Revue Gouvernance
Governance Review
Volume 2, numéro 2, 2005
Sommaire (6 articles)
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Letter from the Editor
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Débat et délibération
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Boundary Dynamics in Natural Resource Management: The Ambiguity of Stakeholder Inclusion
Sylvia Prins, Marc Craps et Tharsi Taillieu
RésuméEN :
This paper discusses a case study in the domain of water management and nature conservation from the perspective of boundary dynamics. Multiparty collaboration is proposed as an organizational strategy to manage natural resources. This approach acknowledges the multiple perspectives of stakeholders, the differences in interest and power, and it provides a strategy for change in a domain with a high potential for conflict (Buckles, 1999). The first part of the paper outlines the theoretical insights and frames that underpin the case analysis. Then it discusses boundary issues in a project set up to design a plan for a river valley to solve problems of flooding and deterioration of nature. With this in-depth case study in a complex organizational setting we aim to contribute to empirical research on the perceptions of boundaries in processes of organizing (Paulsen & Hernes, 2003).
FR :
Privilégiant la perspective théorique de la dynamique des frontières, ce texte se penche sur une étude de cas dans le domaine de la gestion de l’eau et de la conservation de la nature. La collaboration multipartite est proposée comme stratégie organisationnelle de gestion des ressources naturelles, notamment parce qu’elle permet de reconnaître : (a) la multiplicité de perspectives des différentes « parties prenantes » ; (b) l’hétérogénéité des intérêts et des influences en présence; (c) tout autant qu’elle propose une stratégie de changement pour un secteur dont les probabilités de conflit demeurent particulièrement élevées (Buckles, 1999). La première partie du texte présente le cadre théorique sur lequel repose l’étude de cas, alors que la seconde partie discute des enjeux de frontières d’un projet mis en oeuvre pour élaborer un plan permettant de résoudre les problèmes liés à l’inondation et la détérioration d’un milieu naturel. En définitive, cette étude de cas détaillée d’un milieu organisationnel complexe permet d’enrichir la recherche empirique sur les perceptions individuelles et collectives des frontières dans le cadre d’un processus de gestion et d’organisation (Paulsen & Hernes, 2003).
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“Preparing” and “Repairing” Public Debate: Organizational Learning of Promoters in Environmental and Energy Governance
Louis Simard
RésuméEN :
The deliberation experience, new imperative for public action (Blondiaux and Sintomer, 2002) produces some forms of learning that set in a new way the distribution of resources in punctual actors system that create infrastructure projects. If deliberative procedures could appear like moments for “metre à plat” values, ideas and solutions in a equilibrated, informed, respectful and transparency exchange, could we expect that it will suspend the power manifestations and the “rapports de force” in the pursuit of interests for stakeholders ? Analyzing the operation of environmental and energetic governance at the individual project level, from the promoter’s point of view, by looking at four extra-high-voltage (EHV) transmission line projects in France and Québec, and the consultation and deliberation procedures applied in each case, we argue that promoters learn better and quicker than the other stakeholders that are concerned by the large infrastructure projects. The radical imbalance of resources, experience and learning capacity among the actors tends to promote negotiation, before and after the public debate, with the actors considered relevant by the promoter, emptying the public debate of much of its content by leaving only the most antagonistic parties.
FR :
L’expérience délibérative, nouvel impératif de l’action publique (Blondiaux et Sintomer, 2002), entraîne de nouvelles formes d’apprentissages qui, elles-mêmes, se traduisent par une redistribution des ressources multiformes dans le système d’acteurs ponctuels d’un projet d’infrastructures. Si le processus délibératif semble créer des moments permettant de « mettre à plat » les valeurs, les idées et les solutions dans un échange équilibré, informé, respectueux et transparent, peut-on s’attendre à ce qu’il transcende la dynamique de pouvoir et les rapports de force liés aux intérêts hétérogènes des « parties prenantes » ? L’analyse de la gouvernance énergétique et environnemental, du point de vue des promoteurs, dans quatre projets de lignes de transmission à extra-haut voltage (EHV) au Québec et en France, incluant leurs modalités respectives de consultation et de délibération, suggère fortement que les promoteurs apprennent plus et mieux que les autres « parties prenantes ». L’asymétrie radicale des ressources, de l’expérience et de la capacité d’apprentissage des acteurs tend à promouvoir la négociation, avant et après le débat public, entre ceux considérés pertinents par les promoteurs, vidant de son sens le débat public qui est alors réduit aux seuls acteurs antagonistes.
