Résumés
Résumé
L'Amélanchier résiste. Tinamer est-elle la seule narratrice de son enfance? Et si d'autres voix ajoutaient leurs commentaires? Cet article ne prétend à aucune psychanalyse, mais cherche à montrer le parti romanesque que Ferron a su tirer de son projet initial : faire assumer le récit par un narrateur répliqué, occupant les cases assignées au père réel ou au père héros face à l'héroïne fictive. En de savants contre-points, les narrateurs nous donnent à lire l'histoire de Tinamer et celle de Coco, celle du, des pères et de leur fille; ils opposent le destin de Coco à l'institution psychiatrique, et le jardin merveilleux à la rue malodorante, figure de la réalité politique. À la fois histoire et témoignage du Québec des années 70, où le réel, la censure, les tensions s'opposaient au rêve de l'indépendance, l'Amélanchier montre que le pays était là, mais encore en dérive, et aide à mieux comprendre la difficulté d'accoster.
Abstract
L'Amélanchier offers resistance. Is Tinamer the sole narrator of her childhood? Or do other voices add their comments as well? Without laying claim to any psychoanalytical insight, this article proposes to show the novelistic use Ferron could make of his initial project: to have a single narrator assume the narration in the roles assigned to the actual father and to the father as hero face to face with the fictional heroine. In telling counterpoints, the narrators lay before us the story of Tinamer as well as of Coco, of the father(s) as well as of his/their daughter. Coco's fate is set off against the psychiatric institution; the wonderful garden against the malodorous street, a type of political reality. At once a history and a testimony of Québec in the 1970s, when reality, censorship and tensions held the dream of independence in check, l'Amélanchier shows that the country was there, but still adrift, and helps us better understand the difficulties of finding a haven.