Recensions

Jean-Pierre Augustin (dir.), Villes québécoises et renouvellement urbain depuis la Révolution tranquille, Pessac, Maison des Sciences de l’homme d’Aquitaine, 2010[Notice]

  • Gérard Beaudet

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  • Gérard Beaudet
    Université de Montréal

Ce collectif réunissant 24 auteurs québécois et bordelais fait écho à un colloque tenu en juin 2008 à l’initiative de l’Association française d’études canadiennes et s’inscrit dans le sillage des réflexions menées depuis une quinzaine d’années au Centre d’études canadiennes interuniversitaires de Bordeaux de la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine. Trois autres volumes, parus respectivement en 1998, 2000 et 2008, avaient traité des lieux culturels, des sites publics et de l’urbanité. Il y est question, dans une première partie intitulée « Laboratoire économique et gouvernance urbaine », de la spécificité d’un modèle de gouvernance montréalais (Juan-Luis Klein et Diane-Gabrielle Tremblay), du rapport entre les échelles métropolitaines et locales du développement (Luc Dancase et Richard Morin), des rôles des marchés publics montréalais (Nathalie Lemarchand), ainsi que de la Révolution tranquille municipale québécoise, en comparaison avec le système français (François Hulbert). Un dernier texte rend hommage au géographe Claude Manzagol, décédé peu avant la tenue du colloque, en rappelant sa contribution à la connaissance de la dynamique industrielle (Gilles Sénécal). La deuxième partie, intitulée « Cosmopolitisme et laboratoire culturel », comporte également cinq contributions. On y aborde les lieux publics comme laboratoire de ce cosmopolitisme (Annick Germain et Laurence Liégeois), les identités plurielles montréalaises (Stéphanie Cardoso et Éric Rhéaume), la judiciarisation de l’itinérance (Djemila Zeneidi), la culture dans une perspective de développement intégré (Diane Saint-Pierre, Geneviève Béliveau-Paquin et Geneviève Dubois) et la fabrication politique de l’image d’une métropole, en l’occurrence Québec (Richard Desnoilles). La troisième partie traite d’urbanisme et d’aménagement du territoire. On s’y intéresse à la cité-jardin québécoise (Barbara Julien) et à la question patrimoniale en lien avec l’urbanisme (Mathieu Payette-Hamelin). On y propose finalement un bilan de trente ans d’aménagement du territoire (Martin Simard et Guy Mercier) et un retour sur le modèle québécois d’aménagement du territoire (Nicolas Douay, Paul Lewis et Marie-Odile Trépanier). Sans que la qualité et la pertinence des diverses contributions n’en soient la cause, il faut bien admettre que ce livre a le défaut de la plupart des collectifs. Il confronte en effet le lecteur à une grande diversité de thèmes et de propos dont il est difficile de trouver le fil conducteur. Certes, le titre de l’ouvrage en suggère un en situant les réflexions dans une temporalité dont une des bornes est la Révolution tranquille. Celle-ci est toutefois davantage évoquée que réellement convoquée par la plupart des auteurs, comme s’il suffisait d’y faire référence pour que tout soit dit. Or des travaux récents, dont ceux d’Yvan Lamonde sur les années 1930, laissent entrevoir un retour critique des plus salutaires sur cette période dont on a semble-t-il affirmé avec un peu trop d’assurance qu’elle avait vu naître le Québec moderne. De ce strict point de vue, la contribution de Daniel Latouche produite en épilogue est, à mon avis, une des plus intéressantes. Ce dernier ne se contente en effet pas de faire référence aux différents textes de l’ouvrage pour boucler le parcours. Il en fait plutôt le tremplin d’une réflexion critique sur la Révolution tranquille et son rapport à la ville et à l’urbain, et en particulier sur le sort qu’elle a réservé à la métropole. Il réussit en cela à donner un deuxième sens à plusieurs contributions. Dans son texte de présentation, Jean-Pierre Augustin met brièvement en situation le Québec urbain d’après la Révolution tranquille, mais il déborde rapidement la thématique de l’ouvrage pour réfléchir à l’existence possible d’une « École de Montréal ». La montréalité dont font état plusieurs contributions du collectif lui semble en effet autoriser l’hypothèse d’une école qui succéderait en quelque sorte aux Écoles de Chicago, de Los Angeles et …