Volume 40, numéro 2, 2016 Curriculum scolaire inuit Inuit School Curriculum Sous la direction de Gisèle Maheux L’avenir numérique de la tradition inuit The Online Future of the Inuit Tradition Sous la direction de Brendan Griebel
Sommaire (18 articles)
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Éditorial : Nouvelle structure de gouvernance et de gestion de la revue Études Inuit Studies / Editorial: New Structure for Governance and Management of the Journal Études Inuit Studies
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Introduction : Curriculum scolaire inuit / Introduction: Inuit School Curriculum
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The Education of Inuit Youth in Nunavik: Teachers’ and Students’ Perspectives
Tatiana Garakani
p. 25–46
RésuméEN :
This article draws on data collected in Nunavik between 2011 and 2014 to describe the perceptions of Inuit students and their teachers (Inuit and non-Inuit) about their motivation, the purpose of schooling, the quality of their relationships, and the pedagogical choices and approaches that influence their perseverance. Informed by critical Indigenous methodologies, the research was conducted with the approval of Kativik Ilisarniliriniq, the School Board of Nunavik. A wide range of research tools was used to facilitate participation by teachers from the French, English, and Inuit sectors, in elementary (Kindergarten to Grade 6) and high school (Grades 7 to 11), and participation by students from the French and English sectors (Grades 8 to 11).
FR :
À partir des données recueillies au Nunavik entre 2011 et 2014, cet article met en lumière la perception des élèves Inuit et leurs enseignants (Inuit et non-Inuit), sur comment leur motivation, le but scolaire, la qualité de leurs relations, et les pratiques pédagogiques influencent leur persévérance. Informée par les méthodologies critiques autochtones, la recherche a été menée avec l’approbation de la Commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq. Un large éventail d’outils de collecte de données a été mis en place pour faciliter la participation des enseignants de primaire et secondaire, des secteurs francophones, anglophones et inuit, ainsi que des élèves du secondaire (secteurs francophone et anglophone).
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A Hunger to Teach: Recruiting Inuit Teachers for Nunavut
Paul Berger, Karen Inootik, Rebecca Jones et Jennifer Kadjukiv
p. 47–69
RésuméEN :
We describe findings from participatory research conducted by a southern-based researcher from Thunder Bay, Ontario, and Nunavut Arctic College’s Teacher Education Program students. Together, they interviewed 128 high school students from 11 communities to determine what attracts Inuit youth to teaching and what might discourage them from becoming teachers. The research was based on the premise that Nunavut’s schools cannot be Inuit schools without many more Inuit teachers. We found that many Inuit youth have considered becoming teachers, but they face barriers to doing so. They expressed concerns about housing, finances, leaving their home communities, and their own academic preparedness. Many lacked information about teacher education programs. We recommend addressing these concerns, in part, by using Nunavut Teacher Education Program students to educate high school students about the program and to encourage them to become teachers.
FR :
Nous décrivons les résultats d’une recherche participative menée par un chercheur de Thunder Bay en Ontario, et des étudiants du Programme de formation des enseignants du Nunavut (Nunavut Teacher Education Program, Nunavut Arctic College). Ensemble, ils ont interrogé 128 étudiants du secondaire provenant de 11 communautés différentes afin de déterminer ce qui incite ou décourage les jeunes inuit à devenir enseignants. Cette recherche se base sur la prémisse que les écoles du Nunavut ne pourront être qualifiées d’écoles « inuit » sans y augmenter le nombre d’enseignants inuit. Nous avons découvert que de nombreux jeunes avaient effectivement envisagé de devenir enseignants, mais qu’ils ont, ce faisant, fait face à certains obstacles. Leurs préoccupations concernaient le logement, le financement, le fait de quitter leur communauté d’origine ainsi que leur propre préparation scolaire. Plusieurs d’entre eux ne connaissaient pas les programmes de formation en enseignement. Afin d’adresser ces problématiques, nous recommandons d’engager les étudiants du Programme de formation des enseignants du Nunavut pour informer les étudiants du secondaire au sujet du programme, et les encourageant à devenir enseignants.
