Volume 40, numéro 3, 2009 Penser la littérature par la presse Sous la direction de Guillaume Pinson et Maxime Prévost
Sommaire (14 articles)
Études
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Entre préjugé et pratique : Louis Sébastien Mercier, homme de lettres et journaliste
Annie Cloutier
p. 15–28
RésuméFR :
À partir de la figure exemplaire de Louis Sébastien Mercier (1740-1814), cet article se propose de présenter ce qui, dans la double fonction d’homme de lettres et de journaliste, crée un malaise entre un discours contre le journalisme et une pratique bien réelle du périodique. Le passage chez l’auteur d’une écriture littéraire à une écriture journalistique nous est d’abord présenté comme allant de soi, tant par la mission sociale que le polygraphe s’est donnée que par sa pratique scripturale qui participe déjà d’une réflexion sur la représentation du quotidien. Le résultat de ce passage est toutefois inconfortable puisqu’il y a une réelle incompatibilité entre les critiques que formule Mercier à l’égard des journalistes et une participation de plus en plus nourrie aux journaux de l’époque. Se dessine ainsi un écartèlement qui obligera l’auteur à créer un équilibre entre ces deux postures inconciliables, et ce, par la justification qu’il fera de son utilisation de la presse.
EN :
In this article, the example of writer-cum-journalist Louis Sébastien Mercier (1740-1814) illustrates the uncomfortable dichotomy between criticising journalistic writing and contributing to it. Mercier’s switching from literary to journalistic writing is at first considered only natural, given this versatile scribe’s social mission and his established written ability to depict everyday life. However, such a switch is an awkward one given the documented opposition between Mercier’s criticism of journalists and his growing collaboration with their milieu. As well, being torn thusly will force Mercier to reach some balance point between these two irreconcilable extremes, in the form of a self-justification of his recourse to printed periodicals.
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Critique donné(e), critique prostitué(e) au XIXe siècle
Anthony Glinoer
p. 29–41
RésuméFR :
L’article classique de Georg Lukàcs sur Illusions perdues (1935) a fixé l’image d’un critique littéraire « exploité prostitué » par force de la marchandisation capitaliste de la littérature. Lukàcs reconnaît par là l’appartenance du critique à la chaîne de production du livre et donc son rôle de médiateur de l’oeuvre littéraire. Mais il méconnaît une partie essentielle de la relation critique telle qu’elle apparaît autour de 1830 : les louanges se donnent aussi souvent qu’elles se vendent, soit dans l’espoir plus ou moins conscient d’un échange de bons procédés entre écrivains-journalistes, soit par esprit de « camaraderie littéraire ». Cet article se penche sur l’ambivalence, à l’époque romantique, des représentations du critique littéraire, que l’on voit verser tantôt du côté de la vénalité, tantôt du côté du don de soi et de son texte.
EN :
Georg Lukàcs’ classic utterance on Lost Illusions (1935) forever cast literary critics as “prostitutes exploited” by the capitalist merchandising of literature. In so doing, and while acknowledging both the critic’s place in the production cycle of books and his role as mediator of a given literary oeuvre, Lukàcs nonetheless failed to grasp a key component of a critic’s role in the 1830s. Back then, laudatory comments were freely bestowed just as easily as they could be bought, whether as an expression of literary camaraderie or as part of a more or less implied exchange of favours between journalist-writers. This article will look at the romantic era’s ambivalence in the depiction of literary critics, sometimes venal, sometimes selfless.
