Volume 33, numéro 3, automne 2001 Algérie à plus d’une langue Sous la direction de Mireille Calle-Gruber
Sommaire (21 articles)
Études
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Présentation
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Émergence d’une littérature maghrébine d’expression française : La génération de 1954
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L’Algérie du dehors au dedans
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Filles d’Ismaël, dans le vent et la tempête (préface et acte I)
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Ombre sultane d’Assia DJebar et les « Forces de la littérature »
Kesereka Kavwahirehi
p. 51–64
RésuméFR :
À travers Ombre sultane d'Assia Djebar, la présente étude entend montrer les enjeux et les mécanismes de domination qui sont propres à l'utilisation d'une langue et partant, selon la leçon de Barthes, aux effets subséquents de son fascisme. Car Djebar écrit en une autre langue que celle qui lui est propre et qui est propre à ce qu'elle décrit, met en scène, dont elle fait fiction. Mais ce déplacement linguistique est le premier signe d'une levée des voiles qui en retour, fait de la langue et de son usage - le français, ici - un combat. Il s'agira donc de faire voir comment par le passage de la signification au sens se lèvent, se relèvent, la femme arabe, les réminiscences du passé colonial, la langue qui est souffle de cette levée et non plus entrave. Ainsi passe-t-on du fascisme à l'être-au-monde par la langue qui devait initialement y condamner.
EN :
This study analyzes Assia Djebar's Ombre sultane(translated asASister to Scheherazade)to demonstrate the stakes and the mecha-nisms of domination inhérent to the use of a language and, therefore, according to the terminology of Barthes, the subsequent effects of its fascism. Djebar writes in a language that is not her own but which is the language of that which she describes, depicts, creates as a fiction. However, the linguistic shift is the first sign of a drawing back of the veil which in its own way, makes a battleground of the French language and its usage. We will attempt to show how this translation of signification into sense lifts up the Arab woman, evokes memories of the colonial past, and considers language as uplifting breath rather than as an obstacle. Thus, surprisingly, language enables the passage from fascism to the being-in-the-world.
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Langues et domination. Statut social et/ou mélange des genres
Tassadit Yacine
p. 65–74
RésuméFR :
Les facteurs de domination sont nombreux et s'ils se ramènent à des catégories objectivables, comme l'âge, le sexe, le patrimoine économique, le patrimoine symbolique, la profession du père, - le tout en accointance avec la société et son histoire où ils prévalent -, ils n'en demeurent pas moins propres aux effets distordants, voire schizophrènes, dans l'Algérie indépendante, surtout lorsqu'ils sont rapportés à un groupe social malmené et qui les diffracte par intériorisation d'un double habitus (celui d'Algérien et celui de locuteur francophone), les intellectuels. Par cette étude, où nous nous interrogeons nous-mêmes dans une auto-sociologie, nous entendons montrer le sort particulier que réservent la langue et son usage, son pouvoir de représentation et celui qui lui est prêté de réalisation, dans ce contexte.
EN :
The factors of domination are numerous and even if they are reduced to objectifiable categories such as âge, sex, economic status, symbolic status, father's profession, the whole in reference to the society where they are applied, they are nonetheless subject to distorting if not schizophrenia effects in an independent Algeria. This is especially the case of the intellectuals, a group given a particularly rough ride and fractured internally by a double habitus(Algerian citizen and French speaker at the same time). Through this study, in which we question ourselves in a self-sociology, we intend to show the particular fate reserved in this context for the language, its usage, and ultimately, its powers of représentation and realization.
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La fugitive
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La langue des alliances. Mon Algériance
Mireille Calle-Gruber
p. 83–94
RésuméFR :
Il s'agit d'une lecture au plus près des alliances des langues et des cultures dans le récit d'Hélène Cixous intitulé : Mon Algériance. Où se dessinent les liaisons-déliaisons à l'Algérie, et où l'écriture décuple les facultés de la littérature lorsqu'elle pèse et pense de tout le poids des mots.
