Résumés
Résumé
Cet article montre que si la fiction québécoise réussit à franchir les frontières linguistiques et culturelles et à se créer un espace de réception dans les champs littéraires espagnol et catalan – et ce malgré les nombreux obstacles à la diffusion d’une littérature minoritaire – c’est grâce à l’action d’acteurs institutionnels associés au gouvernement fédéral canadien et au gouvernement provincial québécois. Un tel investissement est motivé par le fait que la traduction littéraire est considérée comme un outil au service de la diplomatie culturelle qui sert à construire une « image de marque » positive du Canada et du Québec à l’étranger, une image qui les rendrait compétitifs sur la scène internationale. Or, une fois hors de la portée des réseaux institutionnels, les textes sélectionnés pour être traduits entrent dans les réseaux des espaces cibles où ils se voient recontextualisés. Dans ce nouveau contexte, ils ne pourront pas échapper à leur resémantisation axio-idéologique par les agents issus des champs cibles, une resémantisation qui peut d’ailleurs être loin des représentations du Canada ou du Québec voulues par les acteurs institutionnels qui avaient encouragé le transfert littéraire. Ainsi, cet article dégage la portée, mais également les limites de l’action de ces acteurs institutionnels, ainsi que les rapports ambivalents qui s’établissent entre eux et les agents appartenant au champ littéraire, notamment les éditeurs québécois, mais aussi les éditeurs espagnols et catalans, qui ont le dernier mot en ce qui concerne la sélection des oeuvres à traduire.
Abstract
This article demonstrates that Quebec fiction has managed to cross linguistic and cultural borders and create its own space in the Spanish and Catalan literary fields despite the many dissemination obstacles minority literatures face. This is due to actions taken by institutional actors “affiliated” with the Canadian federal government and the Quebec provincial government. Such investments are motivated by the fact that translated literature is considered a cultural diplomacy tool that can be used to build abroad a positive brand image for Canada and for Quebec – one that will make them internationally competitive. However, once the texts chosen for translation leave the institutional networks, they enter target-space networks, where they are recontextualized. In this new context, they will inevitably be axio-ideologically resemantized by agents from the target fields, and Canada or Quebec will therefore be represented in ways that may be vastly different than originally desired by the institutional actors who encouraged the literary transfer. Thus, this article illustrates not only what actions the institutional actors can take, but also the limits of these actions. Further, it highlights the ambivalent relationships established between these institutional actors and the agents who belong to the literary field : Quebec publishers, as well as Spanish and Catalan publishers, who have the last word on which works are selected for translation.
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Parties annexes
Note biographique
María Sierra Córdoba Serrano détient un doctorat en traductologie (Université d’Ottawa). Sa thèse, Cartographie sociotraductionnelle des transferts littéraires Québec-Espagne (1975-2004), portait sur la fiction québécoise traduite en Espagne (en espagnol et en catalan) entre 1975 et 2004. Elle s’intéresse aux approches sociologiques en traductologie et tout particulièrement à l’application du modèle bourdieusien ainsi qu’à l’étude des réseaux appliquée au phénomène traductif. Elle a publié plusieurs articles à cet égard dans META, TTR, Quaderns, MonTI, et dans des ouvrages collectifs.