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Baudelaire, artiste moderne de la « poésie-journal »
Alain Vaillant
p. 43–60
RésuméFR :
Depuis les premières années de la Monarchie de Juillet jusqu’aux avant-gardes fin-de-siècle, la poésie a dû trouver un asile précaire dans les journaux parisiens et dans la petite presse littéraire. Or, le support médiatique n’offre pas seulement aux poètes un mode de diffusion conforme aux attentes culturelles de l’époque, mais il marque de son empreinte particulière et reconnaissable l’esthétique de la littérature post-romantique, l’infléchissant dans une direction qui aurait été inimaginable sans lui, la « modernité ». Telle est l’hypothèse que cet article se propose d’étayer, grâce à l’étude exhaustive de toutes les prépublications en périodiques des futurs poèmes des Fleurs du mal de Baudelaire. Cette étude permettra de tirer un double enseignement. Sur le plan diachronique, elle changera sensiblement la physionomie et le sens de l’oeuvre baudelairienne, l’inscrivant dans une dynamique historique et collective qui fait évidemment défaut aux recueils de 1857 et de 1861.
EN :
From the start of the July Monarchy to the early years of the end of that century, Parisian dailies and small literary journals were the only – yet precarious – outlets for poetry. These not only offered poets the format of exposure expected of the culture of the day but also put their unmistakable stamp on post-romantic literature by ushering it into “modernity”, a feat not achievable otherwise. This article defends this hypothesis by focusing on those poems by Baudelaire that would eventually make up his Fleurs du mal opus yet began their public life through prepublication in periodicals. This study seeks a two-fold result. Diachronically, it should substantially alter the perception and thrust of Baudelaire’s output by putting it into a historical and collective context obviously lacking in the 1857 and 1861 tomes. Synchronically, it should prove the synergy between each poem and the periodical in which it was published, thereby hinting at the modern poetics of “periodical poetry”.
Synchroniquement, elle montrera que chaque poème fait système avec la totalité du périodique qui le contient et permettra ainsi d’esquisser les traits principaux de la poétique moderne de la « poésie-journal ».
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Feuilletons sans frontières ? Le « Monde » selon Delphine de Girardin
Catherine Nesci
p. 61–72
RésuméFR :
Cette étude des chroniques parisiennes que Delphine de Girardin publie au bas du journal La Presse, entre 1836 et 1848, vise à éclairer le décloisonnement des discours et le métissage des genres textuels que promeut la civilisation du journal dès le premier XIXe siècle. À l’époque, les feuilletons de Girardin firent l’objet de violentes attaques portant sur la mise en spectacle de la mondanité et les menaces qui pèsent sur les figurations genrées du journaliste, chez la feuilletoniste. L’analyse des images tendues de la distinction et celle de la mise en oeuvre de la polémique politique, dans le feuilleton, annoncent la refonte des discours et des représentations dans l’espace social et politique moderne.
EN :
This study focuses on the Parisian chronicles published by Delphine de Girardin at the bottom of the La Presse daily from 1836 to 1848. It seeks to explain the regrouping of topics and crossbreeding of written genres fostered by newspapers in the early 19th century. At the time, Girardin’s writings were scathingly attacked for their perceived public staging of socialites and their threatening of established gender-specific depictions of journalists and series writers. The analysis of both such tense distinctions and the build-up leading to the political controversy around these chronicles foreshadows the melding of ideas and images in the social and political spheres of the modern era.
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Des Espèces de l’origine : le feuilleton scientifique de Louis Figuier dans La Presse de 1862
Valérie Narayana
p. 73–86
RésuméFR :
Dans la foulée de travaux ayant exploré la rhétoricité du feuilleton littéraire dans la presse du XIXe siècle, cette étude se penche sur la rhétorique du feuilleton scientifique de Louis Figuier, célèbre vulgarisateur sous le Second Empire et sous la Troisième République. Afin de voir comment Figuier traite une question très controversée à l’époque, soit l’origine des espèces, cette étude examine les livraisons de l’année 1862 de LaRevue scientifique de Figuier. Cette année est particulièrement riche en rebondissements scientifiques car L’origine des espèces paraît en traduction et d’importantes fouilles françaises sonnent le glas des théories fixistes de l’époque. Cette étude démontre tout ce que la plume de Figuier doit à certains dispositifs argumentatifs quand elle se trouve confrontée à la complexité de l’évolution.