EN :
This is a close reading of the alliances between languages and cultures in Hélène Cixous' complex narrative Mon Algériance,from which the author's ambivalent feelings towards Algeria emerge. Writing increases tenfold the faculties of literature as Cixous reflects carefully on the weight of her words.
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Retour aux sources : Algérie et judéité dans l’œuvre d’Hélène Cixous
Jeannelle Laillou Savona
p. 95–108
RésuméFR :
Cette étude de deux fictions récentes ( Les rêveries de la femme sauvage et Le jour où je n'étais pas là ), évoquant certains épisodes de la jeunesse judéo-algérienne de la narratrice-auteure, tente d'analyser leur métaphorisation pour mieux comprendre certains procédés de l'écriture cixousienne. Les références à Jacques Derrida, qui partage avec Cixous des racines similaires, permettent d'éclairer certains traits de la représentation de l'Algérie et du fonctionnement poétique de l'oeuvre. La référence à Emmanuel Levinas et à Jean-François Lyotard tente d'expliquer l'importance éthique du judaïsme au double niveau de la représentation et de la narration.
EN :
This study of two recent fictions (Les rêveries de la femme sauvage and Le jour où je n'étais pas là) evoking certain episodes of the narrator-author's judeo-Algerian youth, attempts to analyze their mtaphorization, in order to understand better some processes of Cixousian writing. References to Jacques Derrida, who shares similar roots with Cixous, help to clarify certain features in the representation of Algeria and the poetic expression of the works. The reference to Emmanuel Levinas and Jean-François Lyotard is used to explain the importance of the ethics of judaism on the double level of representation and narration.
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Le « mariage arabe » d’Ismaÿl Urbain
Michel Levallois
p. 109–117
RésuméFR :
Mûlatre de Cayenne, membre de la famille constituée par le Père Enfantin après la mort de Saint-Simon, converti à l'islam pendant la mission des saint-simoniens en Égypte, l'interprète militaire Ismaÿl Urbain (1812-1884), commença une carrière d'interprète militaire en Algérie en 1837. Affecté à la Direction de l'Algérie au Ministère de la Guerre à Paris, puis membre du Conseil de gouvernement à Alger, il fut le conseiller politique du duc d'Aumale, puis l'inspirateur de la politique dite du " Royaume arabe " de Napoléon III. Par ses rapports, ses articles dans la presse, deux publications et une abondante correspondance, il exerça un magistère intellectuel et politique dans l'armée, l'administration et la presse, pour la défense des " Indigènes " contre les exigences des " colonistes " qui voulaient leur prendre leurs terres, leur refuser l'accès aux droits de la citoyenneté. Il est un aspect de cette personnalité complexe qui n'a pas encore été mis en lumière : c'est ce qu'il a appelé son " mariage arabe ". Ce mariage, qui tient une place importante dans ses deux autobiographies encore inédites et dans ses correspondances, a été vécu par Urbain comme le contrepoint de son engagement politique en faveur des Arabes. Célébrée devant le Cadi à Constantine en 1841, non reconnue par la loi française, cette union n'était pour le jeune interprète qu'un engagement provisoire. Elle aurait pû n'être qu'un " amour colonial ", si la personnalité de sa très jeune femme ne l'avait transformée en une union durable. L'écartèlement entre deux sociétés antagonistes, le regard des autres, de longues séparations, puis les souffrances et la maladie qui en 1864 emporta Djeyhmouna à l'âge de trente-cinq ans, l'enrichirent et la renforcèrent. C'est l'histoire de cette union qui est évoquée ici, à partir des informations qu'Urbain a données à ses amis sur une démarche qu'il voulait, et qui le fut presque, exemplaire.
