Résumés
Résumé
L’oeuvre de Philip Roth peut être lue comme la quête d’un épique perdu, capable de justifier l’individu en l’inscrivant dans un processus historique et dans une collectivité avec qui le lien est rompu. Cette quête met en débat deux interrogations constantes : la judéité et l’identité américaine. Car dans cette Amérique où l’héroïsme vire au conformisme et à l’immobilisme, où chacun aspire au confort de la « pastorale », les Juifs américains sont coupés des souffrances historiques qui, en l’absence de dimension religieuse ou spirituelle, demeurent le seul fondement de l’être juif moderne. La dynamique centrale de l’oeuvre pourrait alors être d’opérer une bascule depuis une épopée enchaînée à une épopée délivrée, qui redéfinit les fondements identitaires des personnages.
Abstract
In his books, Philip Roth could be seen to tell of a quest for a lost history that would weave individuals back into their time and place. Roth addresses two outstanding issues : what it means to be a Jew, and the true nature of an American identity where heroism hinges on conformity and the status quo, and where one turns to one’s faith to find solace. Indeed, Jews living in America today are disconnected from the historic sufferings that made their people, regardless of religious or spiritual considerations. Roth might be seen as narrating the transition between the chains of yesteryear to today’s freedom, redefining his characters’ identities in the process.
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Parties annexes
Note biographique
Maître de conférences à l’Université Lille 3 Charles-de-Gaulle, Maxime Decout est l’auteur d’Albert Cohen : les fictions de la judéité (Classiques-Garnier, 2011), d’Écrire la judéité. Enquête sur un malaise dans la littérature française (Champ Vallon, 2015), et d’En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire (Minuit, à paraître en octobre 2015). Il a dirigé le numéro d’Europe consacré à Georges Perec (2012) et codirigé, avec Julien Roumette, celui sur Romain Gary (2014). Il est en charge de l’édition de La Disparition, des Revenentes et du Voyage d’hiver pour la publication des oeuvres de Perec dans la Bibliothèque de la Pléiade (2016).
Références
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