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Organisations internationales et diffusion de nouveaux modèles de gouvernance : des tendances globales aux réalités locales
Bachir Mazouz, Joseph Facal et Imad-Eddine Hatimi
RésuméFR :
À l’échelle de la planète, nous assistons, depuis le début des années 1980, à un mouvement accéléré de renouvellement des appareils publics de gouvernance, sous l’influence du mouvement managérialiste ou, en d’autres mots, le nouveau management public. Peu d’études ont cependant été consacrées aux processus de diffusion à l’échelle mondiale de cette conception de la gouvernance publique. Il se trouve pourtant que si les réformes des administrations publiques menées en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, au Canada ou aux États-Unis d’Amérique ont inspiré tant d’autres gouvernements, de même que nombre de praticiens et d’universitaires, c’est en partie parce que des Organisations internationales extrêmement influentes ont non seulement contribué à les faire connaître, mais les ont aussi proposées comme des modèles de référence. Comment et par quels mécanismes ces nouveaux modèles de gouvernance se propagent-ils d’un pays à l’autre ? Quels rôles les Organisations internationales, financières et non financières, jouent-elles dans ce processus de diffusion ? Si, à l’échelle internationale, nous relevons une certaine homogénéité au niveau des valeurs, des principes et des discours de légitimation des systèmes de gouvernance en émergence, la diversité des modes d’organisation et de fonctionnement des organisations publiques ne fait aucun doute. Notre analyse révèle que la tendance à l’isomorphisme des systèmes de gouvernance sur un plan institutionnel s’accompagne d’une tendance à l’hétéromorphisme sur le plan des pratiques organisationnelles.
EN :
Since the beginning of the 1980s, administrative reforms of democratic states have been largely influenced by managerialism or, in other words, new public management. Yet, few empirical studies have been devoted to the rise, and the proliferation of these new modes of governance. If the reforms enacted in the United Kingdom, New Zealand, the United States, and to a lesser extent Canada, have influenced many other democracies, it could hardly have been achieved without the continuous support of influential international organisations, such as the Organisation for Economic Cooperation and Development (OECD). How exactly were these new modes of governance being promoted from one country to another? What specifically was the role played by financial and non financial International Organisations in the promotion of these new modes of governance? Though there is a strong international homogeneity in terms of values, principals, and discourses used to promote these (then) emerging patterns of governance, diversity of organizational settings has never been doubted by academics and practitioners. The following paper suggests that the institutional isomorphism of the new modes of governance stands in sharp contrast to the heteromorphism of organisational practices, resources and constraints.
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Gouvernance linguistique et démocratie : la participation des minorités de langue officielle à la vie publique au Canada
Linda Cardinal
RésuméFR :
Le thème de la participation des minorités nationales et linguistiques à la vie démocratique et à la prise de décision remonte aux années 1990. En Europe, celui-ci survient à la suite de l’éclatement du bloc soviétique. La question du respect des droits de la personne et des minorités dans les nouvelles démocraties interpelle les pouvoirs publics, notamment l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui crée, en 1992, le poste de Haut Commissaire de l’OSCE pour les minorités nationales. En 1999, les Recommandations de Lund sur la participation effective des minorités nationales à la vie publique ont constitué une autre réponse à ce défi. Au Canada, le thème de la participation des minorités est particulièrement important dans le domaine des langues officielles et des rapports entre anglophones et francophones. Ce texte propose un premier cadre conceptuel afin d’évaluer la qualité de cette participation. Il conclut que celle-ci manque d’une certaine clarté opératoire et propose un certain nombre de recommandations afin d’y remédier.
EN :
As a field of study, the participation of national and linguistic minorities in public life and decision making goes back to the 1990s. In Europe, it really began following the fall of the former Soviet block. The issue of human rights and minority rights in the new eastern democracies is of growing concern for public organizations, most notably the Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), which created, in 1992, the position of ‘High commissioner for national minorities’. In 1999, the recommendations of the Lund report also offered a direct response to this growing challenge. In Canada, the participation of minorities is especially important in respect to official languages, as well as to relations between Anglophones and Francophones. This paper offers a conceptual framework to analyse the nature, and the quality of this participation. Simply stated, it concludes that this participation suffers from a systemic operational ambiguity, and suggests a number of recommendations to better this situation.