Dossier

Introduction[Notice]

  • Janaína Nazzari Gomes,
  • Christophe Traisnel et
  • Haydée Silva Ochoa

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  • Janaína Nazzari Gomes
    Université fédérale du Rio Grande do Sul et Université d’Ottawa

  • Christophe Traisnel
    Université de Moncton

  • Haydée Silva Ochoa
    Université nationale autonome du Mexique

Composées de plus de 30 millions de francophones et de francophiles, les francophonies des Amériques se caractérisent par de multiples traits historiques, culturels et sociolinguistiques singuliers. Métis du Manitoba, Barcelonnettes au Mexique, Franco-Yukonnais, Acadiens, Cajuns de Louisiane, Franco-Américains du Vermont, expatriés belges de Toronto, résilience et diaspora haïtiennes, communautés créoles des Antilles et de Guyane, métropole de Montréal, nation québécoise, chercheurs et enseignants mais aussi tous publics francophones et francophiles de l’Amérique latine : tous ces peuples et ces communautés participent à la construction d’un ensemble « francophone » marqué par de profonds contrastes, mais aussi par de multiples points de rencontre. Il s’agit bien de groupes qui débordent largement les frontières des territoires canadien, québécois, antillais, guyanais, saint-pierrais, où le français bénéficie d’un statut officiel. Or, on peut se demander si cette « francophonie américaine » déclinée au pluriel existe en tant que telle et, si oui, sous quelle(s) forme(s). A priori, dans les Amériques, les francophonies sont tout à la fois archipel, millefeuille et mosaïque. Des francophonies archipels car, à l’échelle de ce vaste continent, on trouve des communautés numériquement fortes, comme le Québec, avec ses près de 8 millions de locuteurs de français, mais aussi des communautés plus disparates, parfois à l’échelle d’une petite ville ou même d’un village, comme certaines communautés rurales ou semi-rurales en Ontario ou dans l’Ouest canadien ou encore San Rafael, au Mexique, et Pelotas, au Brésil. Des francophonies millefeuilles, allant de l’hyperlocal au plus global, puisqu’il est possible de parler de francophonie nord-américaine, de francophonie acadienne, de francophonie néo-brunswickoise, de francophonie cajun, de francophonie du Madawaska, de francophonie latino-américaine, de francophonie antillaise ou encore de francophonie mexicaine ou de francophonie du quartier Vanier d’Ottawa. Chacune d’entre elles connaît des enjeux sociolinguistiques qui lui sont propres et qui vont contribuer à en définir la singularité. Des francophonies mosaïques et plurisectorielles, aux enjeux bien différents, également. Ces enjeux sont surtout culturels, artistiques et sociolinguistiques pour les francophonies en Amérique latine; ils concernent le respect du droit des minorités linguistiques pour les francophonies canadiennes de l’Ouest; ils portent une attention particulière aux questions du renouvellement de la Loi sur les langues officielles au Nouveau-Brunswick; ils sont identitaires et posent directement la question de la reconnaissance pour la nation acadienne, ou même de la souveraineté pour la nation québécoise… Et cela sans compter les secteurs économiques, diplomatiques, le domaine de l’immigration et des mobilités : autant de lieux ou de milieux eux aussi concernés par les enjeux sociolinguistiques, dans lesquels la francophonie porte parfois une parole « à part », « en marge », convergente ou divergente, concordante ou discordante avec son environnement proche. Ce constat a amené le Centre de la francophonie des Amériques et la revue Francophonies d’Amérique, en partenariat avec la Chaire Senghor en francophonies comparées de l’Université de Moncton et la Chaire Margaret Atwood/Alanis Obomsawin/Gabrielle Roy de l’Université nationale autonome du Mexique, à lancer un numéro spécial sur la diversité des francophonies des Amériques, ayant pour but d’explorer les contrastes et les similitudes qui caractérisent les différentes manifestations de l’expression en français sur le continent américain. Dès lors, la revue Francophonies d’Amérique s’ouvre encore plus au fait francophone en ciblant sa pluralité : les francophonies des Amériques. Ce numéro est donc en quelque sorte la rencontre entre deux pluriels : celui porté par le Centre de la francophonie des Amériques et celui porté par la revue Francophonies d’Amérique. Ces « pluriels croisés » ne nous semblent pas anodins dans leur rencontre et posent clairement l’enjeu central de la place des multiples diversités à l’oeuvre dans ce qui constitue le …

Parties annexes