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Réflexions portant sur le développement d’un programme de mathématiques pour les communautés d’Ivujivik et Puvirnituq au Nunavik
Lily Bacon et Thomas Rajotte
p. 71–91
RésuméFR :
À la suite d’un colloque portant sur l’histoire du développement de l’éducation dans les communautés d’Ivujivik et de Puvirnituq, et d’un processus de révision de programme de formation de leurs enseignants, des leaders inuit en éducation formulent le souhait de réviser le programme de mathématiques actuellement en vigueur dans leurs écoles afin d’y intégrer les savoirs mathématiques inuit. Ce texte se veut une première réflexion permettant de situer cette demande par rapport aux mouvements de prise en charge de l’éducation par ces populations. Il aborde également les changements curriculaires réalisés dans ces territoires mais aussi, ailleurs au pays. La réflexion touche aussi la dimension épistémologique des savoirs mathématiques issus de mondes culturels différents et soulève un questionnement quant à leur articulation. Enfin, cet article constitue l’apport des partenaires universitaires dans les travaux et les processus collaboratifs qui ont cours depuis plus de 30 ans avec les acteurs en éducation des communautés d’Ivujivik et de Puvirnituq.
EN :
In the aftermath of a conference on the history of educational development in the communities of Ivujivik and Puvirnituq and a process of reviewing their teacher training program, some Inuit educa tion leaders have requested a review of the current math program in their schools in order to integrate Inuit mathematical knowledge into it. This paper is meant to be an initial reflection on how that request relates to movements by these communities to take over education. It will also address curriculum-related developments that have occurred in these territories and elsewhere in the country. Furthermore, it will deal with the epistemological dimension of different types of mathematical knowledge produced by different cultural worlds and ask how they can interrelate to each other. Finally, this paper will cover the contribution by university partners to joint endeavours and processes that have been ongoing for more than 30 years with the education stakeholders of the communities of Ivujivik and Puvirnituq.
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Inuit-Centred Learning in the Inuit Bachelor of Education Program
Sylvia Moore, Cheryl Allen, Marina Andersen, Doris Boase, Jenni-Rose Campbell, Tracey Doherty, Alanna Edmunds, Felicia Edmunds, Julie Flowers, Jodi Lyall, Cathy Mitsuk, Roxanne Nochasak, Vanessa Pamak, Frank Russell et Joanne Voisey
p. 93–107
RésuméEN :
The Inuit Bachelor of Education (IBED) program in Labrador is a partnership between the Nunatsiavut Government (NG) and Memorial University of Newfoundland. It is preparing teachers to be key participants in NG’s education system. The IBED students and Sylvia Moore, the lead faculty member in the program, have based this paper on a collaborative presentation. The writers explore the tensions between the current provincial curriculum offered in the regional schools and a curriculum that is founded on Inuit history, culture, and worldview, restores the central role of the Inuit language, and is community-based as recommended in the 2011 National Strategy on Inuit Education. The students discuss four key threads of culturally relevant education: land, language, resources, and local knowledge. Moore reflects on how the IBED program incorporates these same elements to support Inuit identity and the developing pedagogy of the pre-service teachers.
FR :
Le programme de baccalauréat inuit en éducation (IBED) au Labrador est un partenariat entre le gouvernement du Nunatsiavut (NG) et l’Université Memorial de Terre-Neuve. Il prépare les enseignants à devenir des participants clés du système éducatif de NG. Les étudiants de l’IBED et Sylvia Moore, le principal membre du corps professoral du programme, ont basé ce document sur une présentation collaborative. Les auteurs explorent les tensions entre le programme provincial actuel offert dans les écoles régionales et un programme fondé sur l’histoire, la culture et la vision du monde inuit ; qui redonne un rôle central à la langue inuit et qui se base sur la communauté, tel que recommandé dans la Stratégie nationale sur l’éducation des Inuit de 2011. Les étudiants discutent de quatre éléments clés de l’éducation culturellement pertinente : le territoire, la langue, les ressources et le savoir local. Moore réfléchit sur la façon dont le programme IBED incorpore ces mêmes éléments pour soutenir l’identité inuit et le développement de la pédagogie dans la formation initiale des enseignants.
