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Sous la direction de France Gravelle, de Nathalie Frigon et de Julie Monette, cet ouvrage vise à mettre en lumière les pratiques professionnelles de différents acteurs, issus du milieu de l’éducation, qui ont favorisé la transformation numérique d’établissements d’enseignement québécois. Pour ce faire, près de vingt auteurs ont contribué à la rédaction du collectif en abordant, par une diversité de points de vue, de quelle manière le numérique a contribué à faire évoluer leur quotidien en tant que professionnels de l’éducation. Les propos mis de l’avant par les auteurs s’appuient à la fois sur des connaissances issues de la recherche ainsi que sur des récits d’expérience professionnelle.
Présentation
Ce collectif propose neuf chapitres distincts qui abordent la transformation de l’éducation au Québec par le biais du numérique. Ces chapitres sont répartis en trois parties distinctes. À l’intérieur de la première partie, deux chapitres contribuent à approfondir les stratégies de gestion du personnel de direction qui découlent de l’implication du numérique dans le milieu scolaire. En présentant les résultats issus d’une recherche descriptive interprétative, le premier chapitre aborde la thématique de la gouvernance et le développement du leadership pédagonumérique. Pour sa part, le deuxième relate une expérience de leadership partagé en contexte de formation générale aux adultes.
Ensuite, la deuxième partie de l’ouvrage, composée de quatre chapitres, traite des stratégies pédagonumériques du personnel scolaire interordre. Le troisième chapitre du collectif présente le récit d’expérience d’une enseignante qui a choisi d’intégrer le numérique dans son quotidien. Le quatrième chapitre aborde pour sa part le soutien du développement de l’autodétermination des étudiants adultes, présentant des besoins diversifiés, qui intègrent une classe numérique. Ensuite, les deux chapitres suivants exposent respectivement la manière dont le numérique contribue à la mise en oeuvre du modèle de réponse à l’intervention au secondaire en contexte d’immigration ainsi qu’une analyse de l’utilisation du numérique en enseignement primaire et secondaire pour constituer des réseaux d’échange et de formation continue. Les propos des auteurs du dernier chapitre de cette deuxième partie de l’ouvrage s’appuient sur les résultats d’une recherche mixte réalisée auprès de plus de 2300 répondants.
Finalement, la troisième partie du collectif, qui est composée de trois chapitres distincts, porte sur les stratégies d’implantation du numérique en contexte d’enseignement supérieur. Le septième chapitre de l’ouvrage présente, en trois phases distinctes, de quelle manière la création et l’implantation des cours à distance ont été réalisées dans les programmes de petite enfance de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Pour sa part, le huitième chapitre est consacré aux usages pédagogiques du numérique et des outils informatiques en documentant de quelle manière le processus de transition et de transformation s’est produit au sein de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM. Enfin, le neuvième chapitre présente le potentiel éducatif du numérique en matière de diffusion, de développement de contenus pédagogiques et de soutien aux apprentissages découlant de la transformation des pratiques pédagogiques universitaires.
Forces et faiblesses de l’ouvrage
D’entrée de jeu, je tiens à mentionner que le collectif dirigé par Gravelle, Frigon et Monette (2021) contribue, à mon sens, à documenter un phénomène d’importance qui a lieu au sein des institutions québécoises d’enseignement et qui a des répercussions non négligeables sur les pratiques professionnelles des acteurs de l’éducation. En effet, non seulement la transformation numérique de l’établissement d’enseignement modifie l’acte d’enseigner et les compétences professionnelles qui s’y rapportent, mais elle exerce aussi une influence sur la collaboration interprofessionnelle, les pratiques de gestionnaires, l’implantation de programmes de formations initiale et continue et j’en passe.
Afin de documenter le phénomène de transformation numérique de l’établissement d’enseignement, les directrices du collectif ont su rallier une variété d’auteurs aux profils diversifiés. Cela se traduit notamment par le fait que des chercheurs, tout comme des praticiens issus du milieu de l’éducation, ont contribué à la rédaction des différents chapitres. Ainsi, en s’appropriant le contenu de l’ouvrage, je suis convaincu que le lecteur trouvera son compte. En effet, en fonction de ses besoins et de ses intérêts spécifiques, celui-ci aura accès à des chapitres qui s’appuient sur des résultats issus de la recherche pour approfondir une thématique en lien avec la transformation numérique de l’établissement d’enseignement. Cependant, à d’autres reprises, le propos des auteurs repose sur des données, caractérisées « d’éclairantes », issues des pratiques professionnelles des acteurs de l’éducation. À ce sujet, je tiens à mentionner que mon chapitre « coup de coeur » a été élaboré par Mme Céline Boucher. Cette autrice a su présenter, de manière détaillée et authentique, son récit d’expérience en tant qu’enseignante qui a choisi d’intégrer le numérique dans son quotidien.
Par ailleurs, à titre de lecteur externe, il y a quelques détails que j’ai relevés qui auraient permis de bonifier la qualité de l’ouvrage. Dans un premier temps, dès la lecture des premiers chapitres, j’ai perçu une redondance dans les propos des auteurs qui introduisaient leurs textes en s’appuyant sur le contexte de la pandémie de COVID-19. Afin d’éviter les répétitions au fil des chapitres, il aurait été possible d’élaborer un seul chapitre détaillant la transformation numérique de l’établissement d’enseignement découlant de la pandémie. Les différents auteurs auraient pu s’appuyer sur ce texte afin d’élaborer leurs propos. À ce sujet, il importe de mentionner que le lecteur externe, qui démontre un intérêt pour un seul chapitre du collectif, ne relèvera aucune répétition.
De plus, à mon sens, une force de l’ouvrage découle de la rigueur à partir de laquelle la transformation numérique de l’institution universitaire est détaillée. Le propos s’appuie essentiellement sur les écrits d’auteurs issus de l’UQAM. Toutefois, afin de mettre de l’avant un regard approfondi des transformations qui se produisent au sein des institutions universitaires québécoises, il aurait été pertinent de donner une voix aux acteurs issus d’une institution universitaire en périphérie des grands centres (UQTR, UQO, UQAC, UQAT ou UQAR).