Résumés
Résumé
L’anthropologue Marius Barbeau (1883-1969) souhaitait que le Québec de son temps fonde sa pratique artistique sur la survivance d’une culture populaire authentiquement nationale mais secrètement enracinée que l’enquête ethnologique serait susceptible de dévoiler. Il est par conséquent utile d’interroger les sources intellectuelles qui irriguaient le nationalisme de Barbeau. Elles s’avèrent hétérodoxes dans un Québec lettré dominé par la néolatinité maurrassienne. Inscrivant en particulier sa pensée dans la filiation d’une branche de la philologie française inspirée par le travail de Gaston Paris, Barbeau soutenait en effet l’idée selon laquelle la culture populaire québécoise était dans son essence nordique, et plus précisément germanique – une théorie difficile à publiciser dans le contexte des guerres mondiales qui opposèrent notamment le Canada à l’Allemagne.
Abstract
The anthropologist Marius Barbeau (1883-1969) hoped that artistic practice in the Quebec of his day would be based on the survival of a popular culture, one that was authentically national but secretly rooted, and one that ethnological study would be capable of uncovering. As a result, it is interesting to study the intellectual influences that fed Barbeau’s nationalism. They were, in fact, heterodox, in the context of a Quebec intellectual scene dominated by a Maurassian neo-Latinity. In particular, drawing on a branch of French philology inspired by the work of Gaston Paris, Barbeau defended the idea that Quebec popular culture was essentially Nordic and, more specifically, Germanic : a theory that was difficult to promote in the context of world wars that notably pitted Canada against Germany.