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Behind the Scenes of Inuit Curriculum Development in Nunavut, 2000–2013
Heather E. McGregor et Catherine A. McGregor
p. 109–131
RésuméEN :
In this article we examine the provision of curriculum in Nunavut between 2000 and 2013. During this time the Government of Nunavut established a mandate to ensure all curriculum from Kindergarten through Grade 12 was founded on Inuit Qaujimajatuqangit (IQ) and supported bilingualism. We describe how the Curriculum and School Services Division of the Department of Education undertook to fulfil this responsibility through unique, made-in-Nunavut curriculum development processes and products. We conclude by outlining the opportunities and challenges evident in the work of creating curriculum, teaching resources, and learning materials that centre Inuit knowledges, languages, and contexts.
FR :
Dans cet article, nous examinons le contenu des programmes scolaires au Nunavut entre 2000 et 2013. Durant cette période, le gouvernement du Nunavut s’était donné pour mandat de s’assurer que tous les programmes, de la maternelle à la douzième année, seraient basés sur l’Inuit Qaujimajatuqangit (IQ) et qu’ils favoriseraient le bilinguisme. Nous décrivons comment la Direction des services des programmes scolaires du Département de l’éducation a entrepris d’assumer ses responsabilités au moyen d’une façon unique d’élaborer les processus et les produits des programmes. Nous concluons en soulignant les opportunités et les difficultés que l’on rencontre dans la création de programmes, de ressources d’enseignement et de matériel d’apprentissage centrés sur les savoirs, les langues et les contextes inuit.
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Le partenariat université-communautés au service du développement d’un curriculum scolaire en inuktitut : Pistes de travail et de réflexion
Glorya Pellerini, Gisèle Maheux, Lily Bacon, Véronique Paul, Sarah Angiyou et Passa Mangiuk
p. 133–152
RésuméFR :
Les communautés d’Ivujivik et de Puvirnituq (Nunavik, Canada), en association avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), collaborent depuis plus de 30 ans à un projet de développement de l’éducation. Afin d’en faire un bilan, les partenaires inuit et universitaires ont organisé en novembre 2015, à Puvirnituq, un colloque ouvert à la population ainsi qu’aux acteurs intéressés par l’éducation au Nunavik. Une analyse partielle du contenu des échanges et des communications portant sur le processus de partenariat, les composantes du curriculum scolaire et son développement en inuktitut a été réalisée en lien avec les concepts de « dialogue interculturel » et de « curriculum ». Les résultats préliminaires sont ici présentés et laissent entrevoir la complexité méconnue du parcours scolaire des élèves inuit et du travail des enseignants auprès d’eux. Ils soulèvent la question de l’émergence d’une troisième culture, observable à travers la pratique dialogique développée.
EN :
The communities of Ivujivik and Puvirnituq (Nunavik, Canada) in association with Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) have collaborated for over 30 years in an education development project. To review this joint effort, the Inuit and academic partners held a conference in November 2015 in Puvirnituq, which was open to anyone residing in either community or involved in Nunavik education. A partial analysis of the content of discussions and papers about the partnership process, the components of the school curriculum, and its development in Inuktitut was carried out with reference to the concepts of intercultural dialogue and curriculum. Preliminary results are presented here and reveal the poorly known complexity of the educational path taken by Inuit students and the work of teachers with them. These results point to the emergence of a third culture that may be observed through the intercultural dialogue that has developed.