EN :
Following other analyses of the rhetoric of literary serials in 19th century press, this study looks into the rhetoric of Louis Figuier’s scientific serials. A well-known popular science writer during the Second Empire and Third Republic, Figuier published La Revue scientifique. Looking at its 1862 issues, this study analyses Figuier’s take on a very controversial subject of that day, the origin of species. 1862 was a notable year in science, with both a French translation of The Origin of Species and the demise of then-established “creationist-fixist” theories thanks to extensive research by the French. This study establishes the clear influence of selected arguments on Figuier’s writings when dealing with the complexities of evolution.
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Alexandre Dumas : le journal, kaléidoscope du moi écrivant
Sarah Mombert
p. 87–100
RésuméFR :
Cet article étudie l’imaginaire autoscopique de l’écrivain-journaliste dans le quotidien Le Mousquetaire (1853-1857) d’Alexandre Dumas. Tel un kaléidoscope, le journal diffracte à chacune de ses pages l’image de son animateur, le met en scène dans son activité professionnelle et mondaine, entouré des confrères et amis qui constituent son cénacle imaginaire, ou dialoguant familièrement avec son public. À travers ce cas d’un journal littéraire du milieu du XIXe siècle, nous tentons de mettre au jour le moment charnière de l’histoire culturelle où la presse des personnalités relaie la librairie pour assurer la promotion du livre et de l’écrivain.
EN :
This article investigates the self-depicting universe of Alexandre Dumas as published by this author-cum-journalist in his daily, Le Mousquetaire (1853-1857). Much like a kaleidoscope, every page of this periodical distilled the image of its leader, staging him at work or in mundane surroundings, whether with his imaginary cénacle of colleagues and friends or engaging in friendly banter with his public. This mid-19th century literary journal helps us focus on the precise moment in cultural history when celebrity publications took over the promotional role that bookstores used to play for both works and their authors.
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« Mission sainte ». Rhétorique de l’invention de l’art social et pratiques artistiques dans la presse anarchiste de la fin du XIXe siècle
Anne-Marie Bouchard
p. 101–114
RésuméFR :
Les périodiques littéraires et politiques sont, à la fin du XIXe siècle, le lieu d’un débat portant sur la nature de l’art. Inspirés par les idéologies anarchistes et socialistes, les polémistes se questionnent sur le rôle de l’art dans l’avènement du socialisme et sur la valeur morale et sociale des pratiques artistiques contemporaines. En plus de restituer les moments forts de ce débat, le présent article étudie l’influence de la presse dans le développement de nouvelles conceptions de l’art et la conversion du périodique en support de l’oeuvre artistique et littéraire.
EN :
At the end of the 19th century, French literary and political periodicals are besiege by numerous debates over the nature of Art. These debates, inspired by anarchist and socialist theories, are concerned with the role of art in the advent of Socialism and with the moral and social value of contemporary artistic practices. This article examines the development of new art conceptions in the light of a survey of key artworks and literary productions valued or displayed in the political press.
