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Les circonstances ont fait que j’ai été amené à donner la première traduction française de l’essai « Sur la connaissance philologique », que Szondi devait appeler « traité » quand il le fit servir d’introduction à ses Études sur Hölderlin[1] (1967). Elle parut en 1981 dans un recueil de textes de Szondi édité par Mayotte Bollack aux Presses Universitaires de Lille, Poésie et poétique de la modernité[2] (p. 11−29). Je ne sais plus si Jean Bollack, aux côtés de qui je travaillais, m’avait proposé de m’en charger, ou s’il s’agissait d’une initiative propre, prise dans le sillage d’un colloque consacré à Szondi qui s’était tenu à Lille 1979 et qui devait donner lieu à une publication : L’Acte critique : Un colloque sur l’oeuvre de Peter Szondi[3] (Bollack 1985). Ce qui m’intéressait à l’époque était de comprendre ce que représentait exactement la problématique de Szondi par rapport au travail dans lequel je m’étais engagé depuis 1972, en tant qu’étudiant, aux côtés de Heinz Wismann d’abord, puis de Jean Bollack, dans le domaine de la littérature et de la philosophie grecques[4]. La résistance commune de Szondi et de Bollack au positivisme dans l’étude des oeuvres et aux arguments fondés sur l’existence des passages parallèles, chez un auteur donné ou dans la langue en général, pour établir le sens voire la teneur d’une phrase, m’avait frappé.
La publication par Solange Lucas, dans deux numéros récents de Geschichte der Germanistik (2019) et de Geschichte der Philologien (2020), de documents relatifs aux péripéties entourant le projet de traduction de l’essai sur la connaissance philologique entre 1966 et 1973[5], ainsi les communications présentées par Martin Strauss (« Jean Bollack comme intermédiaire entre Pierre Bourdieu et Peter Szondi ») et Victor Collard (« Bollack et Bourdieu : une amitié scientifique productive ») lors d’un colloque qui s’est tenu à Berne et Fribourg les 9 et 10 décembre 2021 autour des archives de Jean Bollack (déposées au Fond national suisse), m’ont permis de comprendre pourquoi la traduction du traité de Szondi, dont le projet remonte à 1966, ne devint accessible au public français, dans la traduction d’un jeune helléniste, et dans un lieu relativement peu visible, qu’en 1981. L’histoire, anecdotique en un sens, dit quelque chose non seulement de la situation des études littéraires en Allemagne et en France dans les années 1960/70, mais aussi des orientations respectives de Szondi et de Bourdieu concernant la question du statut des « oeuvres ».
Les grandes lignes d’une chronologie se laissent fixer[6].
Le 5 mars 1962, Bollack écrit à Szondi :
[…] Je te renvoie, par le même courrier, le texte de ta conférence [Il s’agit de l’essai sur la connaissance philologique, nous commentons]. Je veux d’abord te dire qu’elle est très belle; remarquable et importante. Évidente sur plus d’un point. Il faudra que nous en parlions longuement, il me faudrait maintenant des pages et un temps dont je ne dispose pas pour t’expliquer non mes réserves (je n’en fais point), mais certaines réflexions que la lecture de ton texte m’a inspirées, non sur l’importance du « subjectif » tel que tu le conçois (et qui, au fond, n’est pas un élément de subjectivité), mais sur d’autres points (ce que tu appelles les Parallelstellen par ex.); je me suis rendu compte que les problèmes s’éclairaient différemment à la lumière des textes anciens[7].
Ce texte ne paraîtra-t-il pas dans la Rundschau? Tu mentionnes, un peu mystérieusement, un autre usage…
dans Lucas 2019 : 130
On sait que le texte de Szondi donna effectivement lieu à deux publications en 1962 : « Zur Erkenntnisproblematik in der Literaturwissenschaft », dans Die Neue Rundschau (1962a : 146−165) et dans les Actes des Berliner Universitätstage qui s’étaient tenus début février (1962b : 73−91). Il devait ensuite servir de préface aux études sur Hölderlin (Hölderlin-Studien), sous le titre « Traktat über philologische Erkenntnis »[8] (op. cit., 1967 : 9−30). La transformation en Traktat de ce qui se présentait primitivement comme une contribution (« Zur… ») donne au texte une allure de manifeste, soulignant l’importance qu’il revêtait aux yeux de Szondi.
