Résumés
Résumé
Tayara est l’un des sites paléoesquimaux les plus renommés de l’Arctique de l’Est canadien. Suite aux fouilles de William E. Taylor Jr. en 1958, il a servi de référence pour définir le faciès Dorsétien ancien. L’étude de Taylor était basée sur la typologie des têtes de harpon, ainsi que sur les figurines humaines et animales découvertes, notamment le fameux petit masque. Fait assez exceptionnel pour l’Arctique de l’Est, le site de Tayara a livré plusieurs niveaux d’occupation superposés, parfois sur un mètre. Même si Taylor utilise Tayara comme référence pour le Dorsétien ancien, ce positionnement chronologique a toutefois fait l’objet de controverses au début du XXe siècle, incitant l’Institut culturel Avataq à entreprendre de nouvelles fouilles dans la partie centrale du site, près des tranchées 1, 2 et 3 de Taylor. Le présent article propose une étude typologique et technologique de l’industrie osseuse (ivoire, os et bois) issue des fouilles menées par Taylor (164 objets) et par l’Institut culturel Avataq (1090 pièces). Les niveaux II et III des fouilles récentes étant malheureusement des palimpsestes s’étalant sur 600 ans d’occupations, Tayara ne peut donc plus être considéré comme un site uniquement dorsétien ancien. Les niveaux 2 et 3 de Taylor semblent généralement comparables au niveau III et donc probablement datés du Prédorsétien récent alors que le niveau 1 et la couche appelée buried culture semblent plutôt associés au niveau II, donc au Dorsétien moyen. Les nouvelles datations par le radiocarbone confortent cette hypothèse.
Abstract
Tayara is one of the most famous Palaeo-Eskimo sites in the Eastern Canadian Arctic. William E. Taylor Jr. excavated it in 1958, and it has since become the main reference for defining Early Dorset characteristics. His study was based on harpoon head typology and on the animal and human figurines discovered, especially the famous little human mask. This site is also exceptional because several occupation levels were unearthed for up to a metre in depth. Although Taylor used Tayara as an Early Dorset reference, this dating was challenged in the early 21th century, and the Avataq Cultural Institute has undertaken new excavations in the central part of Tayara, near Taylor’s trenches 1, 2, and 3. The present article offers a typological and technological study of bone tools (ivory, bone, and antler) found by Taylor (164 objects) and by the Avataq Cultural Institute (1,090 pieces). Unfortunately, the new excavations (levels II and III) are palimpsests that encompass different occupations over a period of 600 years, and Tayara can no longer be uniquely considered an Early Dorset site. Levels 2 and 3 from Taylor’s trenches seem generally comparable to level III of the recent excavations and probably date from Late Pre-Dorset times, whereas level 1 and the “buried culture” layer seem more associated with level II, which is considered Middle Dorset. These inferred datings are supported by the new radiocarbon dates.
Corps de l’article
Introduction
Le site de Tayara (KbFk-7) est situé sur l’île Qikirtaq, à l’embouchure du fjord de Salluit, au nord du Nunavik (Québec, Canada, Figure 1). Cette petite île, proche du continent (environ 500 m), jouxte le port de Salluit, très apprécié pour l’exploitation des ressources marines (Gendron et al. 2003; Institut culturel Avataq 2007). Localisé sur une ancienne plage à 18 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer, le long de la côte sud-ouest, le site a été découvert en 1957 par William E. Taylor Jr.[1] dans une zone érodée, au milieu de la vallée principale de l’île. Cette vallée de comblement postglaciaire, encore immergée à l’Holocène inférieur, a été comblée par des sédiments glacio-marins avant d’émerger (Todisco et Bhiry 2007). Le site de Tayara couvre une aire d’environ 200 mètres de long sur 50 mètres de large, à 150 mètres du rivage actuel (Desrosiers et al. 2007). Selon les géomorphologues qui ont étudié la région de Salluit, il y aurait eu un ralentissement du relèvement isostatique postglaciaire dans le détroit d’Hudson au cours des trois derniers millénaires (Gray et al. 1993). De ce fait, l’environnement du site est probablement resté relativement stable pendant une longue période; le niveau de la mer a peu varié, ce qui peut laisser supposer que le biotope a également peu changé et donc que les ressources disponibles autour du site ont été somme toute assez constantes. Pour ces raisons, il est possible d’envisager une succession d’occupations du site au même endroit par différents groupes s’étalant sur un laps de temps relativement important (Desrosiers et al. 2007, 2008).
