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Les outils d’écriture numériques : quels enjeux pour les scripteurs débutants[Notice]

  • Marjorie Cuerrier et
  • Isabelle Montésinos-Gelet

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  • Marjorie Cuerrier
    Université de Montréal (Canada)

  • Isabelle Montésinos-Gelet
    Université de Montréal (Canada)

Le recours aux technologies numériques à des fins d’enseignement et d’apprentissage constitue un objet d’étude privilégié, en particulier au cours des dernières années (Gaudreau et Lemieux, 2020; Grégoire, 2021; Lassault et Ziegler, 2018; Romero et al., 2017). En outre, les outils numériques occupent une place grandissante dans les salles de classe québécoises, et ce, dès le plus jeune âge. Au primaire, puisque l’apprentissage de l’écriture fait directement partie des objectifs prioritaires de l’école (Simard et al., 2019), une part non négligeable du temps en classe est consacrée à des activités de ce type, dont certaines sont susceptibles de mobiliser des outils d’écriture numériques. Du technophobe au technophile, il semble exister tout un spectre d’enseignants qui désirent miser sur les potentialités du numérique, mais qui identifient aussi certaines limites (Aparicio et al., 2019). Il importe en effet de nuancer l’opinion selon laquelle le numérique représente forcément une plus-value, car un outil mal conçu, numérique ou non, n’aura pas les effets escomptés. Les enseignants se doivent alors d’être critiques quant aux outils qu’ils mobilisent. Cette chronique s’inscrit dans cette lignée et présente quelques enjeux à considérer lors de la sélection d’un outil d’écriture numérique au primaire auprès de scripteurs débutants. Notre propos s’articule autour des capacités cognitives, attentionnelles et motrices de ceux-ci ainsi que la nécessité de miser sur un contexte écologique de production. Chez l’adulte ou tout autre scripteur compétent, la transcription, un sous-processus de l’écriture qui réfère entre autres aux composantes graphomotrices et orthographiques, est généralement une tâche automatisée et inconsciente (Willingham, 1998). Dans un tel cas, peu de ressources cognitives et attentionnelles sont nécessaires. Cela est néanmoins plus difficile pour les scripteurs débutants, car cette tâche n’est pas automatisée : cela leur demande alors une attention soutenue et consciente (Graham et al., 2008; Just et al., 1996). Ces limites s’expliquent en partie par l’âge des scripteurs, car la maturation du cerveau dépend de l’âge, de la cognition et de l’attention qui sont fortement liés (Barrouillet, 1996). Cela étant dit, l’outil d’écriture numérique mobilisé doit être simple d’utilisation, puisqu’il ne doit pas constituer une contrainte supplémentaire pour le scripteur et accaparer davantage de ressources cognitives et attentionnelles, qui elles, sont limitées. Il importe alors de départager de façon sommaire les outils d’écriture numériques afin d’identifier ceux qui correspondent le mieux aux caractéristiques et aux besoins de ce type de scripteur. Déjà, certains outils misent sur des modalités d’écriture différentes, entre autres l’écriture dactylographique ainsi que l’écriture manuscrite, et mobilisent une variété de supports et d’outils de transcription (Alamargot et Morin, 2015). D’une part, plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’écriture dactylographique et à l’utilisation du clavier auprès de scripteurs débutants. Les conclusions de ces derniers suggèrent que la gestion de cet outil de transcription et le va-et-vient entre celui-ci et l’écran lors de l’écriture mobilisent une importante part de l’énergie mentale disponible et de l’attention (Neumann, 2018) . Cela s’explique en partie par une maitrise lacunaire du clavier, en l’occurrence la localisation spatiale des touches préformées, qui est plus marquée chez les apprenants en bas âge. Peake, Diaz et Artiles (2017) soulignent également que ce faible niveau de maitrise du clavier est susceptible d’entrainer une diminution de la vitesse d’exécution et une augmentation des erreurs orthographiques commises, tant cette activité est exigeante. Ainsi, le recours à cette modalité d’écriture et à ce type d’outil de transcription semble peu adapté pour un scripteur débutant. D’autre part, plusieurs recherches se sont intéressées à l’écriture manuscrite et suggèrent que la mémorisation serait facilitée dans ce contexte de production, notamment par la réalisation du geste moteur impliqué lors du tracé (Longcamp et al., 2005). …

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