Le projet de faire publier une traduction d’essais de Szondi, dont « Sur la connaissance philologique », dans la collection créée en 1964 par Bourdieu aux Éditions de Minuit, Le sens commun, remonte à 1966[9]. Cette année-là, Bollack était invité par Szondi, nommé professeur à la Freie Universität de Berlin l’année précédente, pour tenir dans le cadre de son séminaire, au cours du semestre d’été, un enseignement sur le pindarisme, « Pindar in der modernen Lyrik von Ronsard bis Hölderlin (16.−18. Jahrhundert) »[10] (v. la rubrique Kronik, dans Albers 2016 : 456). Bourdieu est quant à lui invité le 11 juillet à donner une conférence intitulée « Projet créateur et champ intellectuel » (dont le titre allemand est neutralisé : « Probleme der Literatursoziologie »)[11]. Le sujet, comme on le verra bientôt, n’est pas sans rapport avec les difficultés à venir concernant la publication de la traduction du « traité ».
Le projet de publication française du « traité » aura en effet une suite, mais pas dans l’immédiat. Le recueil Poésie et Poétique de l’idéalisme allemand, qui devait finalement être publié en 1975, après de nombreuses péripéties que relate Martin Strauss dans sa communication de Berne (péripéties qui ont essentiellement trait aux rapports tumultueux de Bourdieu, directeur de collection, dont les intérêts ne coïncident pas nécessairement avec ceux le directeur de la maison, Jérôme Lindon), n’inclut pas le manifeste de Szondi, alors qu’il y aurait manifestement été à sa place, d’une part parce que le volume comporte, à côté de textes sur Hegel, Schelling, Schlegel, Schiller et Schleiermacher, les essais réunis dans les Hölderlin-Studien et d’autre part et, surtout, parce que c’est ce texte qui avait initialement intéressé Bourdieu. Résumant une lettre encore inédite, Solange Lucas nous apprend en effet que
Bourdieu hatte Szondi in einem Brief vom März 1967 nachdrücklich gebeten, diesen Aufsatz als ersten übersetzen zu lassen. Er wollte nämlich den Verlagsleiter Jérôme Lindon besonders mit diesem Essay dazu bringen, die Arbeit Szondis in den Éditions de Minuit zu veröffentlichen. Noch vor der Buchveröffentlichung sollte der Essay mit der Publikation in der von Georges Bataille gegründeten Verlagszeitschrift Critique Aufmerksamkeit erregen. Daraus lässt sich schließen, dass Bourdieu von seiner Bedeutung und Wirkung überzeugt war. Die Vermittlung Bollacks, der auf den Aufsatz zur Zeit seiner Entstehung zustimmend reagiert hatte, spielte dabei bestimmt eine wichtige Rolle[12]
2019 : 115−116
Quelle était donc la nature de l’intérêt que Bourdieu pouvait porter au texte de Szondi? Les documents accessibles permettent seulement de l’inférer, mais on peut supposer sans grande chance de se tromper qu’il allait, de manière générale, au caractère réflexif de l’essai, et plus spécifiquement à son engagement anti-positiviste, qui pouvait lui apparaître comme analogue, dans le champ des études littéraires aux travaux de Georges Canguilhem et de Gaston Bachelard dans l’histoire des sciences, mais surtout plus immédiatement à Architecture gothique et pensée scolastique d’Erwin Panofsky (1967), qu’il était alors en train de publier dans sa collection. Cette conjecture s’appuie, de manière qui n’est qu’en apparence paradoxale, sur la demande que Bourdieu adresse à Szondi dans la lettre reproduite par Solange Lucas (2020) que je citerai plus bas. Bourdieu, qui était non seulement l’éditeur, mais le traducteur de l’étude de Panofsky, y ajoutait une très importante postface, qui n’éclaire pas moins le sens que le travail de Panofsky revêtait à ses yeux que celui de sa propre entreprise, tant à titre de sociologue que de directeur de collection. Ce que Bourdieu repère dans la façon dont Panofsky traite la question du parallélisme, que d’autres historiens d’art avaient thématisé avant lui[13], entre la structuration des cathédrales gothiques et le dispositif de la Somme théologique de Thomas d’Aquin, et qu’il apprécie, plus généralement, dans une approche iconologique qui se démarque de l’iconographie, ce sont les vertus d’une analyse structurelle globale des productions culturelles s’opposant de manière frontale au positivisme dominant dans les différents secteurs de la recherche. Comme l’a très bien vu Martin Strauss dans la communication mentionnée ci-dessus, l’intérêt que Bourdieu portait au texte de Szondi, réfléchissant du point de vue d’une discipline philologique sur les limites que lui impose la tenaille complice du positivisme et de l’herméneutique dite philosophique, venait de ce qu’il y voyait une démarche virtuellement analogue, dans un champ différent, à celle de Panofsky, et donc susceptible d’alimenter le fonds qu’il entendait promouvoir dans sa collection[14].