À Tayara, une accumulation de sédiments sur plus d’un mètre a été observée, ce qui est exceptionnel car peu de sites archéologiques stratifiés ont été découverts dans l’Arctique de l’Est. Ces dépôts de plusieurs natures sont tous associés à des processus de formation périglaciaires, à savoir essentiellement liés à la solifluxion et à l’alluvionnement (Todisco et Bhiry 2007). Un an après sa découverte, soit en 1958, le site de Tayara a été fouillé par Taylor pendant dix jours. Le site se révéla très riche, livrant des objets spectaculaires et très bien conservés. Taylor et son équipe creusèrent six tranchées jusqu’à atteindre le pergélisol. Il distingua deux à trois niveaux archéologiques selon les tranchées, excepté pour la cinquième, stérile (Figure 2). Il regroupa ces niveaux dans une même entité culturelle, le Dorsétien ancien (Taylor 1968).
Malgré la brièveté des fouilles, Tayara devint l’un des principaux sites sur lequel Taylor se basa pour appuyer l’hypothèse d’un continuum culturel entre Prédorsétien et Dorsétien (ibid.). Son étude comparative, établie sur la typologie des différentes classes d’outils lithiques et organiques, s’appuya sur les travaux de ses prédécesseurs et contemporains, notamment ceux de Henry B. Collins (1956), et fit de Tayara le site de référence du Dorsétien ancien. Taylor (1968: 107) a publié trois datations par le radiocarbone, échantillonnées à partir d’ossements de mammifères marins, et il les utilisa pour appuyer ses hypothèses. Elles furent normalisées en tenant compte du ratio C12/C13 dans Morlan (n.d.): niveau 1 (tranchée 1, GSC-702, 2360±130 AA[2]), niveau 2 (tranchée 3, GSC-703, 2790±130 AA) et niveau 3 (tranchée 2, GSC-701, 2830±130 AA).
Dans les années 1970 et 1980, la fiabilité des datations par le radiocarbone sur des échantillons de mammifères marins a été contestée à cause de l’effet réservoir qui les rend plus vieux (Arundale 1981; McGhee et Tuck 1976; Tuck et McGhee 1983). Arundale (1981: 260) a essayé de corriger les trois datations de Tayara citées par Taylor mais comme elle ne les a pas normalisées, ses corrections vieillissent les dates obtenues. Malgré ces incertitudes sur sa datation réelle, Tayara resta toutefois pendant longtemps le site de référence du Dorsétien ancien. En 1990, des archéologues ont remis en cause son attribution culturelle en l’associant plutôt au Prédorsétien récent (Ramsden et Tuck 2001; Tuck et Ramsden 1990). Cette controverse a motivé l’Institut culturel Avataq à entreprendre de nouvelles fouilles à Tayara, à partir de 2001, afin d’actualiser et de compléter les données collectées par Taylor (Desrosiers et al. 2007, Desrosiers 2009).
Dans cet article, je présente les résultats de l’étude typologique et technologique que j’ai effectuée sur l’industrie osseuse (ivoire, os et bois de caribou) de Tayara. L’objectif était de confronter les observations et interprétations de William E. Taylor Jr. à celles de Pierre M. Desrosiers et des autres membres de l’équipe scientifique coordonnée par l’Institut culturel Avataq. Bien que très tôt utilisés pour l’établissement du cadre chrono-culturel, les objets en matières osseuses sont encore rarement étudiés d’un point de vue technologique dans l’Arctique (p. ex., LeMoine 1994; LeMoine et Darwent 1998; Nagy 1990; Wells 2012). Considérant leur présence trop ponctuelle, Desrosiers (2009) a également peu utilisé les données issues des matières organiques dans son analyse critique du cadre chrono-culturel paléoesquimau. Le présent article souhaite donc pallier cette lacune. Les résultats présentés proviennent de l’industrie osseuse des fouilles anciennes (164 objets) et récentes (1090 objets) de Tayara. Une étude similaire réalisée sur les collections osseuses d’Igloolik permet de mettre en perspective les résultats obtenus (Houmard 2011a).
Retour à Tayara
De retour sur le site, il a été relativement aisé pour les archéologues de l’Institut culturel Avataq de localiser les fouilles de Taylor, qui avaient été principalement menées dans la zone la plus érodée. Pour évaluer le travail accompli par Taylor et sauver un maximum de vestiges avant une érosion plus généralisée, c’est dans la même zone que se sont concentrées les fouilles récentes (Institut culturel Avataq 2007). Trois structures de foyers, alignées sur 7 mètres et orientées nord-sud, ont ainsi été mises en évidence.