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Introduction: The Online Future of Inuit Tradition / Introduction : L’avenir numérique de la tradition inuit
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Documenting Linguistic Knowledge in an Inuit Language Atlas
Kumiko Murasugi et Monica Ittusardjuat
p. 169–190
RésuméEN :
The traditional method of orally transmitting language is weakening with the passing of fluent Elders and language erosion in contemporary Inuit society. Language documentation is a vital component of language maintenance and revitalization. In this paper we present a pilot online, multimedia cybercartographic Atlas of the Inuit Language in Canada, the goal of which is to help protect and strengthen the vitality of Inuit dialects through the documentation of their words. The main component of the atlas is a multidialectal database of written and spoken words. We discuss the role of dictionaries in language documentation, introduce the features of the atlas, explore the appeal of the atlas to different types of users (in particular, language learners), and present future directions for the atlas project.
FR :
Dans la société inuit actuelle, la forme traditionnelle de transmission orale de la langue s’affaiblit avec la disparition des locuteurs âgés et l’érosion du langage. La documentation de la langue est une composante essentielle de sa conservation et de sa revitalisation. Dans cet article, nous présentons « l’Atlas de la langue inuit au Canada » (Atlas of the Inuit Language in Canada), projet pilote multimédia cartographique en ligne, dont l’objectif est de contribuer à protéger et à renforcer la vitalité des dialectes inuit par la documentation de leur vocabulaire. La principale composante de l’Atlas est une base de données multi-dialectale de mots écrits et parlés. Nous discutons du rôle des dictionnaires dans la documentation de la langue, exposons les caractéristiques de l’Atlas, explorons l’intérêt qu’il pourrait présenter pour les différents types d’usagers, en particulier ceux qui apprennent la langue, et indiquons les directions que pourra prendre ce projet d’Atlas à l’avenir.
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The SkinBase Project: Providing 3D Virtual Access to Indigenous Skin Clothing Collections from the Circumpolar Area
Anne Lisbeth Schmidt
p. 191–205
RésuméEN :
In 2014, the National Museum of Denmark (NMD), in conjunction with the Greenland National Museum and Archives (Nunatta Katersugaasivia Allagaateqarfialu [NKA]), as well as the Museum of Cultural History, Oslo, launched the website Skin Clothing Online. The site presents the NMD’s total collection of 2,170 historic skin clothing items, dating from circa 1830 to 1950, from the circumpolar area. The clothing can be studied in minute detail due to high-resolution photos; 100 complete suits were photographed from all sides. Furthermore, 107 items of clothing were measured by means of 3D technology, which can be used to draw precise two-dimensional patterns. The documentation is made accessible to the public through a website, in compliance with creative commons licenses: CC-BY-SA for the photos and CC-BY-SA-NC for the patterns. The website uses content from the database SkinBase. Since 2017 parts of the NKA’s collection of archeological skin clothing from Qilakitsoq (circa 1475 AD), as well as historical garments and contemporary fashions, have also been made accessible, in keeping with the same copyright rules for photos. The NKA staff entered the items into the database without difficulty using a Virtual Private Connection (VPN). The Danish and Greenlandic national museums encourage international partners to contribute items to the website. The aim is to create a collaborative open forum for information and research with easy access for everybody to unique, fragile pieces of circumpolar cultural heritage. With clothing from Arctic peoples and clothing used on expeditions to Antarctica, the Polar Museum in Cambridge will be the next museum to contribute to the website.
