En Suisse romande, à l’école primaire et secondaire, les élèves sont amenés à apprendre les langues étrangères, dont l’allemand. La question de leur autonomie en tant qu’apprenants de langues, et du développement langagier tout au long de la vie, s’avère un enjeu important. Selon Cuq (2003), l’autonomie se décline en autonomie langagière et d’apprentissage. De nombreux travaux s’intéressent à cette dernière (Benson, 2001; Holec, 1979; Jiménez Raya, Lamb et Vieira, 2017; Little, Dam et Legenhausen, 2017; Martina, 2005). La notion reste polysémique englobant l’autoformation, l’autodidaxie, l’autodirection (cf. Candas, 2009). Ciekanski (2019) par exemple, utilise le terme autonomisation qui fait référence à « l’ensemble des conditions créées par l’enseignant pour soutenir le développement de l’autonomie des apprenants » (p. 3). Ce processus implique les démarches d’accompagnement résultant en un investissement plus personnel des élèves. Dans le contexte scolaire, cette autonomisation présuppose la prise en compte de l’aspect âge des élèves et de l’acquisition des savoirs sur l’apprentissage. Dans ce cadre se pose la question des manuels. Quel rôle jouent-ils? Quelles activités permettent un apprentissage personnalisé, individualisé, auto-organisé, autodirigé, autorégulé? Comment ce développement vers l’autonomie se traduit-il dans les manuels? Le présent article analyse cette question dans la discipline allemand au primaire. Dans une perspective didactique, nous interrogeons les possibilités qu’offrent Der Grüne Max (2014, 2015) et Junior (2016, 2017). Nous observons les activités, et à partir de là, répertorions les formes du développement de l’autonomie, montrant les continuités au fil des manuels et abordant plus généralement les enjeux de l’éducation. Le travail de compréhension commence par des consignes simples (parlez, écoutez, lisez…), complétées par des pictogrammes accompagnant chaque activité et permettant aux élèves une entrée facile dans les activités langagières. Les manuels encouragent l’usage des stratégies de compréhension, applicables à des textes oraux et/ou écrits. Les élèves observent les textes et récoltent des informations les aidant à les comprendre. Ils s’appuient sur leurs connaissances générales du thème et réactivent leurs acquis existants. Les indices verbaux et non verbaux sont recherchés et utilisés dans ce sens. Lors des lectures ou écoutes ultérieures, le repérage de mots connus, un peu connus ou de mots internationaux (dont il est possible de déduire le sens) valorise ce qu’ils savent déjà. Le repérage d’informations, sous forme de consignes, va de la compréhension globale, puis plus ciblée, à la compréhension détaillée, soit dans une approche toujours plus autonome du traitement des textes. L’apprentissage du vocabulaire se fait par des associations, les élèves s’imaginant une action, activité, image, émotion... Ils font appel à leurs représentations. Apprendre le lexique signifie mémoriser les mots avec leurs images et réactiver ces dernières dans la mémoire. La gestuelle et les mimes aident aussi, les élèves apprenant les chiffres en bougeant ou comptant sur les doigts. Le vocabulaire est appris en l’utilisant dans une phrase, dans un contexte particulier. Les élèves mémorisent les contraires, les combinaisons de mots (noms, verbes) ou de courts textes. Ils complètent des tableaux rassemblant les mots connus liés à un thème particulier. Les associations des mots à un terme plus générique sont aussi possibles. Le travail avec les mots composés permet d’identifier leurs composantes, de reconnaître les parties et de déduire leur sens. Pendant les activités, les élèves s’appuient sur les glossaires, proposant des mots et des expressions triés selon l’ordre d’apparition des exercices et leurs équivalents en français, ce qui permet un repérage rapide. Dans les degrés 7P-8P, la recherche du sens est facilitée par un lexique rencontré pendant leur scolarité (année en cours et années précédentes). Le travail complémentaire sur le fonctionnement de la langue (grammaire, prononciation…) est proposé en vue d’une observation, réflexion …
Parties annexes
Bibliographie
- Benson, P. (2001). Teaching and researching: Autonomie in language learning. Harlow : Longman.
- Candas, P. (2009). Analyse de pratiques d’étudiants dans un centre de ressources de langues : indicateurs d’autonomie dans l’apprentissage (Thèse de doctorat, Université de Strasbourg). Repéré à https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00943151/document
- Ciekanski, M. (2019, mars). Comment l’enseignant peut-il guider les élèves vers l’autonomie? Communication présentée à la conférence de consensus, langues vivantes étrangères, Lyon. Repéré à http://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2019/04/CCLV_CIEKANSKI_MEF-v2.pdf
- Cuq, J.-P. (2003). Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde. Paris : CLE International.
- Endt, E., Koenig, M., Krulak-Kempinsky, K., Pistorius, H. et Ritz-Udry, N. (2017). Junior. Deutsch für die Romandie. 8. Klasse. München : Klett-Langenscheidt.
- Endt, E., Koenig, M., Ritz-Udry, N. et Pistorius, H. (2016). Junior. Deutsch für die Romandie. 7. Klasse. München : Klett-Langenscheidt.
- Endt, E., Schiffer, A.-K., Koenig, M., Ritz-Udry, N., Brohy, C., Marti, L. et Pistorius, H. (2015). Der grüne Max. Deutsch für die Romandie. 6. Klasse. München : Klett-Langenscheidt.
- Endt, E., Schiffer, A.-K., König, M., Ritz-Udry, N., Brohy, C., Marti, L. et Pistorius, H. (2014). Der grüne Max. Deutsch für die Romandie. 5.Klasse. München : Klett-Langenscheidt.
- Holec, H. (1979). Autonomie et apprentissage des langues étrangères. Strasbourg : Conseil de l’Europe.
- Jiménez Raya, M., Lamb, T. et Vieira, F. (2017). Mapping autonomy in language education: A framework for learner and teacher development. Frankfurt am Main: Peter Lang. http://dx.doi.org/10.3726/b11095
- Little, D., Dam, L. et Legenhausen, L. (2017). Language learner autonomy: theory, practice and research. Bristol : Multilingual Matters.
- Martina, C. (2005). Autonomie en classe d’anglais : un défi. Paris : Belin.