En comparant leurs profils stratigraphiques avec ceux de Taylor, les archéologues de l’Institut culturel Avataq supposent que le niveau I[3] qu’ils ont identifié, proche de la surface, composé d’éclats épars, n’a pas été repéré par Taylor (Desrosiers et al. 2007)[4]. Le niveau 1 de Taylor paraît plus profond et serait donc assimilable au niveau II des fouilles récentes (Figure 3). Les niveaux 2 et 3 de Taylor correspondraient plutôt au niveau III des fouilles récentes même si les corrélations sont plus complexes à établir. En effet, le niveau II semble se dédoubler à certains endroits et les parois de la tranchée 2 se sont effondrées après les fouilles de Taylor (ibid.).
Les nouvelles datations AMS obtenues, pour la plupart issues de charbon de bois non identifié, sont plus récentes que celles de Taylor: le niveau I est daté entre 1330±90 AA (543-940 cal apr. J.-C.)[5] et 980±80 AA (892-1220 cal apr. J.-C.); le niveau II entre 1886±40 AA (30-233 cal apr. J.-C.) et 2125±45 AA (356-41 cal av. J.-C.); le niveau III entre 2205±20 AA (361-202 cal av. J.-C.) et 2523±43 AA (800-517 cal av. J.-C.) (Desrosiers 2009; Gendron et al. 2003). Bien que le niveau II soit probablement le reflet de plusieurs occupations successives (Todisco et al. 2009), l’industrie lithique associée semble homogène et plus récente que ne l’envisageait Taylor. Desrosiers (2009) assimile cette dernière au Dorsétien « classique » (c’est-à-dire Dorsétien moyen) à partir de l’étude technologique qu’il a menée. Bien que rares, les éléments lithiques caractéristiques récoltés dans le niveau III évoquent une possible affinité avec les sites Groswater du Labrador et de Terre-Neuve (ibid.: 36); ces sites sont datés de 2900 à 2200 AA au Labrador (Fitzhugh 2002: 136).
Étude technologique de l’industrie osseuse
Le cadre théorique de la présente étude technologique s’appuie sur le concept de chaîne opératoire. Leroi-Gourhan (1964: 164) l’a définie ainsi: « La technique est à la fois geste et outil, organisés en chaîne par une véritable syntaxe qui donne aux séries opératoires à la fois leur fixité et leur souplesse. La syntaxe opératoire est proposée par la mémoire et naît entre le cerveau et le milieu naturel ». L’analyse des comportements techniques et des productions associées permet de définir des groupes culturels préhistoriques. Un groupe culturel, aux comportements techniques spécifiques, se distingue ainsi de ses contemporains mais aussi, sur une échelle de temps plus longue, de ses ancêtres et de ses descendants. La technologie, grâce aux outils analytiques qu’elle met en jeu, permet d’évaluer la nature des changements qui se produisent au sein d’une société, en termes de continuité ou de discontinuité (remplacement de population, modification des structures sociales, rupture dans les processus de transmissions des savoirs, mise en place de nouvelles normes sociales, etc.) (Houmard 2011a: 39).
L’étude technologique que j’ai menée s’est concentrée sur les objets en matières dures d’origine animale des niveaux II (n=568) et III (n=522) des fouilles récentes, le niveau I n’en contenant pas, ainsi que l’ensemble de ceux issus des fouilles de Taylor (n= 64) lorsque leur position stratigraphique était connue (Tableau 1). La majorité des objets retrouvés est en ivoire, puis en os. Le bois de caribou n’était pas très abondamment exploité à Tayara, constat identique aux sites étudiés dans la région d’Igloolik (Houmard 2011a). L’identification du matériau utilisé a été limitée par les très petites dimensions des vestiges, notamment pour le niveau III[6] mais aussi en raison de l’action plus importante des racines qui laissent des états de surface moins lisibles que pour le niveau II (Houmard 2011a: 292).
Afin de respecter l’ordre chronologique de succession des occupations, l’étude du niveau III, qui est le plus ancien, sera présentée avant celle du niveau II. La collection Taylor, plus réduite, sera ensuite décrite et utilisée comme élément de comparaison dans la discussion. L’ensemble des vestiges de l’industrie osseuse a été classé, pour chaque niveau, en fonction de leur position dans la chaîne opératoire (déchet, support, ébauche, objet fini; voir Tableau 2) et par catégorie typologique pour les objets finis (Tableau 3).