FR :
En 2014, le Musée national du Danemark (NMD), en collaboration avec le Musée national et les Archives du Groenland (Nunatta Katersugaasivia Allagaateqarfialu [NKA]), ainsi qu’avec le Musée d’histoire culturelle d’Oslo, lancé le site internet Skin Clothing Online (« Vêtements de peau en ligne »). L’ensemble des 2170 vêtements de peau de la collection du NMD provenant des régions circumpolaires, datés entre 1830 et 1950 environ, y a été présenté. Les vêtements peuvent être étudiés dans leurs plus menus détails grâce à des photos ayant une très haute résolution. Cent costumes complets ont été photographiés de tous les côtés. Par ailleurs, 107 morceaux de vêtements ont été mesurés au moyen de la technologie 3D, ce qui a permis de dessiner des patrons précis en deux dimensions. La documentation est accessible au public par le site internet, à condition de respecter les licences Creative Commons BY-SA pour les photos et BY-SA-NC pour les patrons. Le site se base sur la banque de données SkinBase. Depuis 2017, une partie de la collection de vêtements de peau archéologiques de Qilakitsoq (environ 1475 après J.-C.) du NKA de même que des éléments vestimentaires historiques ou issus de la mode contemporaine ont été rendus accessibles, suivant les mêmes règles par rapport au droit d’auteur que pour les photos. Le personnel du NKA a enregistré sans difficulté les objets dans la base de données en utilisant un réseau privé virtuel (RPV). Les musées nationaux danois et groenlandais encouragent des partenaires internationaux à contribuer au site par l’enregistrement de nouveaux objets. Le but est de créer un forum collaboratif d’information et de recherche, facilitant pour tous l’accès à un pan unique, mais fragile du patrimoine culturel circumpolaire. Le Musée polaire de Cambridge sera le prochain à contribuer au site par des vêtements des peuples de l’Arctique, ainsi que par des vêtements utilisés lors d’expéditions en Antarctique.
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Identity, Community, and Technology: Reflections on the Facebook Group Inuit Hunting Stories of the Day
Alexander Castleton
p. 207–224
RésuméEN :
In this article I reflect on a particular Inuit use of the social networking site Facebook: the group called Inuit Hunting Stories of the Day. I focus on two main issues. First, I discuss the logic behind current technologies as conceptualized by Albert Borgmann (e.g., 1984), who states that rather than being neutral tools, modern devices foster a particular “taking-up” with the world that leads to disengagement from community and meaningful practices. Arguing against this view, I discuss how Inuit Hunting Stories of the Day is an example of how the internet and Facebook are appropriated and provide meaningful engagement. Second, I follow anthropologist Claudio Aporta’s (2013) notion of ecology of technology and argue that the relationship between technology and Inuit has to be understood within an ecological framework that encompasses the broader context of political, economic, and social change, which are intertwined with the use, appropriation, adoption, and adaptation of technology. Drawing from the ecology of technology perspective, it is my central argument that technology and computer-mediated communication bring proximity to cultural practices, activities, and the land rather than provoking distance and alienation from reality, as commonly expressed in dystopian notions.
FR :
Dans cet article, je réfléchis à une utilisation inuit particulière du site de réseautage social Facebook : le groupe Inuit Hunting Stories of the Day. Je me concentre sur deux questions principales. Premièrement, je discute de la logique des technologies actuelles telles que conceptualisées par Albert Borgmann (e.g., 1984), qui affirme qu’au lieu d’être des outils neutres, les dispositifs modernes favorisent une « prise » particulière sur le monde menant au désengagement de la communauté et des pratiques significatives. En argumentant contre ce point de vue, je vais discuter du fait que le groupe Inuit Hunting Stories of the Day est un exemple de la façon dont on s’approprie internet et Facebook en les dotant d’engagements significatifs. Deuxièmement, conformément à la notion d’« écologie de la technologie » de l’anthropologue Claudio Aporta (2013), j’affirme que la relation entre la technologie et les Inuit doit être comprise dans un cadre écologique englobant le contexte plus large des changements politiques, économiques et sociaux qui est lié à l’appropriation, à l’adoption et à l’adaptation de la technologie. En partant de la perspective de l’écologie de la technologie, mon argument central est que la technologie et la communication assistée par ordinateur rapprochent les pratiques culturelles, les activités et la terre plutôt que de provoquer la distance et l’aliénation de la réalité telle qu’elle est illustrée couramment par les notions dystopiques.
