Résumés
Résumé
Mille eaux, le recueil de souvenirs d’enfance d’Émile Ollivier, montre de façon exceptionnelle qu’on ne revient pas indemne de l’étonnement haïtien. Inscrivant au coeur du texte, comme au coeur de son existence initiale, dans la thématique et dans l’écriture, les nombreuses failles qui ravinent les représentations du champ social haïtien, l’auteur se situe résolument dans un entre-deux des langues et des cultures qui fonde une solitude paradoxale : cette situation lui permet d’approcher au plus près et de nommer ces représentations, mais en même temps l’oblige à s’en détacher. Les figures marquantes de la séparation et de l’exil, de l’écart et de la marginalisation vont ainsi de pair avec celles de l’exubérance lyrique de la description, illustrée notamment par les images du flux et de l’écoulement traversé, celui des Mille eaux.
Abstract
Mille eaux, the collection of Émile Ollivier’s childhood memories, demonstrates exceptionally well that one does not shake off the commotion of Haiti without a scrape or two. In terms of theme and the handling of theme, the author inscribes, at the very centre of both the text and his first existence, the numerous fault lines running through representations of Haitian society. So doing, Ollivier resolutely locates himself in a no-man’s-(is)land between languages and cultures that is the basis of a paradoxical solitude : this locus is the scene of a “cleaving” in both, opposing senses of the word, wherein he is able to embrace and name these representations while having, simultaneously, to detach himself from them. The signature figures of separation and exile, of distance and marginalization, go hand-in-hand with the figures deriving from the lyrical exuberance of description, as illustrated in particular by the thousand waters of Mille eaux and its images of the movements of the tides and the outpassage.
Parties annexes
Références
- Barthes, Roland, Essais critiques, Paris, Éditions du seuil, 1964.
- Benasayag, Miguel, Le mythe de l’individu, Paris, La découverte (Armillaire), 1998.
- Blanchot, Maurice, La communauté inavouable, Paris, Éditions de minuit, 1983.
- Bonnet, Véronique, « Émile Ollivier, Mille eaux », Notre librairie, n° 138-139 (septembre 1999-mars 2000), p. 168-169.
- Des Rosiers, Joël, Théories caraïbes. Poétique du déracinement, Montréal, Triptyque, 1996.
- Ollivier, Émile, Les urnes scellées, Paris, Albin Michel, 1995.
- — — —, Mille eaux, Paris, Gallimard (Haute enfance), 1999.
- — — —, Passages, Paris, Le serpent à plumes, 1994.
- Onfray, Michel, Politique du rebelle. Traité de résistance et d’insoumission, Paris, Grasset, 1997.
- Saint-Éloi, Rodney, « Émile Ollivier : écrivain aux pieds poudrés », Boutures, vol. I, n° 2 (février 2000), p. 4-7.