Niveau III
Les vestiges trouvés dans le niveau III sont généralement bien conservés. Les objets finis représentent environ 20% de l’ensemble des vestiges, avec une très grande majorité d’aiguilles (Tableau 2, Figure 4). Les déchets (n=36), supports (n=23) et ébauches (n=1) de ce niveau ne permettent pas de proposer de reconstitution de chaîne opératoire complète. C’est néanmoins à la fabrication des aiguilles que se rapportent la majorité de ces éléments (4 déchets, 19 supports et 1 ébauche) (Houmard 2011a).
Dans la plupart des cas, un seul matériau est utilisé pour fabriquer les objets d’une catégorie fonctionnelle donnée: 1) la grande majorité des armes de chasse proviennent de défenses de morse; 2) les objets liés à la sphère domestique ont été réalisés à peu près dans les mêmes proportions en ivoire, os et bois de caribou avec un grand nombre d’aiguilles de matière indéterminée (probablement en os); 3) un élément de parure est en ivoire (Tableau 4).
D’un point de vue technique, les objets sont le plus souvent fabriqués à partir de supports allongés, ou baguettes, de morphologies variées se rapprochant de celle de l’objet recherché (dimensions et section), en s’affranchissant de la morphologie d’origine du bloc de matière première. Les actions de débitage visaient donc à diviser le bloc selon son axe longitudinal, pour en extraire une ou plusieurs baguettes. D’autres sectionnements ultérieurs, dans le sens transversal, ont pu intervenir pour la mise à longueur de l’ébauche. Les techniques utilisées dénotent une volonté de contrôle maximal afin d’éviter de mauvaises fractures. Le support obtenu a une morphologie proche de celle, définitive, recherchée pour un type d’objet donné.
Le travail de mise en forme est réduit à l’aménagement des extrémités spécifiques à chaque catégorie fonctionnelle. C’est véritablement à ce stade final que les objets étaient différenciés d’un point de vue typologique. Le rainurage est employé pour entamer la matière plus profondément, sur une petite surface (à savoir aménagement d’une rainure longitudinale, d’une perforation, d’une logette fermée, d’une fente, etc.). La percussion lancée tranchante est parfois utilisée pour créer des encoches visant à renforcer l’adhérence de certaines parties proximales d’objets destinés à être tenus en main ou emmanchés. Quelques traces d’abrasion ont été observées sur deux objets interprétés comme un pseudo-burin et une aiguille (Houmard 2011a: 300-301, fig. 112).
Vingt-neuf objets finis (surtout des aiguilles et têtes de harpon) ont été perforés par rainurage bifacial, sauf pour l’élément de parure où l’artisan a procédé par petits enlèvements successifs de matière (grattage). Les parois internes de la perforation ont généralement été régularisées par raclage rotatif.
Niveau II
D’après les observations effectuées lors de la fouille, le niveau II est constitué de plusieurs niveaux d’occupation qui n’ont pu être distingués visuellement. Apparemment assez homogène d’après l’étude de l’industrie lithique, ce niveau est attribué au Dorsétien moyen et daté entre 2100 et 1900 AA (356 cal av. J.-C. à 233 cal apr. J.-C. pour les dates extrêmes) (Desrosiers 2009).
Parmi les 568 vestiges enregistrés, 319 sont en ivoire, 148 en os, 33 en bois de caribou et 68 de matière indéterminée. Ils sont généralement bien conservés. Les objets finis représentent un peu plus de 40% du corpus, avec une majorité d’aiguilles (n=65), suivie par les têtes de harpon (n=28) et les lissoirs (n=24). D’après la quantité d’objets retrouvés pour chaque catégorie fonctionnelle, les activités de couture, de chasse et de traitement des peaux ont été pratiquées sur le site (Tableau 5). La quantité importante d’objets en ivoire implique l’utilisation d’un nombre de défenses conséquent même si ce matériau n’est pas recherché pour la fabrication d’objets de grand volume.