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LA chronique et LE reportage : du « genre » (gender) des genres journalistiques
Marie-Ève Thérenty
p. 115–125
RésuméFR :
Cet article porte sur le système de contraintes symboliques et matérielles, et notamment sur les représentations sexuées qui ordonnent l’accès des hommes et des femmes aux genres journalistiques dans la presse quotidienne entre 1836 et 1914. Cet essai se propose de confronter ces systèmes de représentations à la pratique concrète du journalisme, et notamment aux genres médiatiques pratiqués par les femmes. Séverine et plus largement les reporters-femmes du journal La fronde à la fin du XIXe siècle, sujets d’étude privilégiés ici, pratiquent un reportage neuf et transgressif même s’il ne rejette pas absolument la division conventionnelle des sexes. L’article met en relation certaines pratiques journalistiques d’aujourd’hui, comme le journalisme empathique, avec celles de ces femmes journalistes du XIXe siècle dont l’invention de postures, de procédés et de poétiques a sans doute été considérablement occultée. Le paradoxe est qu’une partie de l’invention du journalisme serait à mettre à l’actif des femmes alors même qu’elles ont été, dans la mesure du possible, tenues à l’écart du champ médiatique
EN :
This article deals with the symbolic and material constraints governing the journalistic avenues available to men versus women in the daily printed press between 1836 and 1914, with a particular focus on gender typecasting. This paper seeks to compare these constraints with the realities of the journalistic workforce of that era, especially as regards the media output of women. Along with that of a number of female reporters writing for the La Fronde newspaper at the end of the 19th century, Séverine’s output is a choice example of innovative writing freed from strictures, even as it pays minimal lip service to gender conventions. This article points to some of the similarities between today’s journalistic practices such as the writing of empathetic pieces and those launched by the above 19th century women reporters, whose new postures, processes and principles are likely to have been wilfully swept into oblivion. What a paradox, which would see women being excluded from the media sphere whenever possible, all the while being partly the inventors of journalism!
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Les enjeux communicationnels et esthétiques de la référence au « journal » dans les Chroniques du bel canto (1946) de Louis Aragon
Céline Pardo
p. 127–139
RésuméFR :
Travaillant au renouveau de l’idée de poésie après la Seconde Guerre mondiale, Louis Aragon propose dans les Chroniques du bel canto, en 1946, de lire la poésie « comme le journal ». Envisagé surtout comme mode communicationnel et support engageant une lecture différente du livre, le « journal » sert au poète-chroniqueur de modèle pour repenser la communication poétique et conduire ses contemporains à une nouvelle sensibilité littéraire. C’est aussi une notion stratégique par laquelle Aragon prend position dans les débats de son temps et reconfigure l’histoire de la poésie de façon inédite, à partir d’une idée de la réception en poésie.
EN :
In the wake of World War II, poet and chronicler Louis Aragon sought to reinvent the concept of poetry. In his 1946 Chroniques du bel canto, he suggested that poems should be read “just as you would the newspaper”. He viewed the daily paper as a communications medium requiring a different reading approach from books, one that could redefine poetic communication and instil in its readers a new literary sensibility. This strategic notion also helped Aragon position himself in the debates of his times, all the while resulting in an innovative take on the history of poetry, based on its awareness.
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« Reportage » et « écriture » chez Claude Simon (Les géorgiques et Le jardin des plantes)
Patrick Suter
p. 141–155
RésuméFR :
De nombreux romans de Claude Simon comprennent des fragments de presse particulièrement remarquables, alors que Les géorgiques et Le jardin des plantes décrivent longuement le travail de journalistes. Or, chez Simon, la convocation de la presse permet à l’oeuvre littéraire de prendre ses distances par rapport au monde du « reportage ». En mettant en évidence le fonctionnement de l’écriture journalistique, l’oeuvre met aussi en exergue, par contraste, ses propres stratégies.
EN :
Several of Claude Simon’s novels draw on quite noteworthy excerpts from the press, and both Les géorgiques and Le jardin des plantes deal extensively with the daily life of journalists. However, Simon’s incursions into the realm of the press are such that his literary output is far removed from “by-lines”. Exposing journalistic conventions thusly also enables Simon’s own strategies to be brought to the fore.
