PrésentationIntroduction[Notice]

  • Marjolaine Forest

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Parmi les questions analysées par l’ouvrage de Pierre Frantz, L’Esthétique du tableau dans le théâtre du xviiie siècle, figure la complexe mise en pratique de la théorie du « quatrième mur » dans laquelle Diderot conseille notamment aux comédiens ceci : « Soit […] que vous composiez, soit que vous jouiez, ne pensez non plus au spectateur que s’il n’existait pas. Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre. Jouez comme si la toile ne se levait pas. » Diderot actualise les analyses menées au siècle précédent par l’abbé D’Aubignac, axées sur la notion de « vraisemblance » : Toutefois, « le point de vue [des poétiques classiques] est plus celui du texte que celui de l’image ou de la représentation […]. Il s’agit même d’éviter à tout prix de mêler à la réflexion poétique des considérations qui tiennent à la représentation » ; la pensée diderotienne du « quatrième mur » Au XIXe siècle en France, le mode « participatif » adopté par le public se trouve renforcé par la création de genres, de formes et de pratiques spectaculaires plus ou moins ouverts aux échanges avec la salle ; par l’apparition d’usages propres à l’institution théâtrale, tels les débuts de comédiens, décisifs pour la suite de leur carrière (voir l’article de Virginie Yvernault dans le présent dossier) ; par l’actualisation de certaines écritures scéniques (voir l’article de Barbara T. Cooper et celui de Marianne Bouchardon) ; ou encore par un contexte poussant des spectateurs et des acteurs à la contestation face à une gestion des spectacles de moins en moins tolérée au fil des évolutions sociopolitiques du siècle : une censure plus ou moins active selon les régimes est instaurée par d’autocratiques décrets napoléoniens en juin 1806 et disparaît graduellement durant l’année 1906. Comme autant d’ébranlements imprimés à plusieurs avatars du pouvoir politique, certaines des rencontres entre scènes et salles françaises durant cet exact centenaire apportent par là-même quelque nuance à l’opinion brechtienne d’un théâtre français du XIXe siècle irrémédiablement « bourgeois », inaccessible à la « distanciation » et à toute politisation, élaboré pour un public passivement indulgent et acritique. Comme le public, certains interprètes sont réputés pour leur manière de chahuter la convention (voir l’exemple du comédien Bocage, sur qui porte l’article d’Olivier Bara dans le présent dossier). La notion de public(s) et le concept de réception ont été théorisés au XIXe siècle notamment par Victor Hugo, avec la fameuse théorie des trois publics qu’il développe dans la Préface de Ruy Blas. Un siècle plus tard, la synthèse de Maurice Descotes, Le Public de théâtre et son histoire, étudie plusieurs genres théâtraux français et leurs publics, qu’il ressaisit dans le contexte social, culturel et politique de leur constitution entre les XVIe et XIXe siècles. Dans son sillage, depuis l’aube du XXIe siècle en France, nombreux sont les champs de recherches en arts de la scène, en histoire culturelle et en littérature consacrés au(x) public(s) ainsi qu’aux interprètes d’un spectacle, à leurs définitions, leurs incarnations, leurs modalités de présence dans la France et l’Europe du XIXe siècle, mais également en-deçà et au-delà ; ces deux instances essentielles d’un spectacle y sont toutefois, nous semble-t-il, envisagées isolément. Divers travaux se sont ainsi concentrés sur le spectateur : dans L’Assise du théâtre. Pour une étude du spectateur, Marie-Madeleine Mervant-Roux entreprend de mesurer la part du spectateur dans le déroulement d’une représentation, projet qu’elle approfondit dans Figurations duspectateur. Une réflexion par l’image sur le théâtre et sa théorie où elle confère au …

Parties annexes