Je reproduis ici un extrait particulièrement significatif de cette postface. Commentant la distinction entre iconologie et iconographie, et citant largement Panofsky, Bourdieu écrit :
C’est dire que l’intuition épistémologiquement fondée de la science iconologique est l’aboutissement d’une démarche méthodique et n’a donc rien de commun avec l’intuition hâtive et incontrôlée de l’intuitionnisme; c’est dire aussi que cette science doit renoncer à l’espoir de découvrir les preuves circonstanciées et palpables de ses découvertes : alors que l’iconographie réalise comme en se jouant l’idéal méthodologique du positivisme, puisqu’il arrive même que les choses, comme ce lustre d’Aix-la-Chapelle, lui fournissent le chiffre selon lequel elles demandent à être déchiffrées, l’iconologie est condamnée par essence au cercle méthodologique qu’il est trop facile de réduire à un cercle vicieux : contrainte, par nécessité de méthode, d’appréhender chaque objet particulier dans ses relations avec les objets de la même classe, de « corriger », comme dit M. Erwin Panofsky, l’interprétation d’une oeuvre particulière par une « histoire du style » qui ne peut être construite qu’à partir d’oeuvres particulières, l’analyse iconologique, comme toute science structurale, ne doit attendre d’autres preuves de la vérité de ses découvertes que les vérités qu’elles lui font découvrir.
Qu’il s’agisse de phénomènes historiques ou naturels, l’observation particulière ne présente le caractère d’un « fait » que lorsqu’elle peut être reliée à d’autres observations analogues de telle sorte que l’ensemble de la série « prenne sens » [p. 38 de Iconography and Iconology]. Ce « sens » peut donc être légitimement utilisé, à titre de contrôle, pour interpréter une nouvelle observation particulière à l’intérieur de la même classe de phénomènes. Si, toutefois, cette nouvelle observation particulière refuse, indiscutablement, de se laisser interpréter conformément au « sens » de la série et s’il est prouvé qu’il n’y a pas d’erreur possible, le « sens » de la série devra recevoir une nouvelle formulation capable d’inclure la nouvelle observation particulière. Ce circulus methodicus vaut, évidemment, non seulement pour la relation entre l’interprétation des motifs et l’histoire du style, mais aussi pour la relation entre l’interprétation des images, histoires ou allégories, et l’histoire des types et pour la relation entre l’interprétation des significations intrinsèques et l’histoire des symptômes culturels en général [Iconography and Iconology, p. 35, n° 3]. Là où le positivisme ne veut voir que l’audace imprudente d’une démarche dépourvue de rigueur, M. Erwin Panofsky fait apercevoir le surcroît d’exigences qu’impose l’accroissement de l’exigence : loin de pouvoir s’abriter, comme l’interprétation positiviste, derrière une accumulation indéfinie de petits faits vrais, l’interprétation structurale engage toute la vérité acquise dans chaque vérité à conquérir parce que toute la vérité est dans la vérité du tout[15]
1967 : 143−144
Comment comprendre dès lors que la collection d’essais de Szondi finalement publiée en 1975 n’inclue pas le « traité »? Le fait reçoit un début d’explication à la lumière de la lettre commune que Bourdieu et Bollack adressent à Szondi début novembre 1967. Il s’agit de 9 pages de notes (assez aérées) précédées d’une lettre d’accompagnement de Bourdieu. Lucas reproduit (op. cit., 2020 : 115) une photo de la missive de Bourdieu et de deux pages des notes (p. 5−6). Les notes sont en quasi-totalité de la main de Bollack, mais elles reflètent, de toute évidence, les préoccupations de Bourdieu et des références qui lui sont propres; elles mettent en question les notions d’« immanence de l’oeuvre » (« Werkimmanenz ») et d’incomparabilité, qui jouent un rôle déterminant dans l’essai de Szondi. Bourdieu a ajouté de sa propre main quelques remarques complémentaires. On lit ainsi à la p. 5 : « P. Szondi n’essaie-t-il pas de conférer à l’acte littéraire un statut gnoséologique analogue à celui que Husserl confère à l’acte géométrique (cf. l’[O]rigine de la géométrie)? Cf. aussi, dans une autre logique, Marx et le “charme éternel de l’art grec” ».
