Tantôt fécondes (Webb, 1983), tantôt malsaines (Perrenoud, 1998), les interactions pédagogiques ne sont ni nécessaires pour apprendre ni suffisantes (Perrenoud, 1987). L’objet de cette chronique, travail de synthèse, est de proposer sept conseils pour promouvoir de saines interactions porteuses d’apprentissages. Commençons par le conseil le plus ambivalent. D’un côté, l’interaction n’est formatrice qu’en tant qu’elle participe à l’éducation ou aux apprentissages, c’est-à-dire quand elle pousse au partage de connaissances, à une construction commune, à la compétition, à la coordination de points de vue, à une coopération intellectuelle (Perrenoud, 1987). De l’autre, certaines activités débordent sainement des objectifs, parce que l’enseignant nourrit des intentions qui dépassent les comportements observables chez l’étudiant (Hameline, 1979). C’est que les objectifs, pour centraux qu’ils soient, ne mènent pas toujours aux effets escomptés. Ainsi, une activité interactive, en plus d’être alignée sur les objectifs et l’évaluation (Biggs, 1996), devrait éviter la seule acquisition d’informations ou la régurgitation des savoirs (Comeaux et al., 1998). La meilleure des activités ne fonctionnera pas si l’étudiant n’y adhère pas, soit parce qu’il n’en perçoit pas l’intérêt, soit parce qu’il ne perçoit aucune conviction chez l’enseignant. Prenons conscience du fait que « pour les étudiants, les priorités sont inversées par rapport à celles du professeur : l’examen est primordial et les cours sont accessoires » (Mazur, 2014, p.27). Est-ce à dire qu’un dialogue de sourds est inévitable ? Assurément non, à condition de respecter trois ingrédients : des attentes claires, des normes partagées et un climat positif. L’expression des attentes concerne les exigences, les critères de réussites, les délais. Être explicite réduit les résistances. Une activité ayant l’air facultative est rarement réalisée, alors que proposer des contraintes est foncièrement fécond (Korczak, 1920/2006 ; Houdé, 2017). Quant aux normes, souvent floues en enseignement à distance, elles doivent être réinventées (Mazur, 2014), alors qu’elles sont si claires pour un enfant de 10 ans qui sait exactement ce que l’on attend de lui. Faut-il allumer les caméras ? Dites-le. Quel niveau de langage est attendu dans les chats et forums ? Spécifiez-le. Faut-il lever la main pour prendre la parole ? Exprimez-le. Enfin, parce que l’interaction peut être source de dénigrement, d’exclusion, et d’autres effets néfastes (Perrenoud, 1998), il est crucial de créer un climat social positif. Par exemple, en nommant chacun par son nom ou en ouvrant les salles virtuelles un peu avant et après les horaires du cours. Les moments de sains échanges, sous la condition d’être exempts de jugement, stimuleront la motivation et protégeront de l’abandon. Parler de ces bienfaits est utile afin que bavards et introvertis trouvent place dans une authentique interaction didactique (Perrenoud, 1998). Le forum est un espace virtuel à coloniser, un « lieu où l’on débat et soulève des questions et problèmes », un espace pour « la confrontation de différents points de vue, arguments et significations » (Scherer, 2011, p. 237) qui posent aux enseignants la question de leur rôle. Jusqu’où devraient-ils aller ? Faut-il laisser-faire, modérer, participer ? La réponse ne saurait être tranchée. Pensons aux « oppositions entre la contrainte et la liberté, l’effort et l’intérêt, […] la culture générale et la spécialisation » (Reboul, 1989, p.13). Aucune de ces oppositions ne peut être surmontée par le triomphe de l’un des termes. Disons qu’au minimum, l’enseignant prépare l’espace « forum » en fonction de ses intentions, clarifie ses attentes et exploite quelques contributions (Verenikina, Jones et Delahunty, 2017). Quant au maximum, il n’existe pas, car l’enseignant n’a jamais fini d’améliorer son enseignement (Meirieu, 2014) : animer, répondre, modérer, relancer, questionner, comptabiliser des points en vue d’une évaluation finale… Pour évaluer, Mazur (2014) a proposé …
Parties annexes
Bibliographie
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