Résumés
Résumé
Cet article retrace les débats dont le panneau d’arrêt obligatoire a été l’objet dans les journaux francophones québécois, depuis son apparition vers 1920 jusqu’à aujourd’hui. Dès le départ, l’ajout du mot arrêt au mot stop a paru redondant à certains chroniqueurs linguistiques, irrités de voir le Québec se différencier de la France sur la question. Le Québec marquait alors son appartenance aux Amériques, où les autres peuples de langue romane ont aussi opté pour d’autres mots que stop pour indiquer l’arrêt obligatoire. Par la suite, l’imposition du seul mot arrêt après l’adoption de la Charte de la langue française en 1977 a relancé la polémique, ajoutant aux enjeux linguistiques des enjeux politiques et, aux positions des chroniqueurs, celles d’autres acteurs de la société. Au fil du temps, le panneau P-10 a été au coeur de jeux de coulisses aussi bien que d’échanges enflammés sur la place publique, et est aujourd’hui devenu une signature identitaire, d’abord du Québec francophone, mais aussi des autres nations habitant le territoire québécois et, par extension, de la francophonie nord-américaine hors Québec. La controverse autour d’arrêt/stop a d’ailleurs valeur de symbole dans le débat sur la langue au Québec et est, à ce titre, encore régulièrement évoquée dans les journaux.
Abstract
This article traces the controversies whose stop sign has been the subject in the Quebec francophone press since its appearance around 1920 until today. At the beginning, the addition of the word arrêt to the word stop seemed redundant to some linguistic chroniclers irritated to see Quebec to differentiate itself from France on the issue. In this way, Quebec has indicated its membership in America, where other peoples of the Romance language also opted for words other than stop to indicate the mandatory stop. Subsequently, the imposition of the one word arrêt following the adoption of the Charter of the French language in 1977 revived the debates, adding political stakes to linguistic stakes, and to the positions of the chroniclers those of other actors of Quebec society. Over time, the stop sign was both at the heart of backstage games and lively exchanges in the public square. It has now become an identity signature, first of all for French-speaking Quebec, but also for other nations living in Quebec, and by extension for the North American Francophonie outside Quebec. The controversy around the stop sign also takes symbolic value in the debate on the language in Quebec and is, as such, still regularly mentioned in newspapers.
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Parties annexes
Note biographique
Nadine Vincent est lexicographe, professeure en communication à l’Université de Sherbrooke et membre du Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ). Ses travaux de recherche portent notamment sur la description du français québécois depuis le xixe siècle, sur le traitement et la perception des anglicismes au Québec et en France ainsi que sur les discours des Français et des Québécois sur le français en usage au Québec.
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