FR :
L'étude vise à comparer le niveau de richesse et quelques aspects de la vie matérielle des artisans de Québec et de Montréal à l'aide principalement des inventaires après décès. Les fortunes mobilières révèlent qu'il existe dans une ville comme dans l'autre deux groupes d'artisans bien distincts : les plus démunis — près de 60 % — avec moins de 700 livres en biens mobiliers, et les plus à l'aise dont la valeur des mêmes biens dépassent les 800 livres pour atteindre parfois 2 000 livres. En ajoutant à ces biens le numéraire, les créances, les dettes et surtout les biens fonciers et immobiliers, il apparaît clairement que les fortunes les plus imposantes sont plus nombreuses dans la capitale. En effet, on y est moins nombreux à posséder sa maison, mais elle est généralement en pierre et vaut de trois à cinq fois plus que celle en bois de Montréal. On y possède aussi des pièces d'argenterie et du numéraire pour une valeur beaucoup plus considérable. Enfin, parmi les artisans qui peuvent investir, ceux de Québec préfèrent la maison de pierre alors que ceux de Montréal choisissent plutôt la terre, en général de moindre valeur.
La quantité, la qualité et la variété des biens mobiliers opposent beaucoup moins les artisans des deux villes que fortunés et moins fortunés. En effet, que l'on regarde le système de chauffage, la batterie de cuisine, la vaisselle, le mobilier de la salle commune ou de la chambre à coucher et les objets de décor, les écarts apparaissent frappants entre les deux groupes. Il n'y a évidemment rien de très surprenant à cette opposition entre riches et moins riches mais la comparaison a le mérite de dépeindre des intérieurs domestiques qui se distinguent à plusieurs égards en même temps que d'identifier les domaines de consommation privilégiés des plus à l'aise des artisans.
EN :
By studying estate inventories, this article compares the levels of fortune and some aspects of material well-being of Québec and Montréal artisans. The study of moveable property reveals that in both cities artisans are divided into two groups: the poorest—almost 60% of the total sample—who owned less than 700 livres of belongings, and the more prosperous whose estates contained between 800 and 2,000 livres worth of this type of property. When money, debts and especially real estate are added it becomes clear that the largest fortunes are found in the colonial capital. Even though fewer Québec artisans owned a house, when they did it was normally a stone structure worth three to five times as much as a dwelling in Montréal. Money and silver were also more common in Québec. Finally, among those artisans who invested their assets, Québecers bought stone houses whereas Montréalers bought land which was generally worth less.
The quantity and quality of moveable property was similar in both cities and was dependent on total wealth. Whether it be in terms of heating equipment, kitchen utensils, dishes or furniture, striking differences opposed the more prosperous and the poorer members of this social group. This, in itself, is hardly surprising, but the study points out how the material environment differed and identifies consumer preferences among the wealthier artisans.