Cette double référence mériterait d’être commentée plus avant. Je mentionnerai seulement ici que Derrida, dont Bourdieu a été proche depuis leurs années communes à l’École Normale Supérieure, avait parlé au début de son introduction à sa traduction de L’Origine de la géométrie, publiée en 1962, du « double faisceau de critiques qu’on y voit dirigées, d’une part contre une certaine irresponsabilité techniciste et objectiviste dans la pratique de la science et de la philosophie; d’autre part, contre un historicisme aveugle par le culte empiriste du fait et la présomption causaliste » (p. 3−4). On voit immédiatement la relation avec le versant anti-positiviste de l’essai de Szondi. La lettre d’accompagnement, que je transcris plus bas, mentionne quant à elle les grands noms de l’épistémologie française, Poincaré, Bachelard, Canguilhem; elle se réfère, de manière plus générale, au structuralisme, mais aussi à Panofsky et, last but not least, au Métier de sociologue, l’anthologie de textes que Bourdieu, Jean-Claude Passeron et Jean-Claude Chamboredon venaient de terminer, et que Bourdieu avait accompagnée d’une importante introduction où il développait, comme en pendant à la postface d’Architecture gothique…, son projet proprement sociologique[16]. Bourdieu avait mis les épreuves du livre, qui était alors sous presse, à la disposition de Szondi. La missive commune Bourdieu−Bollack de novembre 1967 (que je transcris ci-dessous) fait suite à une autre, écrite en date du 6 août, que Solange Lucas ne reproduit pas mais dont elle indique la substance : « Er [Bourdieu] wies darauf hin, dass die Kritik an der Literaturwissenschaft, wie sie in Szondis Aufsatz zu lesen war, im Kontext der französischen Literaturkritik mehr als einer Fußnote, einer richtigen Einleitung bedürfe[17] » (2020 : 118).
Cher Pierre,
Voici, jointes, des notes que nous avons prises, Jean et moi, au cours d’une conversation sur votre texte (Über [p]hilologische…). La plupart des remarques nous sont inspirées, je crois, par la référence à un « champ culturel et intellectuel » différent de celui dans lequel le texte a été pensé. Beaucoup de choses, nécessaires en Allemagne, risquent de paraître évidentes, sinon aux littéraires, du moins aux philosophes et spécialistes des sciences de l’homme : deux caractéristiques du champ français en sont la cause, soit premièrement la vogue du structuralisme qui a porté assez haut la conscience des problèmes herméneutiques, et deuxièmement, la force de la tradition épistémologique, de Poincaré à Bachelard ou Canguilhem. C’est pourquoi, les indications que nous vous adressons nous paraissent utiles. Afin que vous puissiez avoir une idée de l’état du débat épistémologique dans les sciences de l’homme [souligné par Bourdieu], je vous envoie un texte « le métier de sociologue », qui doit paraître en janvier : je crois que vous y trouverez le contexte par référence auquel nous vous suggérons certaines modifications en vue de l’édition française. Je me suis aussi référé, souvent, à Panofsky et je pense particulièrement à son essai sur la notion de Kunstwollen – Il me semble qu’il échappe complètement à l’alternative, où s’enferme Dilthey, de l’explication positiviste et la compréhension subjective et toujours menacée d’intuitionnisme et de subjectivisme.
Voilà ces réflexions. J’espère que nous ne vous importunerons pas. N’y voyez qu’un témoignage de l’intérêt et de l’importance que nous accordons à la publication de votre livre.
Viendrez-vous à Paris bientôt? Il va de soi que la discussion serait plus facile de vive voix.
Recevez mes amitiés les plus sincères.
Pierre Bourdieu
On est en droit de s’interroger sur la relation entre la lettre de Bourdieu et la non-publication dans le recueil de 1975. Est-elle seulement circonstancielle?
Les lettres postérieures que mentionne Solange Lucas (2020 : 121) ne vont que partiellement en ce sens. Commentant un matériel non encore publié, elle écrit en effet :
Nach einem ersten Brief an Pierre Bourdieu vom 14. November 1967, in dem er sich zuerst für die aufmerksame Lektüre seines Textes herzlich bedankte und zugleich sein Verständnis für die erwünschten Veränderungen äußerte, verwies Peter Szondi diesbezüglich allerdings auf einen Mangel an Zeit[18].
Comme Martin Strauss le précise dans sa conférence de Berne, Szondi était en effet, à ce moment, dans les préparatifs de sa visite en Israël.
Solange Lucas ajoute que « In einem weiteren Brief aus dem Sommer 1969 schlug er [Szondi] Bourdieu schließlich vor, die methodologische Einleitung einfach fallen zu lassen, weil sie sich im Kontext der französischen Literaturkritik als missverständlich erweisen könnte[19] ». Il n’est plus ici question d’un manque de temps, mais, en relation avec les demandes antérieures de Bourdieu, d’un risque de mécompréhension. Je dois à Martin Strauss (per litt.) la précision que Szondi écartait en fait dans cette lettre la demande, que Bourdieu venait de renouveler, de publier le traité en introduction du volume projeté dans sa collection Le sens commun.