EN :
Mulatto from Cayenne, member of the family constituted by Père Enfantin after the death of Saint-Simon, convert to Islam during the Saint Simonians' mission to Egypt, the military interpreter Ismaÿl Urbain (1812-1884) began a career as an army interpreter in Algeria in 1837. Posted to the Algerian division of the War Ministry in Paris and subsequently a member of the governing Council in Algiers, he was the political advisor of the Duke of Aumale and later proposed the so-called Arab kingdom policy of Napoléon III. Through his reports, his articles in the press, two publications and a substantial correspondance, he exercised considerable intellectual and policy-making influence over the army and the press for the defence of the " Natives " against the " Colonists " who wanted to take their lands and to refuse them the rights of citizenship. One important aspect of his complex personality has not yet been explored: what he calles his " Arab marriage ". This marriage, which has a significant place in his two unpublished autobiographies and in his correspondance, was seen by Urbain as a counterpoint to his political involvement in favour of the Arabs. Celebrated before the Cadi in Constantine in 1841, and not recognized under French law, this relationship was considered only a temporary commitment by the young interpreter. It might well have been a mere " colonial love " if the personality of his young wife Djeyhmouna had not transformed it into a lasting union. The agonizing struggle between two opposing societies, the disapproving gaze of others, the long separations, and the illness and suffering that eventually ended her young life at the age of thirty-five all contributed to reinforce and strengthen their bond. This article examines the story of their relationship as it emerges from information provided by Urbain to his friends about a way of conduct that he wanted to be, and which almost was, exemplary.
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Le silence de la langue de mon père, l’arabe
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Le premier homme. Autobiographie algérienne d’Albert Camus
Keling Wei
p. 125–135
RésuméFR :
Livre posthume, à l'état d'inachèvement, Le premier homme d'Albert Camus relève d'une écriture autobiographique : souvenirs d'enfance, récit familial. Mais il s'agit moins d'une reconstitution d'un vécu personnel que d'une écriture fragmentaire par laquelle s'inscrit l'expérience douloureuse de la rupture généalogique. L'écrivain tisse, en fait, une autobiographie plurielle, où s'entremêlent la quête impossible d'une biographie paternelle, le portrait en ombre d'une mère muette, l'actualité et l'histoire coloniale, passages et effacements des peuples en exil sur la terre algérienne. C'est par la langue française en tant que langue hospitalière, à la croisée d'autres langues et d'autres accents, que l'écriture rend à l'Algérie son hétérogénéité des voix. Une écriture nécessairement inachevée et inachevable. Enfin, qui porte bénédictions à cette terre tant aimée.
EN :
Albert Camus' posthumous unfinished work Le premier homme shows traces of autobiographical writing : childhood memories, a family story. However, it is less the reconstruction of a personal story than a fragmented writing relating the painful experience of a genealogical break. The writer weaves a plural autobiography, mixing the impossible quest for a paternal biography, the background portrait of a mute mother, the contemporary events of colonial history, appearances and disappearances of peoples exiled in the Algerian landscape. It is through the French language, seen as a hospitable language at the crossroads of other languages and other accents, that writing gives back to Algeria the heterogeneity of such diverse voices. A writing inescapably unfinished as well as unfinishable ultimately blesses this beloved land
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Correspondance de Jean Sénac (inédits)
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Arriver en errance : le cas Sénac
Hervé Sanson
p. 157–168
RésuméFR :
Le poète algérien Jean Sénac n'aura eu de cesse de démonter le concept d'algérianité - identité figée, notion éminemment politique - pour lui substituer une appartenance-errance, toujours à venir, décentrement de ladite algérianité. Ce faisant, la question de l'intégration au peuple élu habite le poète sa vie durant, gagnant l'écriture même, le souffle-de-l'arabe-dans-le-français proposant dans une hantise de la langue-mère une position éthique en même temps qu'esthétique ; le choix d'une nation excède cependant le cadre d'une vie humaine, exhausse une algerrance post mortem . Reste : l'œuvre - corps poétique - au crédit de l'Algérie.
EN :
The Algerian poet Jean Sénac never stopped dissecting the concept of " Algerianness " - the highly political notion of a fixed identity - to substitute for it a belonging-wandering, always to come, a decentering of the aforementioned Algerianness. The question of integration into the chosen people preoccupied the poet for his entire life and dominated his writing, the breath-of-Arabic-in-French, proposing in the obsessive fear of the mother tongue an ethical as well as an esthetic position ; the choice of a nation exceeding however the limitations of a single human life, resurrecting a post mortem " Algerrance ". What remains, the work - a poetic body - to the credit of Algeria.
