Introduction : la santé des InuitIntroduction: Inuit health[Notice]

  • Christopher Fletcher et
  • Mylène Riva

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  • Christopher Fletcher
    Axe Santé des populations et pratiques optimales en santé, Centre de recherche du CHU de Québec. Adresse postale : Département de médecine sociale et préventive, Faculté de médecine, Université Laval, Pavillon Ferdinand-Vandry, bureau 2433, 1050, avenue de la Médecine, Québec, Québec G1V 0A6, Canada
    christopher.fletcher@fmed.ulaval.ca

  • Mylène Riva
    Département de géographie, Université McGill, Pavillon Burnside, 805 rue Sherbrooke Ouest, Montréal, Québec H3A 0B9, Canada
    Department of Geography, McGill University, Burnside Hall Building, 805 Sherbrooke Street West, Montreal Quebec H3A 0B9, Canada
    mylene.riva@mcgill.ca

L’idée de ce numéro thématique d’Études/Inuit/Studies a germé lors d’une session intitulée « Inuit health and well-being : Cultural, social and environmental perspectives / La santé et le bien-être des Inuit : perspectives culturelles, sociales et environnementales », que nous avions organisée à l’occasion du 19e Congrès d’Études inuit à Québec en 2014. L’intérêt suscité par cette session a dépassé de très loin nos attentes, nous laissant penser qu’il y aurait de la place pour un numéro spécial sur ce sujet. À ce moment, nous venions tout juste d’entamer notre collaboration à l’enquête sur la santé Qanuilirpitaa ? (« Comment allons-nous maintenant ? ») qui aura bientôt lieu au Nunavik en 2017. Nos spécialisations universitaires divergentes – la géographe et chercheure en santé des populations Mylène Riva est spécialisée dans les études quantitatives au niveau populationnel, tandis que l’anthropologue Christopher Fletcher, spécialiste des recherches qualitatives, travaille en contact étroit avec des communautés sur des problèmes au niveau local – nous ont amenés à de riches discussions sur la meilleure façon de définir la santé communautaire chez les Inuit pour rejoindre de multiples interlocuteurs, y compris les professionnels de la santé, les membres des communautés inuit, les administrateurs régionaux et des chercheurs dans le domaine de la santé provenant de diverses disciplines. L’appel d’articles pour ce numéro thématique est issu de cette session initiale lors du 19e Congrès d’Études inuit, et de nos discussions sur la méthodologie à élaborer pour l’enquête à venir. Bien que la revue Études/Inuit/Studies ait déjà publié des articles individuels portant sur la santé dans les communautés inuit, nous nous étonnons que ce sujet soit si rarement apparu dans ses pages. En fait, l’unique et dernier volume thématique sur la santé a été publié en 1981 ; il contenait six articles de recherche répartis sur deux numéros. Il s’agissait du volume 5, et dans le premier numéro, George Wenzel comparait le modèle biomédical occidental et le modèle inuit en matière d’étiologie, nous procurant du même coup l’un des premiers exemples de travaux sur les modèles culturels inuit relatifs à la santé et à la maladie. Il arrivait à des conclusions paradoxales : tandis que les Inuit pensent que la biomédecine est efficace, elle les prive en même temps des modèles culturels inuit qui situent la santé et la maladie dans des contextes historiques, sociaux et géographiques. Dans un autre article, John O’Neil explorait le rôle des nouveaux organismes communautaires, tels que les églises et les écoles, dans la préservation de la santé communautaire. Arguant du fait que la santé, en tant que projet des communautés inuit, commençait à s’ancrer dans les actions d’institutions et de groupes communautaires qui n’étaient pas nécessairement perçus comme des organismes voués à la « santé », il décrivait un processus que l’on pourrait aujourd’hui qualifier « d’autochtonisation » des ressources communautaires locales. Enfin, Margaret Wheatley et Brian Wheatley discutaient des effets d’un test de contamination par le mercure, isolé et peut-être relevant d’une anomalie, sur les habitudes alimentaires à Salluit (que l’on appelait Sugluk à l’époque). Leur article décrivait la façon dont les gens avaient rapidement modifié leurs choix alimentaires, en s’éloignant de la nourriture traditionnelle au profit des alternatives proposées par les magasins, démontrant ainsi à quel point les Inuit sont sensibles aux informations relatives à la santé et combien il est important de diffuser les résultats de la recherche avec prudence et en tenant compte de leurs possibles conséquences. Dans le deuxième numéro du volume 5, A.P. Ruderman et G.R. Weller mentionnaient que les Inuit du District de Keewatin (dans ce qui est aujourd’hui le Nunavut) étaient mécontents …

Parties annexes

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