La grande majorité des armes de chasse proviennent de défenses de morse (Figures 5 et 6). Les objets liés à la sphère domestique ont été réalisés à peu près dans les mêmes proportions en ivoire, os et bois de caribou, avec un grand nombre d’aiguilles de matière indéterminée (probablement en os). Les éléments de parure sont presque tous en ivoire, sauf quelques pendentifs en os de mammifère terrestre (Figure 6). D’un point de vue technique, le plus souvent ce sont des baguettes qui ont été produites, de morphologies variées se rapprochant de celle de l’objet recherché (dimensions et section), en s’affranchissant de la forme d’origine du bloc de matière première. Les actions de débitage visaient donc à diviser le bloc selon son axe longitudinal, pour en extraire une ou plusieurs baguettes, comme en témoigne un tibio-tarse d’un oiseau de type oie débité pour la fabrication de plusieurs aiguilles (Figure 7, Houmard 2011a; Monchot et al. à paraître). D’autres restes de débitage issus de métapode et de bois de caribou en témoignent également (Houmard 2011a: figs. 137a, b, 140, 145, 146).
Les séquences de débitage semblent simplifiées pour les défenses de jeunes morses, l’artisan se contentant de séparer en deux dans la longueur le bloc de matière première. Cette séquence plus courte semble dédiée à la production des têtes de harpon (le plus souvent) et des préhampes (ibid.: fig. 138). Néanmoins, il semble que la plupart des objets en ivoire proviennent de défenses de morse adulte. Une fois la baguette extraite, les séquences de façonnage varient selon les objets; certains sont très peu transformés, d’autres ont été dotés d’un grand nombre d’aménagements (têtes de harpon, pointes barbelées, etc.). Les pointes de presseur issues du maxillaire de morse font partie de ces objets peu transformés après débitage.
Dans les autres cas, une mise à longueur de l’ébauche a souvent été effectuée par sectionnement de la baguette selon son axe transversal. Les techniques utilisées témoignent d’une volonté de contrôle maximal, afin d’éviter de mauvaises fractures. Il semble que, dans certains cas, la mise à longueur ait créé des chutes (ou restes de façonnage) qui ont été récupérées et agrémentées d’une perforation pour en faire des pendentifs (ibid.: fig. 141). Le rainurage semble être la seule technique employée pour l’extraction des baguettes, qu’il s’agisse des défenses et maxillaires de morse, des os longs d’oiseau ou des métapodes de caribou.
Pour l’exploitation des défenses de morse, quatre types de déchets de débitage caractéristiques ont été distingués, présentant tous des stigmates de rainurage (Figure 8):
ceux englobant les concrétions internes de la défense (n=23), se présentant parfois sous forme de baguette (n=9);
ceux incluant une partie de la cavité pulpaire (n=14);
ceux touchant au cément externe (n=2);
celui lié à la production d’un type d’objets précis, ou matrice de débitage (n=1).
En ce qui concerne les séquences de façonnage, le raclage prédomine pour la mise en forme générale des objets. Le rainurage vient le compléter lorsqu’il faut entamer la matière plus profondément sur une petite surface (comme l’aménagement d’une rainure longitudinale, d’une perforation, d’une logette fermée, d’une fente, etc.). La percussion lancée tranchante a parfois été utilisée pour créer des encoches visant à renforcer l’adhérence de certaines parties proximales d’objets destinés à être tenus en main ou emmanchés. Des restes de façonnage très spécifiques ont été identifiés pour deux types de production: dans le cas des têtes de harpon, pour enlever un petit triangle à la base de la tête permettant l’aménagement d’une logette complètement fermée (Figure 9), et pour les lissoirs, afin de sectionner l’extrémité proximale de l’ébauche qui avait conservé l’épiphyse de l’os (métapode de caribou). C’est d’ailleurs pour cette seule catégorie fonctionnelle que l’ensemble de la chaîne opératoire a pu être reconstituée (Figure 10).
Occasionnellement, sur 15 pièces bien différentes les unes des autres, des traces d’abrasion ont été observées, que ce soit au moment du débitage ou du façonnage: déchets de débitage (n=4), déchets de façonnage (n=5), objets finis (n=5) et deux pièces au statut indéterminé (n=2). Dans le niveau II, deux polissoirs en quartzite grossier ont été retrouvés (Desrosiers 2009, fig. 3.62). Malgré cette diversité apparente, il semble qu’un seul objectif ait été recherché: obtenir des surfaces très lisses et régulières avec une plus grande régularité que ne le permettait le raclage. Sur les restes de débitage, deux cas paraissent très explicites (Houmard 2011a: fig. 149). Les traces d’abrasion se superposent à d’anciennes traces de rainurage qui ont permis l’extraction d’une baguette. L’objectif était d’effacer les aspérités découlant de la première opération. L’abrasion semble donc être une technique utilisée en appoint, pour régulariser certaines surfaces probablement pourvues d’aspérités plus prononcées, comme en témoignent clairement les restes de débitage.