On peut penser à des raisons de fond. De fait, sous la demande compréhensible d’adaptation au public français (qui aurait pu se manifester, non par la mobilisation des références suggérées par Bourdieu, mais par une explicitation de l’importance de Dilthey au sein de la tradition allemande), la lettre de Bourdieu contient (et ne cache pas vraiment) une critique substantielle[20]. Car la lettre ne dit pas seulement que la problématique n’était pas adaptée au public français (ce que Szondi pouvait bien et devait admettre dans sa lettre de 1969), mais qu’elle n’était pas adaptée à son objet, pour rester prise dans une tradition de la singularité qui prétend aboutit à couper (serait-ce nolens volens) l’oeuvre du champ dans lequel elle s’inscrit. Ce que demandait au fond Bourdieu à Szondi, n’était-ce pas de revoir sa copie en tenant compte d’une problématique plus raffinée, présente au sein de débats épistémologiques transdisciplinaires que Szondi pouvait ne pas désirer affronter, ou n’affronter que dans la perspective qui était la sienne? De fait, Szondi travaillait à ce moment à revisiter, de manière pour ainsi dire interne, la tradition herméneutique dont il avait fait l’objet de son enseignement du semestre d’hiver 1967/68[21]. Dilthey et la tradition diltheyienne y étaient critiqués sur le fond d’une relecture de l’herméneutique de Schleiermacher et d’une réévaluation de ce que ce dernier nomme « interprétation technique » − un terme qui, lu à la lumière de la lettre de Bourdieu, résonne de manière contrastée avec celui du Kunstwollen panofskien[22]. Ce que Bourdieu avait en tête, de son côté, était, clairement, la problématique que développe sa postface au livre Panofsky. On peut se demander ce qu’une discussion ouverte aurait donné. Il me semble évident qu’elle aurait impliqué le statut de la subjectivité chez Szondi, à laquelle Bollack faisait déjà allusion dans sa lettre de 1962 quand il remarquait que le « subjectif » tel que Szondi le concevait n’était pas, « au fond, un élément de subjectivité ». L’intentio médiévale était-elle à l’arrière-plan de cette formulation négative? La question se pose aussi du rapport de l’herméneutique littéraire de Szondi à une autre tradition de sociologie de la littérature que celle de Bourdieu, héritée de Lukács et de Benjamin.[23] « Ein weites Feld », pour reprendre l’incipit de l’essai « Sur la connaissance philologique », qui touche non seulement le contenu de ce que Szondi aurait potentiellement pu répondre à Bourdieu, mais également la position de Bollack, dans son double lien à Szondi et à Bourdieu. J’espère pouvoir revenir plus précisément sur cette constellation dans un proche avenir.
Pour revenir au point de départ, qui concerne plus étroitement les avatars de la traduction de l’essai de Szondi. Solange Lucas conclut son article de 2020 en ces termes :
Entgegen seiner ursprünglichen Absicht verzögerte sich durch Pierre Bourdieus Vorbehalte und Forderungen die Einführung Peter Szondis in die theoretische Diskussion in Frankreich, sowie seine potentielle Wirkung. Der Text, der einen Beitrag zu den heftigen Debatten der zweiten Hälfte der 1960er Jahre hätte leisten können, wurde der französischen Literaturkritik aufgrund der gewünschten Überarbeitung vorenthalten. Von diesem verspäteten Transfer zeugen der Brief und die Notizen aus dem Deutschen Literaturarchiv Marbach[24].
On peut se demander si transfert il y eut effectivement, c’est-à-dire si le texte fut jamais introduit dans la discussion théorique française, au-delà même du fait que sa première publication figure dans un volume resté largement confidentiel. Je ne suis pas vraiment en mesure d’en juger, mais mon impression est que ce n’est pas le cas, en dépit de sa reprise (partielle) dans l’anthologie publiée par Denis Thouard en 2011 (qui contient également un texte de Bollack), et la publication d’un numéro de la Revue germanique internationale (vol. 17, 2013) consacré à « L’Herméneutique littéraire et son histoire. Peter Szondi », réunissant un ensemble de textes dont l’objectif premier, comme l’écrit l’éditeur, Marc de Launay, dans sa Présentation, était « de donner à l’oeuvre de Peter Szondi une sorte de deuxième chance et d’être mieux reçue ». Bourdieu aurait-il eu, à sa façon, raison de penser que le texte de Szondi n’était pas adapté au public français?[25]
Parties annexes
Notes
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[1]
Les études en question sont au nombre de quatre; d’abord « Der anderer Pfeil. Zur Entstehungsgeschichte des hymnischen Spätstils », « Er selbst, der Fürst des Fests. Die Hymne Friedensfeier », puis, dans une deuxième section, « Überwindung des Klassizismus. Der Brief an Böhlendorff vom 4. Dezember 1801 » et « Gattungspoetik und Geschichtsphilosophie. Mit einem Excurs über Schiller, Schlagel und Hölderlin ».
