Résumés
Résumé
En tant qu’expérience reliée à la terre, la terreur définit un espace, en même temps qu’elle détermine ou empêche un déplacement. Dans cet article, nous analysons deux types d’expériences de la terreur étatique : dans un premier temps, l’expérience de la terreur pendant la dictature militaire argentine (1976-1983) ; puis dans un deuxième temps, celle produite par la crise économique, politique et institutionnelle qui a éclaté en Argentine en décembre 2001. Nous nous interrogeons sur la manière dont deux textes littéraires représentent la terreur dictatoriale et la terreur de la crise institutionnelle afin de repérer les points communs et les différences. Nous analysons les espaces privés (la maison familiale et le lieu de travail) et la manière dont ils sont définis par la terreur. Enfin, nous tentons d’identifier les déplacements interdits ou rendus possibles par cette expérience. Nous centrons notre analyse sur les romans L’Intempérie (Éditions Payot & Rivages, 2007 [2005]) de Pedro Mairal, qui fait allusion à la crise de 2001, et Sciences morales (Éditions du Seuil, 2010 [2007]) de Martín Kohan, où la période dictatoriale est abordée. Quant au cadre théorique, nous utilisons les concepts d’état d’exception, de guerre civile et d’anomie développés par Giorgio Agamben dans ses oeuvres consacrées à l’homo sacer.
Abstract
As an experience related to the earth, terror defines a space, all the while determining or preventing a movement. In this article, we analyze two types of experiences of state terror: First, the experience of terror during the Argentine military dictatorship (1976-1983) ; and second, the economic, political, and institutional crisis that broke out in Argentina in December 2001. We explore the way in which these two literary texts represent the terror of dictatorship on the one hand, and the terror of the institutional crisis on the other hand, in order to identify the commonalities and differences. We analyze private spaces (the family home and the workplace) and how they are defined by terror. Finally, we try to identify the movements prohibited or made possible by this experience. We focus our analysis on the novels L’Intempérie (Éditions Payot & Rivages, 2007 [2005]) by Pedro Mairal, which refers to the 2001 crisis, and Sciences morales (Éditions du Seuil, 2010 [2007]) by Martín Kohan, in which the dictatorial period is addressed. With regards to the theoretical framework, we use the concepts of state of emergency, civil war, and anomie developed by Giorgio Agamben in his works devoted to homo sacer.
Parties annexes
Références
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