ChroniquesMilieu scolaire

Quand le cours est fini, la porte demeure ouverte[Notice]

  • Marie-Hélène Giguère et
  • Audrey Leblanc

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  • Marie-Hélène Giguère
    Université du Québec à Montréal (Canada)

  • Audrey Leblanc
    Université du Québec à Montréal (Canada)

La collaboration entre les milieux scolaires et universitaires prend parfois des formes inattendues. Celle dont il sera question dans cette chronique est issue des suites d’un séminaire à la maîtrise en orthopédagogie. Selon le Référentiel des compétences professionnelles liées à l’exercice de l’orthopédagogue au Québec (ADOQ, 2018), l’orthopédagogue doit non seulement intervenir directement auprès des élèves en difficulté, mais également collaborer et coopérer avec les membres de l’équipe-école à l’établissement et au maintien de pratiques éducatives, pédagogiques, didactiques soutenant la réussite pour tous. Il est ainsi amené à « identifier et instaurer des modalités et des conditions favorables à la réussite de qualité des apprenants » (p. 27). Sur la base de ce rôle d’accompagnement et de soutien, l’orthopédagogue dont il est question dans cette chronique a puisé dans les savoirs acquis lors d’un séminaire universitaire pour proposer à son équipe-école une nouvelle approche pour enseigner la grammaire : l’apprentissage de l’abstraction. Après avoir observé des lacunes importantes dans les savoirs grammaticaux des élèves de son école, dont la syntaxe, la ponctuation et l’orthographe grammaticale, elle s’est questionnée sur l’avantage de proposer de nouvelles approches à ses collègues. L’apprentissage de l’abstraction (Barth, 2004) consiste à exploiter des exemples positifs et négatifs pour amener les élèves à dégager les caractéristiques essentielles d’un concept (ici, les classes de mots). Selon Barth (2015), un concept représente beaucoup plus qu’un mot pour désigner une réalité abstraite. Pour comprendre ce qu’est un concept, il faut en faire l’expérience singulière et contextualisée. Ainsi, un concept est à la fois un mot qui le désigne, des attributs qui l’identifient et une pluralité de cas auxquels les attributs s’appliquent. Au cours du séminaire, deux activités ont été expérimentées par les étudiantes, les plaçant en posture d’apprenant. La professeure a animé l’activité proposée par Barth (2015) à partir des toiles impressionnistes, puis une autre pour dégager les caractéristiques d’une fonction syntaxique, soit l’attribut du complément direct. Des exemples de corpus pour les élèves ont également été présentés. À la suite de ces expériences et des échanges en séminaire, l’orthopédagogue a choisi de s’engager dans cette voie avec son équipe-école. L’orthopédagogue avait établi avec les enseignants de son école une solide et étroite collaboration au fil des années. Il était important pour elle, dès son arrivée dans cette école primaire, de sortir du cadre habituel de l’intervention orthopédagogique en dénombrement flottant et de travailler avec les enseignants pour actualiser les pratiques et offrir un service efficace ayant des retombées sur le plus grand nombre d’élèves possibles. Adepte du coenseignement, elle allait donc régulièrement dans les classes pour mettre en place de nouvelles approches pédagogiques avec les enseignants, ce qui a permis de créer un véritable climat de confiance et d’entraide au sein de l’équipe. Devant l’engouement généré par l’orthopédagogue de renouveler les pratiques enseignantes de l’équipe-école, la direction d’établissement avait aussi décidé de dégager des sommes afin que s’organisent des rencontres collaboratives animées par l’orthopédagogue. Lors de ces rencontres, cette dernière pouvait partager avec dix enseignants ses découvertes issues de ses lectures et de sa formation continue et entreprendre avec eux la planification de matériel ou d’une nouvelle séquence didactique reposant sur des pratiques efficaces reconnues par la recherche. Ces rencontres collaboratives, formelles et ayant lieu tous les deux mois, permettaient également de réguler les pratiques et de réfléchir en équipe à des solutions pouvant apaiser certaines craintes alimentées par un changement de pratique parfois radical. Ainsi, après avoir travaillé longuement à innover sur le plan des pratiques pédagogiques en lecture, l’équipe-école avait décidé de s’attaquer à l’enseignement de savoirs grammaticaux se prêtant très bien à l’apprentissage de l’abstraction. Si …

Parties annexes