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Faits divers, faits littéraires. Le romancier contemporain devant les faits accomplis
Émilie Brière
p. 157–171
RésuméFR :
Si, dans la première moitié du XIXe siècle, la littérature a pu servir de fond commun aux « manières de raconter » le monde et imposer ainsi sa marque au discours journalistique naissant, aujourd’hui c’est au roman — dont la frange la plus exigeante, au cours des décennies 1960-1970, a laissé en friche la référence à des événements connus et reconnaissables — de réinventer son appréhension du réel à l’aune du traitement que les médias lui réservent. Les romanciers français contemporains soumettent la pratique journalistique à la critique, ce qui leur permet en regard de légitimer leurs propres pratiques discursives ainsi que la saisie du réel qu’elles autorisent. Par l’examen de trois romans parus au cours des dix dernières années et qui ont en commun de tirer leur matière d’événements ayant défrayé la chronique (L’Adversaire d’Emmanuel Carrère, Moloch de Thierry Jonquet et L’Enfant d’octobre de Philippe Besson), je propose d’analyser à la fois les procédés textuels et les arguments convoqués par les romanciers pour définir l’efficace spécifique du roman dans sa saisie du réel.
EN :
During the first half of the nineteenth century, literature underpinned much retelling of the world and influenced the budding journalistic genre. Today however, and despite a demanding period in the 1960s and 1970s during which real and recognisable events were shunned, novels have taken on the role of tackling reality’s angst in a style not unlike that favoured by media outlets. Contemporary French novelists filter journalistic output through a critical lens, thereby giving legitimacy to both their own narrative approach and their resulting take on real events. By investigating three novels based on real headlines and published in the last ten years – Emmanuel Carrère’s L’Adversaire, Thierry Jonquet’s Moloch and Philippe Besson’s L’Enfant d’octobre, this article seeks to define the specific effectiveness of today’s novels in capturing reality by analysing the argumentation and textual processes put forth by these three novelists.
Analyses
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Des maux et des mots : Une lecture de La statue de sel d’Albert Memmi
Nadra Lajri
p. 175–193
RésuméFR :
Dans La statue de sel d’Albert Memmi, au-delà de la dimension autobiographique et de l’illustration d’un espace et d’un temps historique en rapport avec la colonisation française en Afrique du Nord, le narrateur cherche à « se dire » et à dire l’Autre, d’où cette coexistence des communautés diverses, une mosaïque sociale où les conflits sont exacerbés, illustrés par des relations ambiguës d’attirance et de rejet, d’amour et de haine. Les mots désignant les identités prennent des connotations diverses selon celui qui parle, les connotations attribuées à ces « mots » sont souvent sources de malentendus, dénotant ainsi la difficile épreuve du rapport à l’Autre dans une société où se jouent des intérêts de pouvoir et de position sociale.
EN :
Albert Memmi’s La statue de sel goes beyond the autobiographical and historical representation of the where and when of French colonialism in North Africa. In it, the narrator seeks both to be and to describe various others in a social mosaic that amplifies conflicts evidenced by ambiguous tugs of attraction, rejection, love or hate. Based on who speaks them, identifying words carry different meanings that often lead to misunderstanding, thus proving how difficult relating to others can be in a society condoning power playing and jockeying for status.
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Historicité et fiction du champ discursif dans Marat-Sade de Peter Weiss
Christophe Bernard
p. 195–206
RésuméFR :
Cet article interroge, à travers l’observation du concept de l’archive, les rapports entre l’Histoire et le texte de fiction. Marat-Sade, pièce de Peter Weiss, propose un dialogue (théâtralisé par les fous de l’hospice de Charenton) entre deux figures célèbres, l’écrivain et l’homme politique. Le but de l’investigation consiste ici à cerner les modalités et les mécanismes par lesquels Weiss parvient à élaborer son propre champ discursif : en agençant des faits et des éléments historiques discontinus, en modifiant des réalités archivées, en modifiant le contexte d’une action, l’auteur régit et organise un propos autonome qui possède sa propre cohérence interne.
EN :
Archives and their import inform this study of the interplay between historical fact and fiction. Peter Weiss’ play Marat-Sade suggests a dialogue (played out by the lunatic tenants of the Charenton Asylum) between two celebrities, one a political figure, the other an author. This study seeks to isolate the devices and means through which Weiss weaves his discourse : linking together disparate facts and historical elements, adapting documented truths, or re-contextualising an event. Through these, the author structures and articulates a personal, self-standing creation.