Une centaine de pièces ont par ailleurs été perforées (n=103 dont 90 objets finis). La catégorie des têtes de harpon est la seule qui montre une diversité de techniques de perforation (Tableau 6). Pour les pendentifs, il semble y avoir deux techniques, l’une pour les objets épais (rainurage), l’autre pour les objets plus minces (grattage), et une seule technique dans les autres cas. Les parois internes de la perforation ont généralement été régularisées par raclage rotatif.
Discussion
Comparaison des niveaux III et II des fouilles récentes
D’un point de vue typologique, certaines catégories fonctionnelles semblent spécifiques du niveau III, telles le pseudo-burin et le manche double; d’autres, plus nombreuses, le seraient du niveau II, mieux documenté: lissoirs, dents travaillées, pointes barbelées, figurines animales, poinçons, etc. (Tableau 3). Enfin, certaines catégories fonctionnelles sont communes aux niveaux III et II mais sont représentées par des types différents et spécifiques de chacun d’eux: les aiguilles et les têtes de harpons en sont une bonne illustration. Les aiguilles du niveau III ont globalement une largeur plus faible que celles du niveau II, et la section mésiale passe progressivement de carrée, biconvexe ou losangique pour le niveau III, à biconvexe puis subrectangulaire ou ovalaire pour le niveau II (Tableau 7). Les caractéristiques morphométriques des têtes de harpon évoluent également. La partie proximale passe progressivement d’une logette partiellement fermée à une logette complètement fermée (Tableau 8).
En comparant les matériaux sélectionnés, de légères différences peuvent également être observées. La proportion de pièces en ivoire et, dans une moindre mesure, en os de mammifère terrestre, semble augmenter avec le temps au détriment des os d’oiseau. Cette exploitation plus régulière du morse semble coïncider avec l’intensification de sa chasse par les Dorsétiens (Murray 1996, 1999; Houmard 2011b; Monchot et al. 2013). Les dents de morse et d’ours polaire sont plus couramment utilisées dans le niveau II. Les proportions relatives des pièces en os de mammifère marin et en bois de caribou restent comparables entre le niveau III et le niveau II (Houmard 2011a: 376-377).
Le bois de caribou est généralement choisi pour la fabrication des objets les plus volumineux alors que l’ivoire a plutôt été réservé pour la fabrication d’objets plus petits. Les objets entiers en os de mammifère marin ou terrestre, lorsqu’ils sont présents, ont des volumes inférieurs (ibid.). L’ivoire est le matériau le plus utilisé dans les deux niveaux. Pour le niveau II, l’ivoire domine nettement. En proportion, l’os est moins bien représenté pour le niveau II que pour le niveau III, avec un inversement des tendances entre os de mammifère marin (légèrement plus nombreux pour le niveau III) et terrestre (plus abondants pour le niveau II). Les objets en bois de caribou sont faiblement représentés dans les deux cas (Tableau 9).
Sur le plan technique, les niveaux II et III présentent des résultats très comparables pour le façonnage, un peu différents pour le débitage (Tableau 10). La percussion lancée tranchante, qui est utilisée dans le niveau III, paraît absente du niveau II. Réciproquement, l’abrasion employée au moment du débitage, et le fendage lors du façonnage, semblent spécifiques du niveau II. Ce niveau contient par ailleurs de nombreux outils lithiques (pseudo-burins, grattoirs, racloirs, perçoirs, pointes, microlames retouchées ou non, Desrosiers 2009: tabl. 3.1) parmi lesquels les pseudo-burins (20 en chert et 10 en néphrite) sont les plus appropriés pour le travail des matières osseuses.
En ce qui concerne les techniques de perforation, quelques changements s’opèrent, notamment pour les têtes de harpon. Les trous de ligne des têtes de harpon du niveau III sont réalisés par rainurage à partir d’une face préférentielle ou par rainurage bifacial croisé. Celles du niveau II peuvent avoir été réalisées avec les mêmes techniques, auxquelles s’ajoutent le rainurage bilatéral ou bifacial, parfois le grattage. En revanche, les chas des aiguilles sont obtenus dans les deux cas de la même manière, par rainurage bifacial (Houmard 2011a: 380).
