Résumés
Résumé
Dans le roman graphique Verlorene Illusionen (2017), Helmut Wietz s’inspire librement d’Illusions perdues de Balzac, mais il déplace la satire des milieux littéraires et journalistiques parisiens dans le contexte de l’Allemagne divisée. L’Allemagne sur le chemin de la réunification de 1989-1990, et celle de la République démocratique allemande des années 1969-1970 imaginées par Wietz partagent toutefois des traits du monde hypercontemporain, le bédéiste s’appuyant sur l’anachronie pour mener une critique sur l’emprise des médias et leur mise en images du réel; pour déplorer l’instrumentalisation de l’information, de la littérature et des mots. Cet article présente les modalités de l’appropriation de l’oeuvre balzacienne dans le contexte d’une réécriture de l’histoire des médias en RFA-RDA; l’examen de l’emploi par Wietz des ressources propres au médium de la bande dessinée – les choix narratifs, l’organisation du lettrage et des lieux, etc. – sera également éclairant quant à la nature du traitement wietzéen de l’Histoire.
Abstract
Helmut Wietz’s graphic novel Verlorene Illusionen (2017) is loosely based on Illusions perdues, but Balzac’s satire of Parisian literary and journalistic circles has been relocated to divided Germany. Wietz’s imagined Germany, which includes Germany on the road to reunification in 1989-1990 and the German Democratic Republic in 1969-1970, is in some ways utterly contemporary: anachronistically, the artist criticizes the media’s hold on us as they transform reality into images and regrets the instrumentalization of information, literature and words. This article examines how Wietz appropriates Balzac’s work in rewriting the history of the media in West and East Germany. A focus on his use of resources specific to comic art – narrative choices, the organization of the lettering and of space, etc. – also helps us understand his view of history.
Parties annexes
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