Résumés
Résumé
La critique en littérature franco-ontarienne s’est longtemps focalisée sur l’esthétique de l’exiguïté pour en interpréter les oeuvres. En règle générale, l’esthétique de l’exiguïté, associée à la cause franco-ontarienne et à la minorisation linguistique, est implicitement portée par des hommes blancs. Sans complètement se détacher de cette esthétique, la présente contribution en propose une interprétation renouvelée et plus inclusive. Comme l’indique François Paré dans Les littératures de l’exiguïté, le principe de base de cette esthétique est un rapport inégal au pouvoir. Mon article part donc de ce constat pour renouveler l’esthétique de l’exiguïté et faire éclater le sujet minoritaire en abordant d’autres marginalités, comme le genre et l’orientation sexuelle. Mon analyse se base sur les oeuvres de Véronique-Marie Kaye et de Catherine Bellemare, deux écrivaines qui peuvent être rapprochées de la relève franco-ontarienne et qui ont recours à une écriture trash pour dire le fait marginal.
Abstract
Research and criticism on Franco-Ontarian literature often rely on the aesthetics of exiguity to produce an analysis of these works. More often than not, this aesthetics is associated to the Franco-Ontarian cause, centered on linguistic minorization and implicitly carried by white men. Without completely rejecting this aesthetics, this article showcases a refreshed and more inclusive reading of exiguity. As François Paré put it in Les littératures de l’exiguïté, the core principle of this aesthetics is an unequal relation to power. My analysis is based on this observation and goes beyond the usual minority experience, based on language, to include other marginalities, such as gender and sexual orientation. To illustrate this renewal of the exiguity aesthetics, I study the work of two emergent authors, Véronique-Marie Kaye and Catherine Bellemare, who rely on trash aesthetics to depict the margins.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Note biographique
Isabelle Kirouac Massicotte est professeure adjointe à l’Université du Manitoba. Ses travaux portent sur le trash comme esthétique de la marginalité dans les littératures québécoise, franco-canadiennes et autochtones de langue française. Elle s’intéresse à l’étude culturelle des minorités, au genre de l’horreur sociale, à l’imaginaire minier, à l’imaginaire de l’industrie et à la nordicité. Son livre, Des mines littéraires : l’imaginaire minier dans les littératures de l’Abitibi et du Nord de l’Ontario, a paru en 2018 aux Éditions Prise de parole et s’est mérité le Prix Champlain en 2020.
Bibliographie
- Aïm, Olivier (2013). « De la pornophonie à la pornographie », Proteus, « Pornographies : entre l’animal et la machine », p. 40, [En ligne], [http://www.revue-proteus.com/articles/Proteus05-2.pdf] (2 février 2021).
- Bellemare, Catherine, (2017). Une irrésistible envie de fuir, Ottawa, Éditions David, coll. « Indociles ».
- Bellemare, Catherine (2018). Le tiers exclu, Ottawa, Éditions David, coll. « Indociles ».
- Boehringer, Monika (2012). « Introduction », dans France Daigle, Sans jamais parler du vent : roman de crainte et d’espoir que la mort arrive à temps, édition critique de Monika Boehringer, Moncton, Institut d’études acadiennes, Université de Moncton, coll. « Bibliothèque acadienne ».
- Bourcier, Sam (2001). Queer Zones : politique des identités sexuelles, des représentations et des savoirs, Paris, Balland.
- Bourcier, Sam (2010) « Red Light district et porno durable ! Le rouge et le vert du féminisme pro-sexe : un autre porno est possible », Multitudes, no 42, p. 82-93.
- Calinescu, Matei (1987). Five Faces of Modernity: Modernism, Avant-garde, Decadence, Kitsch, Postmodernism, Durham, Duke University Press.
- Carrière, Marie (2016). « Le scandale de l’intimité : la poésie au féminin au Canada français », dans Lucie Hotte et François Paré (dir.), Les littératures franco-canadiennes à l’épreuve du temps, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, p. 215-223, coll. « Archives des lettres canadiennes ».