Il existe ainsi des indices de continuité entre les niveaux III et II: mêmes choix de blocs de matière première pour les objets les plus volumineux et mêmes modalités de gestion du volume. En revanche, des éléments marquant une césure peuvent être notés: apparition et disparition de certaines catégories fonctionnelles et de certains types d’objets, moindre exploitation des os (notamment d’oiseau), exploitation accrue de l’ivoire, plus grande diversité des éléments anatomiques sélectionnés, apparition de nouvelles pratiques techniques. Ces tendances évolutives, obtenues à partir de deux niveaux fouillés du site de Tayara, respectivement 80 m2 (niveau II) et 40 m2 (niveau III), représentent une réelle avancée dans nos connaissances. Celles-ci devront être complétées et vérifiées par de nouvelles fouilles et de nouvelles études, notamment pour mieux documenter le niveau III.
Comparaison des fouilles anciennes et récentes
Pour les fouilles anciennes, les déchets, supports et ébauches sont plus rares. Les comparaisons purement technologiques sont donc très limitées. Cependant, il ne semble pas y avoir de différences majeures dans le mode de fabrication, que les objets proviennent des fouilles anciennes ou récentes. C’est par conséquent la typologie qui offre les meilleures comparaisons entre ces deux campagnes de fouilles pour l’établissement d’une chronologie relative des niveaux identifiés par William E. Taylor Jr. et ceux par l’Institut culturel Avataq, plus particulièrement par Pierre M. Desrosiers qui a dirigé les travaux de terrain. L’objectif est donc de comparer les types d’objets et catégories fonctionnelles des fouilles récentes à ceux des fouilles anciennes, par tranchée et par niveau (Tableau 11).
D’après ces comparaisons typologiques, la plupart des niveaux des tranchées de Taylor semblent avoir plus de points communs avec le niveau II qu’avec le niveau III. Seuls deux niveaux font exception et paraissent plus anciens: le niveau 3 de la tranchée 6 et le niveau 2 de la tranchée 3. Ils ont notamment livré chacun une aiguille de petit gabarit (1,5 mm de large), et respectivement une tête de harpon à logette ouverte d’un type différent de ceux des fouilles récentes, une petite figurine animale dans la tranchée 3, ainsi que le fameux petit masque et un possible couteau à neige dans la tranchée 6 (Figure 11). L’ancienneté de ces types de têtes de harpon spécifiques des niveaux des fouilles de Taylor a été vérifiée par l’étude de quelques sites de la région d’Igloolik fouillés par Jørgen Melgaard, notamment Kapuivik (Jens Munk) et Freuchen (Houmard 2011a).
Il semble donc que le niveau 1 de toutes les tranchées de Taylor (1, 2, 3, 4 et 6) corresponde au niveau II des fouilles récentes, tout comme le niveau 2 de la tranchée 2, les niveaux dits buried culture des tranchées 1 et 4 et le niveau dit pile bone artefacts de la tranchée 4. Le niveau 2 de la tranchée 6 et le niveau 3 de la tranchée 2 ne sont pas clairement positionnés. En revanche, les niveaux 2 de la tranchée 3 et 3 de la tranchée 6 pourraient être contemporains ou plus anciens que le niveau III (Tableau 12). Ces associations concordent également avec les observations de Desrosiers (2009) concernant l’industrie lithique des fouilles récentes.
Tayara, un site du Dorsétien ancien mais pas seulement
Alors que Taylor avait considéré les tranchées et niveaux de Tayara comme une seule et même entité culturelle, les fouilles récentes et les comparaisons effectuées avec la région d’Igloolik ont prouvé qu’il existait plusieurs phases d’occupation sur le site de Tayara. Dans la synthèse de son analyse, Taylor n’a pas repris les nuances chronologiques qu’il apportait dans l’étude détaillée des différents vestiges par niveau. Au fil du temps, la communauté scientifique n’a malheureusement retenu que les éléments de synthèse les plus réducteurs de sa publication (Taylor 1968). Ainsi, malgré la présence d’une seule tête de harpon de type « Tayara Pointed » dans la collection, cet objet (niveau 2, tranchée 1) est devenu un fossile directeur du Dorsétien ancien. De nombreux autres sites ont ainsi été attribués à cette période, parfois sur la base de ce seul critère (Maxwell 1985). L’image que Taylor a donnée du site il y a presque 50 ans ne peut donc être conservée telle quelle. La présente étude confirme que le site de Tayara ne peut plus être « la » référence pour le Dorsétien ancien (Desrosiers 2009; Desrosiers et al. 2007, 2008). Sur la base de la technologie lithique, Desrosiers (2009) voit dans le niveau III de Tayara des affinités avec le faciès Groswater et attribue le niveau II à un « Dorsétien classique » (équivalent ou Dorsétien moyen). Mon étude technologique de l’industrie osseuse de sites de la région d’Igloolik montre plutôt des points communs avec le Prédorsétien récent et le Dorsétien ancien pour le niveau III de Tayara, et avec le Dorsétien ancien et le Dorsétien moyen pour le niveau II.
