Résumés
Résumé
À partir de quel appareillage théorique appréhender l’écriture migrante ? Pour répondre à une telle question, cette contribution analyse, à partir de quatre romans, l’écriture migrante africaine subsaharienne. Elle propose, comme appui conceptuel et théorique, le réaménagement de la notion anthropologique d’ethnoscape introduite par Arjun Appadurai (Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot, 2001 [1996]) en ethnoscopie littéraire. Sous cet angle, l’écriture migrante dépasse le phénomène de la présence d’écrivains africains en d’autres sphères géographiques ; l’opérationnalité typologique de l’ethnoscopie littéraire amène à prendre en compte les facteurs endogènes et exogènes de cette littérature spécifique. Compte tenu de la légitimation qui s’opère en périphérie et de l’élargissement du lectorat au monde, l’écriture migrante de l’Afrique subsaharienne est située, à l’heure de la mondialisation, dans l’entre-deux de la création, avec une modification tant du paradigme des catégories narratives que celui de la représentation elle-même, inscrite dans le mobile, le liquide.
Abstract
In an attempt to identify which theoretical constructs should inform our understanding of migrant literature, this article focuses on four works from sub-Saharan African migrant authors. Anthropologist Arjun Appadurai’s concept of “ethnoscape”, first introduced in his 1996 Modernity at Large. Cultural Dimensions of Globalization, morphs into literary “ethnoscopy” as a conceptual and theoretical tool to assess how migrant literature goes beyond the mere geographical displacement of African authors. Indeed, the topical functionality of literary “ethnoscopy” raises the endogenous and exogenous characteristics of this specific literary corpus. Given their peripheral legitimisation and their broadening readership worldwide, sub-Saharan African migrant writings are becoming a genre of their own, modifying the paradigms for both narrative categories and fluid depiction.
Parties annexes
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