grâce au régime de la communauté de biens, et elles obtiennent la garde des enfants plus souvent que leur mari. Sur ces deux derniers points, la situation des Québécoises paraît plus favorable que celle des Canadiennes des autres provinces. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, le nombre de procès augmente de façon considérable et l'interprétation de la loi favorise davantage les femmes.
EN :
Divorce was rare in nineteenth century Québec due to the cost and clerical opposition. Couples in difficulty more usually had recourse to legal separations and 233 cases of this type were found in the Montréal judicial archives for the period 1795 to 1879. Women were the plaintiffs 95% of the time and complained of the brutality and alcoholism of their spouses. Husbands, on the other hand, claimed that their mates were adulterous. Separation was granted in 80% of the cases studied. Judges upheld the sexual "double standard": it was easier for a husband to obtain a separation for adultery that for the wife. Nevertheless, women did benefit from a degree of financial security that was guaranteed under the common property provisions of the civil law and they obtained custody of the children more often than their husbands. Québec women seem to have been better off on these last two counts than women elsewhere in Canada. In the closing decades of the nineteenth century, the number of separation cases increased and the law treated women more favorably.