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Food-Sharing Practices Online in the Facebook Group Cambridge Bay News
Laura Dunn et Pamela Gross
p. 225–243
RésuméEN :
Cambridge Bay News is a popular Facebook group that residents of Iqaluktuuttiaq use to communicate within the town. Many members also use the group to share country food with others. Our paper looks at residents’ practices of sharing food on Cambridge Bay News and the impact these practices have on relationships within the community. Comparing these practices with oral history and anthropological accounts of Inuinnait sharing practices, we examine how food sharing is changing relationships within Iqaluktuuttiaq and between people and the land in response to ongoing colonial practices.
FR :
Cambridge Bay News est un groupe populaire sur Facebook utilisé par les résidents d’Iqaluktuuttiaq pour communiquer entre eux. De nombreux membres utilisent également le groupe pour partager de la nourriture traditionnelle avec d’autres. Notre article examine les pratiques des résidents en matière de partage de nourriture sur Cambridge Bay News et l’impact de ces pratiques sur les relations au sein de la communauté. En comparant ces pratiques avec l’histoire orale et les comptes rendus anthropologiques des pratiques de partage d’Inuinnait, nous examinons comment le partage des aliments modifie les relations au sein d’Iqaluktuuttiaq ainsi que les relations qu’entretiennent les gens avec le territoire en réponse aux pratiques coloniales en cours.
Hors thème / Other Articles
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Stratégies et équipements de la chasse au narval dans le fjord Inglefield (Groenland)
Christiane Drieux
p. 247–270
RésuméFR :
Fondé sur une enquête de terrain dans le nord-ouest du Groenland, cet article présente les stratégies et les équipements utilisés par les Inughuit chasseurs de narval dans la zone réglementée du fjord Inglefield au sud-est de Qaanaaq. Encore construit et utilisé actuellement dans la région de Qaanaaq, le kayak permet aux chasseurs d’approcher discrètement les troupeaux de narvals. Des harpons à propulseur et à tête basculante, ainsi que des systèmes de flotteurs et de freins perfectionnés pour une meilleure adaptation au contexte de la chasse au narval, donnent aux chasseurs l’opportunité de chasses fructueuses. Après une description ethnographique des chasseurs à la poursuite des narvals dans le fjord Inglefield, j’analyserai la stratégie de la chasse et la technique de lancer du harpon à propulseur depuis leurs kayaks. Je décrirai aussi la conception exceptionnellement sophistiquée de leurs armes et de leurs kayaks. Enfin, je discuterai de l’appropriation et de la redistribution du gibier capturé, ainsi que de l’évolution de la pratique de la chasse et de l’impact de nouvelles réglementations visant à protéger les narvals dans cette zone de reproduction.
EN :
Based on fieldwork in northwest Greenland, this article presents the strategies and equipment that Inughuit narwhal hunters use in the regulated area of Inglefield Fjord southeast of Qaanaaq. Kayaks are still built and used in the Qaanaaq area, and they enable hunters to approach schools of narwhals discreetly. Harpoons with throwing boards and toggle heads, together with sophisticated buoy and brake systems that are better suited for narwhal hunting, provide hunters with opportunities for fruitful hunting. After an ethnographic description of hunters as they pursue narwhals in Inglefield Fjord, I will analyze the hunting strategy and the technique for spear throwing from their kayaks. I will also describe the exceptionally sophisticated design of their weapons and kayaks. Finally, I will discuss how the captured narwhals are appropriated and the meat redistributed, how hunting practices have changed over time, and how people are affected by new regulations to protect narwhals in this breeding area.
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To Supplement or Not to Supplement: Are Inuit Getting Enough Vitamin D?