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[2]
On lira ici même une version amendée de cette traduction.
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[3]
Avec des contributions de Timothy Bahti, Jean Bollack, Bernhard Böschenstein, Manfred Frank, Thomas Fries, Karl Grob, Michael Hays, Gert Mattenklott, Rainer Nägele, Mayotte Bollack. J’y ai traduit les textes de Manfred Frank et de Karl Grob.
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[4]
Cf. André Laks (1992), « Herméneutique et argumentation », Le Débat, vol. 72, n° 5, p. 146−154, repris à quelques phrases près dans (2007) Histoire, doxographie, vérité : études sur Aristote, Théophraste et la philosophie présocratique, Louvain-la-Neuve; Dudley (Mass.), Peeters, p. 1−14 (sur Szondi, voir p. 1−2 et 10). J’ai plus tard avancé quelques réflexions dans (2017), « Objet-sujet : observations préliminaires sur les démarches de Jean Bollack et de Peter Szondi », Savoirs et clinique. Revue de psychanalyse, vol. 23, n° 2, p. 90−100 (Traduction allemande de Tim Traszkalik dans Geschichte der Germanistik, n° 49/50, 2016, p. 76−89 (« Präliminarien zu den hermeneutischen Vorgehensweisen von Jean Bollack und Peter Szondi »)).
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[5]
L’édition de Solange Lucas devrait paraître prochainement.
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[6]
Elles se laisseront affiner quand la correspondance entre Bollack et Szondi aura été publiée. Mais je tiens à remercier Victor Collard, Solange Lucas et Martin Strauss des informations qu’ils m’ont généreusement communiquées, et Denis Thouard pour ses suggestions.
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[7]
Pour l’attitude de Bollack face à l’usage des parallèles, voir André Laks (2020), « An encounter in Lille: Epicurus’ language as a hermeneutical problem ». Dans Peter Burian, Jenny Strauss-Clay and Gregsom Davis (dir.), Euphrosyne. Studies in Ancient Philosophy, History and Literature. Berlin; Boston, De Gruyter, p. 56−76 (en l’occurrence, p. 58−59).
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[8]
L’exemple choisi dans le Traité pour étayer la position théorique qui y est défendue est tiré de passages de Fête de la paix, Pain et Vin et Patmos. Les Hölderlin-Studien sont incluses le premier volume des Schriften de Szondi (p. 261−412), dont la publication chez Suhrkamp était placée sous la direction de Jean Bollack et d’une équipe formée de collaborateurs et élèves directs de Szondi. La rédaction du premier volume, publié en 1978, était due à Wolfgang Fietkau, dont le nom a malencontreusement disparu de la « nouvelle édition » de 2011, augmentée d’une postface de Christoph König.
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[9]
Voir l’Avertissement au recueil.
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[10]
Le « séminaire » disposait d’un programme propre, situé dans un bâtiment indépendant situé Kibietzweg. Au cours de ce même semestre, Bollack donna chez les hellénistes (Uvo Hölscher) un séminaire sur les Catharmes d’Empédocle (« Empedokles Katharmen »).
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[11]
Le titre français, à l’inversion près (peut-être révélatrice des priorités qui étaient celles à Berlin), est publié en 1966 dans Les Temps Modernes, n° 246, p. 865−906 (« Champ intellectuel et projet créateur »).
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[12]
« Bourdieu avait insisté dans une lettre de mars 1967 adressée à Szondi pour que ce texte soit traduit en premier. En effet, il voulait convaincre avec cet essai l’éditeur Jérôme Lindon de publier les travaux de Szondi dans les Éditions de Minuit. Cet essai devait attirer l’attention déjà avant la parution du livre avec sa publication dans la revue Critique fondée par Georges Bataille. On peut en conclure que Bourdieu était convaincu de son importance et de son incidence. Le fait que Bollack ait réagi positivement à cet essai au moment de sa rédaction y était sûrement pour quelque chose » [nous traduisons].
