Résumés
Résumé
Ce texte examine les pratiques langagières et les discours sur la langue et l’identité dans une entreprise montréalaise de postproduction en pleine expansion. Les données nous révèlent un milieu où le français domine, mais où des stratégies sont mises en place pour gérer la communication bilingue ou multilingue. Malgré cette zone tampon (buffer zone), il devient apparent que le bilinguisme est une réalité pour la majorité des employés, même s’ils utilisent l’anglais de façon ponctuelle. De plus, nous constatons que le bilinguisme est présent à plusieurs niveaux de l’entreprise et pas seulement aux échelons les plus élevés de la hiérarchie. Dans les discours des employés, nous constatons des tensions et des contradictions au sujet du bilinguisme, décrit comme une ressource importante sur les plans individuel et collectif (le Québec), mais aussi comme une menace à la vitalité de la langue française. D’autres tensions dans les discours se trouvent dans la perception des législations visant la promotion et la protection de la langue française : cette politique est vue comme bénéfique pour le projet linguistique et culturel du Québec, mais aussi comme un obstacle de plus pour le positionnement économique du Québec sur un marché mondialisé.
Abstract
This text examines the language practices and discourses on language and identity within a Montreal based post-production company. Findings reveal a work environment in which French clearly dominates, but where strategies for the management of language needs (bilingual, multilingual) have been put in place to create a buffer zone. Despite this buffer zone, bilingualism is a reality for the majority of employees, even if only infrequently called upon. Furthermore, bilingual skills can not only be associated with the upper echelons of company management. In the discourse of employees become apparent a number of contradictions and tensions in respect to bilingualism, sometimes described as a valuable individual and collective ressource, it is also understood as a threat to the vitality of the French language. Other tensions can be found in how Quebec’s language policy is described, as both beneficial to Quebec’s language and cultural project, but also as a further obstacle to Quebec’s ability to position itself within a globalized market.
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Parties annexes
Notices biobibliographiques
Patricia Lamarre est professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal depuis 1998. Elle est chercheure au Centre d’études ethniques des universités montréalaises (CEETUM), où elle coordonne le pôle langue et diversité ethnique. Elle est également chercheure au Centre Métropolis du Québec/Immigration et métropoles. Avec le regard d’une sociolinguiste, elle réalise des recherches sur les pratiques langagières multilingues de jeunes montréalais, sur le bilinguisme des membres de la communauté anglophone québécoise et sur les identités linguistiques hybrides qui se développent dans le contexte plurilingue de Montréal.
Stéphanie Lamarre est coordonnatrice du projet de recherche « Montréal français, Montréal multilingue » dirigé par Patricia Lamarre. Elle enseigne également l’anthropologie au collège Ahuntsic, à Montréal.
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