- Charpentier, Marie (2017). « Kaye, Véronique-Marie. Andréanne Mars, Sudbury, Prise de parole, 2017, 217 p. », Voix plurielles, no 14.2, p. 189.
- Dalpé, Jean Marc (1983). Gens d’ici, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Dalpé, Jean Marc, et Brigitte Haentjens (1984). 1932, la ville du nickel : une histoire d’amour sur fond de mine, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Delvaux, Martine (2018 [2013]). Les filles en série : des Barbies aux Pussy Riot, Montréal, Les éditions du remue-ménage.
- Douglas, Mary (2015 [1966]). Purity and Danger: An Analysis of Concepts of Pollution and Taboo, New York, Routledge.
- Doyon-Gosselin, Benoit, et Maria Cristina Greco. (2018). « Le mal de mère : solidarités féminines dans l’oeuvre de Marguerite Andersen et Hélène Harbec », Tangence, no 117, p. 101-120.
- Falardeau, Éric (2019). Le corps souillé : gore, pornographie et fluides corporels, Longueuil, Éditions de L’instant même.
- Frigerio, Vittorio (2017). « Kaye, Véronique-Marie. Andréanne Mars, Sudbury, Prise de parole, 2017, 216 p. », Dalhousie French Studies, no 111, p. 128-129.
- Harrow, Kenneth (2013). Trash : African Cinema From Below, Bloomington, Indiana University Press.
- Hotte, Lucie (2016). « Au-delà de l’exiguïté : les oeuvres de France Daigle, d’Andrée Christensen et de Simone Chaput », dans Jimmy Thibeault et al. (dir.), Au-delà de l’exiguïté : échos et convergences dans les littératures minoritaires, Moncton, Éditions Perce-Neige, p. 31-51, coll. « Essais ».
- Hotte, Lucie, et François Ouellet (dir.) (2016). La littérature franco-ontarienne depuis 1996, Sudbury, Éditions Prise de parole, coll. « Agora ».
- Kaye, Véronique-Marie (2017). Andréanne Mars, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Kirouac Massicotte, Isabelle, et Pénélope Cormier (2019). « Portraits et enjeux de la relève dans les littératures francophones du Canada », @nalyses, vol. 14, no 1.
- Kristeva, Julia (1980). Pouvoirs de l’horreur : essai sur l’abjection, Paris, Seuil.
- « Les Éditions David inaugurent leur nouvelle collection, Indociles… » (2011). Sur le blogue des Éditions David, 5 mai, [En ligne], [http://editionsdavid.com/2011/05/les-editions-david-inaugurent-leur-nouvelle-collection-indociles/] (2 février 2021).
- Maingueneau, Dominique (2007). La littérature pornographique, Paris, Armand Colin.
- Morrison, Susan Signe (2015). The Literature of Waste, New York, Palgrave Macmillan.
- Mulvey, Laura (1999) « Visual Pleasure and Narrative Cinema », dans Leo Braudy et Marshall Cohen (dir.), Film Theory and Criticism : Introductory Readings, New York, Oxford University Press, p. 833-844.
- Ouellet, François (1995-1996). « Daniel Poliquin : l’invention de soi », Nuit blanche, no 62 (hiver), p. 139-143.
- Paré, François (1992). Les littératures de l’exiguïté, Hearst, Le Nordir.
- Paré, François (1994). Théories de la fragilité, Ottawa, Le Nordir.
- Paveau, Marie-Anne (2014). Le discours pornographique, Paris, La Musardine.
- Poliquin, Daniel (2003 [1982]). Temps pascal, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Sarratia, Géraldine (2010). « Paris fait son festival porno », Les Inrockuptibles, 18 juin, [En ligne], [https://www.lesinrocks.com/2010/06/18/cinema/cinema/paris-fait-son-festival-porno/] (2 février 2021).
- Voyer-Léger, Catherine (2017). « Véronique-Marie Kaye. Andréanne Mars, Prise de parole, Sudbury, 216 p. ; 22,95 $ », Nuit blanche, no 147 (été), p. 41.