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[13]
Il s’agit de Gottfried Semper (1860). Der Stil in den technischen und tektonischen Künsten, vol. 1. Bourdieu, qui le mentionne p. 146, renvoie à la p. 19 de l’ouvrage. Il avait consulté en mars et avril 1967 Louis Grodecki, spécialiste et proche de Panofsky, sur des aspects techniques de l’étude de Panofsky (voir Louis Grodecki (2020). Correspondance choisie, 1933−1982, éditée par Arnaud Timbert. Paris, Institut national de l’histoire de l’art, lettres n° 880 et 889 ainsi que 890 et 891 (non datées, la dernière après la parution du livre). Je remercie Victor Collard de m’avoir signalé cette correspondance et de l’avoir mise à ma disposition.
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[14]
Martin Strauss, qui développe une interprétation du trio Bollack-Bourdieu-Szondi comme étant soudé, par-delà l’intérêt pour leurs travaux respectifs, par une commune marginalité (Szondi, le survivant hongrois du génocide juif; Bollack, le juif alsacien de culture germanique; Bourdieu, le fils de paysans promu par la vertu du système éducatif français), explore aussi les « homologies » entre leurs positions respectives à la lumière de la lecture que Bourdieu faisait de Panofsky (p. 14−17). Je pense pour ma part que les tensions, par-delà le front commun, existent, et mériteraient d’être étudiées plus avant. Je n’ai jamais compris, entre autres, comment le reproche de « philologisme » que Bourdieu adressait aux philologues pouvait épargner Bollack (ou Szondi). S’agissant de Szondi et de Bollack, j’ai entamé une réflexion dans « Objet-sujet… » (op. cit. n° 4, 2017).
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[15]
La formule est de facture hégelienne. Un peu plus loin, Bourdieu se réfère implicitement à l’index sui spinoziste, quand il parle « d’entrer dans le jeu de l’interprétation structurale comme système qui est à lui-même, en tant que tel, la seule et unique preuve de sa propre vérité » (p. 145). Au reste, je pense que le titre Lesens commun, dont Victor Collard m’a appris qu’il était l’objet d’une interrogation chez les spécialistes de Bourdieu, est, entre autres, un précipité de l’idée que Bourdieu développe dans cette postface, à savoir que le sens des productions culturelles leur vient des schèmes communs qu’elles mettent inconsciemment à l’oeuvre – ce que Panofsky appelle l’habitus.
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[16]
Bourdieu, Pierre, Jean-Claude Passeron, et Jean-Claude Chamboredon (1968). Le Métier de sociologue. Livre I, Paris, Mouton; Bordas (la bibliothèque de l’École Normale Supérieure de Paris possède un exemplaire dédicacé à Canguilhem). Les éditions postérieures s’intitulent Le Métier de sociologue : préalables épistémologiques.
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[17]
« Il [Bourdieu] indiquait que la critique des études littéraires telle que présente dans l’essai de Szondi nécessitait, dans le contexte de la critique littéraire française, non seulement une note de bas de page, mais plutôt une vraie introduction » [nous traduisons].
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[18]
« Après une première lettre du 14 novembre 1967, dans laquelle il commençait par remercier chaleureusement Pierre Bourdieu pour la lecture attentive de son texte tout en se montrant compréhensif devant les modifications souhaitées, Szondi affirmait cependant manquer de temps » [nous traduisons].
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[19]
« Dans une autre lettre de l’été 1969, il [Szondi] proposa finalement à Bourdieu de simplement laisser tomber l’introduction méthodologique, car elle aurait pu prêter à confusion dans le contexte de la critique littéraire française » [nous traduisons].
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[20]
Ce que Lucas note aussi (2020 : 119).
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[21]
Einführung in die literarische Hermeneutik, publié par Jean Bollack et Helen Stierlin en 1975 chez Suhrkamp (Taschenbücher Wissenschaft 124) (traduction française de Mayotte Bollack : Introduction à l’herméneutique littéraire. Avec un essai sur l’auteur par Jean Bollack, Paris, Cerf, 1989); voir en particulier p. 166 et l’Appendice (« Bemerkungen zur Forschungslage der literarischen Hermeneutik », datant de 1970), p. 406.
