ChroniquesIntervention éducative

L’atelier dialogique au secondaire : récit d’une expérimentation[Notice]

  • Jean-Simon Desrochers,
  • Normand Roy et
  • Geneviève Carpentier

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  • Jean-Simon Desrochers
    Université de Montréal (Canada)

  • Normand Roy
    Université de Montréal (Canada)

  • Geneviève Carpentier
    Université de Montréal (Canada)

La réforme de 2001 avance que la posture magistrocentrée doit céder le pas à une posture pédagocentrée, en cohérence avec les écrits qui mettent en évidence l’importance de l’engagement des élèves dans leurs apprentissages (Christenson et al., 2012). Dans des matières comme le français ou les arts, par exemple, il apparaît essentiel que l’élève soit porteur de discours et de récits afin qu’il puisse démontrer son savoir-faire tout en étant l’acteur de ses apprentissages. À cet effet, la création littéraire, artistique et médiatique englobe des compétences ouvertes au développement, mais qui doivent être à l’image de celles propres aux écrivain·es ainsi qu’aux artistes. Cette réflexion s’inscrit dans un projet de développement de partenariat de recherche-création où se côtoient littérature, arts médiatiques et littératie numérique, avec l’intention d’amener des élèves du secondaire à produire des récits de soi immersifs. Valoriser la créativité est plus facile à énoncer qu’à réaliser en contexte pédagogique. Les processus créatifs, présents dans le programme de français, se retrouvent dans les grandes généralités, mais demeurent subordonnés aux savoirs grammaticaux, orthographiques et stylistiques. Nous proposons ici une réflexion sur la mise en place d’ateliers dialogiques, tels que pratiqués dans les cours de création littéraire universitaires, comme moyen de stimuler la créativité d’élèves du secondaire. Nous nous basons sur notre expérience menée avec quatre groupes d’élèves de la région du Grand Montréal, issus de différents milieux et contextes et huit accompagnateurs.trices, étudiants.es aux cycles supérieurs en recherche-création littéraire. Développés à l’ère moderne, les writing workshops ont essaimé dans les universités états-uniennes au cours du XXe siècle avec la propagation des programmes de creative writing (McGurl, 2009). Au Québec, les premiers ateliers de création littéraire apparaissent au cours des années 1970. Aujourd’hui bien installés, les programmes de création littéraire accueillent la diversité des discours propres aux pratiques d’écriture actuelles comme celles à venir. À l’université, l’atelier dialogique priorise le développement de la créativité sur l’acquisition de compétences explicitement quantifiables. Parce que la littérature est et doit rester multiple, l’atelier dialogique est conçu pour accueillir et développer cette multiplicité au sein d’une communauté restreinte, liée par l’exercice de la pensée critique (Woodard, 2015). Si l’auteur·trice désire inscrire ses textes dans le monde, l’atelier représente un échantillon où mettre son travail à l’épreuve de regards liés par des visées correspondantes. Le défi d’opter pour une approche dialogique, donc ouverte, consiste à proposer une voie parallèle à la dialectique. Dans l’atelier, la notion de vérité se présente comme étant plurielle et relative à celleux qui les énoncent. Si offrir cet espace d’apprentissage dans un contexte universitaire demande des ajustements relatifs aux habitudes dialectiques développées par les étudiant·es, créer un espace dialogique dans une classe d’école secondaire pose des défis autrement plus significatifs. Dès le départ, il fallait reconnaître que les étudiant·es choisissent d’étudier la création, contrairement aux élèves intégrés dans des parcours balisés. Le choix de tenir les ateliers dans des cours d’arts et non de français cherchait à atténuer la contrainte du choix, afin de travailler dans un contexte dans lequel les élèves sont habitué·es à des situations où la créativité était valorisée. Dans ce projet d’art médiatique où l’écriture et la parole prenaient une place prépondérante de la conception à l’exécution, l’un des obstacles à surmonter a été d’éliminer le rapport normatif à la langue qu’impose l’école actuelle. De matière exigeante aux règles arbitraires, la langue devenait un matériau à travailler, sans contraintes structurantes, à la manière d’une argile prête à être façonnée. Aux élèves habitués à la rédaction de texte, nous leur demandions d’écrire. La dynamique d’un atelier dialogique étant plus efficace avec de petits groupes, les …

Parties annexes