Résumés
Résumé
Contrairement à une tradition critique qui considère la représentation négative de l’homme dans les textes de la Franco-camerounaise comme un refoulement sans équivoque du masculin, cet article montre que la peinture des personnages masculins dans Les honneurs perdus et Comment cuisiner son mari à l’africaine participe d’un grossissement caricatural qui s’inscrit dans une énonciation ironique. Il ressort que, chez la romancière, il est davantage question de tourner en dérision les symboles de la domination phallique et de mettre l’homme devant ses responsabilités, ceci dans le but de l’amener à une prise de conscience. Une telle interpellation, qui sous-entend une redéfinition de la masculinité, est pour Beyala le présage d’un équilibre des rapports de force entre l’homme et la femme où cette dernière est également appelée à changer d’attitude.
Abstract
Contrary to the critical tradition that considers the negative depiction of men in French-language Cameroonian novels as a blatant repression of manhood, this article reveals how the caricatured portrayal of male characters in Les honneurs perdus (“Lost honours”) and Comment cuisiner son mari à l’africaine (“How to cook your husband African-style”) is steeped in irony. The author obviously wants to mock symbols of phallic dominance and force men to awaken by living up to their responsibilities. With its implied redefinition of masculinity, Beyala’s take hints at a balanced relationship between man and woman, one in which even the latter needs to evolve.
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Parties annexes
Note biographique
Moïse Ngolwa est doctorant en études littéraires à l’Université Laval (Québec) et membre de la Chaire de recherche du Canada en littératures africaines et Francophonie. Ses recherches portent sur l’oeuvre romanesque de Calixthe Beyala.
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