Peter Frost
p. 271–291
RésuméEN :
Inuit have vitamin D blood levels that generally fall within the range of insufficiency, even when they live on a traditional diet of fish and game meat. Without this vitamin, bones soften and become deformed, a condition called rickets in children and osteomalacia in adults. Until recent times, however, this condition was much rarer among Inuit than among non-Inuit, even when the latter included people living near Inuit communities under similar conditions of climate and housing. This rarity was attributed to extended breastfeeding and a high-meat/low-cereal diet. The situation subsequently reversed, with Inuit becoming more at risk of developing rickets, first in Labrador during the 1920s and later elsewhere. To reduce this excess risk, researchers have recommended vitamin D supplementation, arguing that breast milk has too little vitamin D and that even a traditional diet cannot provide the recommended daily intake. We should ask, however, whether the problem is definitional. Inuit may have lower levels of vitamin D because they need less, having adapted culturally and physiologically to an environment where this vitamin is less easily synthesized in the skin. These adaptations include a diet that enhances calcium bioavailability (by means of β-casein in breast milk, certain unknown substances in meat, and absence of phytic acid), as well as genetic changes that enable vitamin D to be used more efficiently. Although Inuit are today more at risk of developing rickets than are non-Inuit, this excess risk is nonetheless small and seems to have a dietary cause—namely, early weaning and abandonment of a high-meat/low-cereal diet.
FR :
Les Inuit affichent un taux sanguin de vitamine D se situant généralement dans la zone d’insuffisance, même lorsqu’ils mangent une alimentation traditionnelle de poisson et de gibier. Sans cette vitamine, les os se ramollissent et se déforment, condition appelée « rachitisme » pendant l’enfance et « ostéomalacie » à l’âge adulte. Cependant, jusqu’à une période récente, cette condition était beaucoup plus rare chez les Inuit que chez les non-Inuit, même lorsque ces derniers incluaient des personnes vivant tout près des communautés inuit et soumis à des conditions similaires de climat et de logement. On attribuait cette rareté à l’allaitement prolongé et à une alimentation riche en viande et pauvre en céréales. C’est par la suite que la situation s’inverse, car les Inuit deviennent plus à risque de développer le rachitisme, d’abord au Labrador pendant les années 1920 et ailleurs ensuite. Pour réduire ce sur-risque, des chercheurs recommandent une supplémentation quotidienne en vitamine D, en soutenant que le lait maternel serait trop pauvre en vitamine D et que même l’alimentation traditionnelle serait insuffisante pour fournir l’apport quotidien recommandé. Mais il faut se demander si cette carence est illusoire. Il se peut que les Inuit affichent un faible taux sanguin de vitamine D parce qu’ils en ont moins besoin, s’étant adaptés tant sur le plan culturel que sur le plan physiologique à un milieu où cette vitamine se synthétise difficilement dans la peau. Ces adaptations incluraient une alimentation qui augmente la biodisponibilité du calcium (grâce à la β-caséine du lait maternel, à certaines substances inconnues dans la viande et à l’absence d’acide phytique), ainsi que des modifications génétiques permettant une meilleure utilisation de la vitamine D. Si, de nos jours, les Inuit sont plus à risque de développer le rachitisme que les non-Inuit, ce sur-risque est néanmoins faible et semble avoir une cause alimentaire, à savoir le sevrage précoce et l’abandon d’une alimentation riche en viande et pauvre en céréales.
Recensions d'ouvrages / Book Reviews
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NUNGAK, Zebedee and Tagak CURLEY, 2017. Wrestling with Colonialism on Steroid : Quebec Inuit Fight for Their Homeland. Montréal, Véhicule Press
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BERTRAND, Nicolas, 2016. Une école à la dérive. Essai sur le système d’éducation au Nunavik. Québec, Septentrion
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WALTON, Fiona and O’LEARY, Darlene (ed.), 2015. Sivumut—Towards the Future Together: Inuit Women Educational Leaders in Nunavut and Nunavik. Toronto, Canadian Scholars’ Press