Dossier

Introduction au dossierLa formation et la profession enseignante : perspectives comparatives en Europe, en Amérique et en Afrique[Notice]

  • Adriana Morales-Perlaza,
  • Melanie Buser et
  • Bernard Wentzel

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  • Adriana Morales-Perlaza
    Université de Montréal (Canada)

  • Melanie Buser
    HEP-BEJUNE & Université de Montréal (Canada)

  • Bernard Wentzel
    Université Laval (Canada)

Depuis une trentaine d’années, la formation des enseignants vit au rythme des réformes, rénovations ou autres changements dans différents contextes sociaux. Il est devenu courant de considérer que ces changements s’inscrivent dans un mouvement international de professionnalisation des métiers de l’enseignement amorcé depuis bien plus longtemps. Ce mouvement de convergence internationale visait l’évolution des métiers de l’enseignement pour renforcer leur attractivité, développer des structures et des processus de régulation internes aux groupes professionnels et surtout, d’un point de vue politique, pour relever les grands défis de nos systèmes éducatifs contemporains en positionnant les enseignants comme des acteurs clés du changement dans la mise en oeuvre de réformes éducatives. Dans les faits, la création d’ordres professionnels ne semble pas avoir été un phénomène marquant du mouvement international de professionnalisation. Les processus de régulation se sont développés de manière disparate à d’autres niveaux. La recherche scientifique, observant et analysant le mouvement de professionnalisation dans une perspective internationale, a pu mettre en évidence différents leviers de revalorisation de l’image sociale de la profession, de responsabilisation et d’autonomisation du groupe professionnel, ou encore de développement de processus de reddition de comptes. Il est indéniable que la formation des enseignants a constitué un des principaux leviers de la professionnalisation. À ce titre, elle peut être étudiée comme un phénomène de convergence et surtout de comparaison internationale. Elle continue d’ailleurs à faire l’objet d’un grand nombre de publications et communications scientifiques à travers le monde, y compris sous la forme d’analyses ou d’évaluations critiques. Cela ne suffit pas à poser les bases d’une approche comparée, tant les entrées peuvent être diversifiées. Le phénomène d’internationalisation de la professionnalisation de la formation implique des modèles et des cadres de référence, comme le suggèrent Tardif et Borges (2009) en présentant ce qu’ils nomment « ses dimensions les moins controversées ». Parmi ses dimensions figurent notamment l’intégration de la recherche et d’une base de connaissances spécifiques et nécessaires pour définir la profession, la référentialisation des compétences ou encore l’universitarisation des formations. Une approche comparée a pour projet d’aller au-delà de la convergence des réformes pour comprendre le phénomène mondial de la professionnalisation. Ce dernier peut être observé également, entre autres, dans des orientations politiques, des discours et des débats entre différents groupes sociaux concernés, et une rhétorique souvent impulsée dans des espaces et structures supranationaux. Les retraductions de cette rhétorique et même les effets du mouvement international de professionnalisation diffèrent selon les pays, les politiques, les institutions et les structures de formation. Malet (2008) met en évidence cette tension entre des problématiques communes et des tentatives d’ancrage dans des contextes locaux du processus de professionnalisation. Ainsi, ce numéro thématique a pour but général d’analyser et d’interpréter le mouvement de professionnalisation des métiers de l’enseignement dans une perspective internationale. Afin de coordonner et structurer le regard comparatif, cinq pistes de questionnements ont été formulées aux auteurs pour accompagner leurs réflexions : Ce cadrage a permis de composer un numéro thématique répondant à l’objectif d’une approche comparée avec sept contributions. La diversité des contextes étudiés, rarement mis en relation les uns avec les autres à travers un regard comparatif, constitue la première richesse de ce dossier thématique. Plusieurs articles proposent d’aborder en premier lieu la professionnalisation sous l’angle d’intentions puis d’impulsions politiques. S’il est un point commun traversant l’ensemble de ces contributions, il s’agit du constat d’une forme d’étirement dans la durée et peut-être même d’essoufflement du mouvement de professionnalisation malgré le large consensus et l’engouement qu’il a suscité au cours des dernières décennies. Plusieurs explications sont présentées, parmi lesquelles des champs de tension durables que l’action publique n’est pas en mesure …

Parties annexes