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De l’indépendance confisquée à l’identité bafouée dans Le fleuve détourné de Rachid Mimouni
Najib Redouane
p. 169–183
RésuméFR :
Figure importante dans la littérature algérienne d'expression française, Rachid Mimouni propose, dans sa production romanesque, une critique acerbe sur les maux qui rongent l'Algérie depuis son indépendance. Sans se cacher hypocritement sous le boisseau de la fiction, Mimouni fait, dans Le fleuve détourné , le procès cocasse et corrosif de la société algérienne de la post-indépendance. L'étude vise à montrer le courage et l'engagement de l'écrivain qui n'hésite pas à dénoncer ouvertement le despotisme du centralisme autoritaire de son pays qui a confisqué, voire trahi, l'idéal de la Révolution algérienne. Il laisse entrevoir que la souveraineté du pays n'est que pure illusion et que le peuple, bafoué dans son identité, est assujeti à l'asservissement, à l'oppression, et à l'injustice, tant humaine que sociale.
EN :
An important figure in Algerian literature written in French, Rachid Mimouni proposes through his novels an acerbic criticism of the troubles which have eaten away at Algeria since its independence. Without hiding hypocritically under the bushel of fiction, Mimouni, in The Diverted River, puts post-independence Algerian society on trial in a bitingly humourous manner. This study aims to show the courage and the commitment of the writer who does not hesitate to openly denounce the tyranny of the authoritarian centralism of a government he considers to have betrayed the ideals of the Algerian Revolution. He hints that the sovereign power of the country is nothing but an illusion and that the people, whose identity is ridiculed, are subjected to human and social oppression and injustice.
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Le regard entre Je et l’Autre
Bouchra Chaouq
p. 185–191
RésuméFR :
Le temps de sa narration, la voyeuse interdite - qui donne son nom au roman - laisse entrevoir les possibles plus heureux de la condition des femmes algériennes, ici algéroises, de leurs enfants, comme elle montre les verrous opposés à cette libération et en dénonce les contradictions par la mise en scène des actants mâles, ramenés à des perversions qui sont moins une satire qu'une voie vers une compréhension épistémologique d'une société ; celle-ci est décrite en un microcosme qui vaut, par induction, pour le tout social algérien. Toutefois, le roman de Nina Bouraoui marque la désespérante inanité de ce combat où le pouvoir patriarcal et traditionnel l'emporte sans retour, ne laissant que le roman, ses références à la France et à l'Occident comme tremplin des possibles, des espérances, des sursauts, des projections, des luttes pour échapper à l'aliénation d'être femme arabe.
EN :
Through her narration, the forbidden " voyeuse ", who gives her name to the French title La voyeuse interdite(translated as Forbidden Vision),gives a perspective on the happier possibilities for the lives of Algerian women, specifically here those from Algiers. At the same time, she shows the shackles preventing this libération and also denounces the contradictions through her representation of male actants, reduced to perversions which figure less as a satire than as a path toward the epistemological understanding of a society. The society of Algiers depicted functions as a microcosm which holds true by induction for the whole of Algerian s;ociety. However, the novel by Nina Bouraoui marks the dispairing inanity of this struggle where patriarchal and traditional power have always prevailed, leaving the novel and its references to France and the West as a springboard of possibilities, hopes, projections and struggles to escape from the alienation of being an Arab woman.
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Rachid Koraïchi : une architecture céleste pour le soufisme
Marine Lostia
p. 193–202
RésuméFR :
Dans cet article, nous nous proposons de présenter l'esprit dans lequel travaille Rachid Koraïchi, artiste algérien de tradition musulmane. Plus précisément, nous présentons son travail autour du fondateur de l'ordre des derviches tourneurs. Rûmî, poète mystique du XIIIe siècle, développe une conception de la fonction de l'art qui a séduit l'artiste. La musique, la danse et la poésie sont autant de moyens d'accéder à la beauté, beauté qui nous rapproche du divin. Cette métaphysique de l'art est mise en images par l'artiste. L'amour tient une place importante au sein de cette méditation. Redonner vie à la lettre de ce mystique, c'est aussi pour Koraïchi, lutter contre une image trop souvent négative de l'Islam.