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[22]
Erwin Panofsky (1920). « Der Begriff des Kunstwollens », Zeitschrift für Ästhetik und allgemeine Kunstwissenschaft, vol. 14 , p. 321−339; Traduction française de Guy Ballangé dans Erwin Panofsky (1976), La Perspective comme forme symbolique et autres essais, Paris, Éditions de Minuit, (« Le concept de Kunstwollen »), p. 197−221. Dans sa Postface à Architecture gothiqueet pensée scolastique, Bourdieu se réfère à cet essai de Panofsky pour l’idée d’‘intention’ pris « au sens scolastique du terme », intention « objective […] qui ne se réduit jamais à l’intention du créateur », et qui « est fonction des schèmes dé pensée, de perception et d’action que le créateur doit à son appartenance à une société, une époque et une classe » (1967 : 162).
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[23]
Pour Lukács, voir Denis Thouard (2013). « Suite hongroise. Szondi après Lukács », Revue germanique internationale, vol. 17, p. 45–66.
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[24]
« Contrairement à son intention initiale, les réserves et demandes de Pierre Bourdieu retardèrent l’introduction de Peter Szondi dans la discussion théorique en France et, par le fait même, son impact potentiel. En raison des révisions demandées, la critique littéraire française resta privée de ce texte alors qu’il aurait pu contribuer aux vifs débats de la seconde moitié des années 1960. La lettre et les notes du Deutsches Literaturarchiv Marbach témoignent de ce transfert tardif » [nous traduisons].
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Qu’en est-il de la réception allemande? Elle existe au moins en ce sens qu’elle fait débat, dans des termes assez durs. La question est de savoir si l’herméneutique de Szondi est ou non dépassée. Wolfram Groddeck (2019), « Peter Szondi », dans Thomas Fries et Sandro Zanetti (dir.), Revolutionen in der Literaturwissenschaft1966−1971, p. 461−476, pense, avec Thomas Schestag (2008), « Philologie, Erkenntnis », Neue Rundschau, vol. 119, n° 3, p. 128–143, que tel est le cas. Voir en sens inverse Christoph König (2004), « Peter Szondi ist eine Leitfigur der Literaturwissenschaft bis heute ». Dans « La syntaxe est une faculté de l’âme. Übersetzungen von Aphorismen Paul Valérys », Marbacher Magazin, vol. 108 (intitulé Engführungen. Peter Szondi und die Literatur, p. 5) et, à divers titres, les contributions de Andreas Isenschmid (« Peter Szondi. Portrait des Literaturwissenschaftlers als junger Mann », Thomas Sparr (« Peter Szondi: Über philologische Erkenntnis ») et Dieter Burdorf (« Der letzte Textgelehrte. Bemerkungen zu Peter Szondi »), dans Nicolas Berg et Dieter Burdorf (2014) (dir.) : Textgelehrte. Literaturwissenschaft und literarisches Wissen im Umkreis der Kritischen Theorie, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht (respectivement p. 389−408; p. 409−426 et p. 427−438).
Bibliographie
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- Bourdieu, Pierre (1967). Postface à Architecture gothique et pensée scolastique,Le sens commun. Paris, Éditions de Minuit, p. 133−167.
- Derrida, Jacques (1962). Introduction de L’Origine de la géométrie, Épiméthée. Paris, Presses Universitaires de France, p. 3−171.
- Lucas, Solange (2019). « La correspondance entre Peter Szondi et Jean Bollack (1959−1971) : prépublication d’un choix de lettres ». Geschichte der Germanistik. Historische Zeitschrift für die Philologien, n° 55/56, p. 128−136.
- Lucas, Solange (2020). « Um der französischen Kritik willen. Pierre Bourdieu liest Peter Szondis Aufsatz ›Über philologische Erkenntnis‹ (1962) ». Geschichte der Philologien, n° 57/58, p. 114−123.
- Panofsky, Erwin (1955). Iconography and Iconology: An Introduction to the Study of Renaissance Art. Dans Meaning in the Visual Arts: Papers in and on Art History. Garden City (N.Y.), Doubleday Anchor Books, p. 26−54.
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- Panofsky, Erwin (1976). « Le concept de Kunstwollen ». Dans La perspective comme forme symbolique et autres essais. Traduction de Guy Ballangé. Paris, Éditions de Minuit, p. 197−221.
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- Szondi, Peter (1967). Hölderlin-Studien. Mit einem Traktat über philologische Erkenntnis. Frankfurt am Main, Insel.
- Szondi, Peter (1981). « Sur la connaissance philologique ». Traduction d'André Laks. Dans Mayotte Bollack (dir.), Poésie et poétique de la modernité. Lille, Presses Universitaires de Lille, p. 11−29.
- Thouard, Denis (dir.) (2011). Herméneutique contemporaine : comprendre, interpréter, connaître. Paris, Vrin.
- Thouard, Denis (2013). « Suite hongroise. Szondi après Lukács ». Revue germanique internationale, vol. 17, p. 45−66.