EN :
In this article, we intend to present the mentality informing the work of the Muslim Algerian artist Rachid Koraïchi. In particular, we will look at his work on the founder of the order of whirling dervishes. Rûmî, the mystic poet of the XIIIth century, develops a conception of the function of art which enthralled the artist. Music, dance and poetry are seen as ways of attaining beauty, a beauty which draws us towards the divine. The artist puts into images this metaphysics of art. Love occupies a central role in this meditation. Giving back life to the letter of the mystic is also for Koraïchi a way of fighting against the too frequently negative image of Islam.
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Le voyage mystique
Analyses
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Une raison d’écrire
Gyl Bartholeyns
p. 207–228
RésuméFR :
Ce bref essai donne une raison d'écrire. Penser le sens de l'expérience littéraire - le sens de la création, le sens du créé - c'est aussi mettre en question la réflexion qu'il suscite. Les deux premières parties, le rapport critique et le rapport génétique , y sont consacrées. La troisième, le rapport ontologique , pose un sens, du point de vue du langage (de l'écriture) et de la réalité (de l'œuvre), en prenant la solitude de l'être comme point de rayonnement.
EN :
The aim of this short essay is to provide a reason for writing. To reflect upon the meaning of literary experience - i.e. upon what it is to create and what it is that is created - is also to problematise this reflection. The first two parts of the essay ( le rapport critique, le rapport génétique) concern this issue. The third part ( le rapport ontologique), which radiates out from the notion of the solitude of being, posits a single meaning for literary experience from the point of view of language (writing) and of reality (the work produced).
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Merleau-Ponty et la guerre. Un aspect des rapports de la philosophie de la perception et de la politique.
Jean-Pierre Cléro
p. 229–250
RésuméFR :
Ce texte, qui se lit en lui-même, aurait pu être le dernier chapitre de notre livre La théorie de la perception , paru aux Presses universitaires de France en 2000, ou son appendice. Il se propose de montrer le rapport entre l'autorité des perceptions et celle qui entre en ligne de compte dans les relations politiques - sous la forme de la violence quand il s'agit de la Guerre. La perception met en jeu des éléments symboliques, qui lui servent de fond : en ce sens, Lacan dit la vérité de Merleau-Ponty et l'auteur s'est arrêté trop tôt dans son analyse. Plutôt que de parler de la chair du monde comme s'il s'agissait de l'écran de nos perceptions, il conviendrait plutôt de dire que c'est un tissage de langage qui leur donne sens. C'est peut-être en allant plus nettement jusque-là que Merleau-Ponty aurait mieux fixé son discours sur la perception et moins raté la jonction avec la politique qu'il se promettait. Il est vrai que le marxisme - qu'il a adopté, durant quelques années pendant et après la Guerre - était sans doute la philosophie politique la plus menaçante pour sa philosophie de la perception. Il n'empêche que cette tentative ouvre des voies qui méritent d'être poursuivies.
EN :
The following text may be read in itself ; but it could have been the last chapter of La théorie de la perception I wrote in 2000, or an appendix of this book. I intend to show the relation and the bond between the authority of perceptions and the authority which enters political communications and became sheer violence during the Second World War. Perception displays symbolic elements which, gathered in a set, acts as its screen : in this way, Lacan reaches the truth of La phénoménologie de la perception's author, and Merleau-Ponty ceased his analysis too soon. Instead of speaking of the things of the world as a sort of absolute screen for our perception, he should have pointed out a web of language with the same function. If he has reached up to this point, he would have both better stabilized his discourse on perception and less missed the junction with politics he expected to aim. Marxism, indeed, was probably, among political philosophies, the most subversive of the author's design and the most incompatible with Merleau-Ponty's reflexion about perception. Nevertheless, Merleau-Ponty's philosophy has opened up fields and roads which might still be laboured at to-day.