Les comparaisons que Taylor a établies entre Tayara et d’autres sites étant essentiellement typologiques, la pertinence de ses hypothèses ne peut être évaluée que sur ce seul registre, les données technologiques des autres collections étant absentes. Cet archéologue a généralement dû se contenter des rapports préliminaires et très succincts publiés par ses collègues, ce qui a limité la portée de ses hypothèses. Taylor a particulièrement utilisé les styles de harpons de trois sites fouillés par Collins (1956) – Crystal II, Tunermiut 1 et 3 – pour placer Tayara dans la chronologie de l’Arctique de l’Est. Malheureusement, pris dans leur globalité comme l’a fait Taylor, ces sites sont probablement eux aussi des palimpsestes d’occupations qui ne permettent donc pas de comparaisons directes sans réexamen des collections. Bien qu’il ait mentionné ce problème et considéré que l’occupation de Tayara s’étendait sur plusieurs siècles, il a conservé l’idée d’une unicité culturelle attribuée au Dorsétien ancien (Taylor 1968).
Au regard des données et analyses récentes, la période que Taylor a définie comme le Dorsétien ancien correspond à un palimpseste d’occupations s’étendant probablement du Prédorsétien récent au Dorsétien moyen. Pour faire la lumière sur le contenu réel de chaque site fouillé anciennement, un retour aux collections archéologiques et aux informations fournies par les carnets de fouilles paraît indispensable, en considérant isolément niveaux et structures enregistrés au moment de la fouille et en comparant les résultats obtenus par la typologie, la technologie et, si possible, de nouvelles datations par le radiocarbone pour chacun d’eux.
Conclusion
Le site de Tayara reste à bien des égards une référence pour le Paléoesquimau. Malheureusement, les objets et niveaux identifiés lors des fouilles récentes ne permettent pas encore de définir plus précisément les trois phases d’occupations présentes à Tayara: Prédorsétien récent, Dorsétien ancien et Dorsétien moyen. Les fouilles de l’Institut culturel Avataq montrent en effet que le site est un palimpseste d’occupations étalées sur 600 ans, d’environ 2500 à 1900 AA. Par conséquent, il reste délicat de se baser uniquement sur la typologie, sans étude technologique préalable, pour établir une chronologie relative qui pourrait être appliquée et comparée à d’autres régions de l’Arctique.
Cependant, à une plus large échelle, certains éléments de l’industrie osseuse semblent plus récents que d’autres: aiguilles de plus grand gabarit, têtes de harpon à logette complètement fermée, lissoirs, préhampes, pointes barbelées, figurines animales, têtes de lance, etc. Ces observations ont été confirmées par l’étude technologique menée sur certains sites de la région d’Igloolik. De même, les modalités de sélection de la matière première semblent évoluer avec le temps, avec une préférence pour les défenses de morse au Dorsétien, excepté pour la fabrication des objets de grand volume en bois de caribou. Les techniques, bien que très proches, changent elles aussi un peu au cours du temps, avec un développement de l’abrasion notamment.
Le site de Tayara ne peut donc plus être considéré comme le site de référence du Dorsétien ancien même si ce faciès est probablement représenté sur le site, mais amalgamé au Dorsétien moyen et peut-être aussi au Prédorsétien récent. De nouvelles fouilles sur le site, comme l’élargissement des comparaisons passant par l’étude plus détaillée d’autres sites de référence tels que Tunermiut 1 et 3, apporteront sans doute de nouveaux éclairages pour mieux appréhender les modalités de changement qui caractérisent le passage du Prédorsétien au Dorsétien au Nunavik et dans le détroit d’Hudson. C’est également par cette approche qu’il sera possible d’apporter une meilleure définition pour chacun des faciès: Prédorsétien récent, Dorsétien ancien et Dorsétien moyen.
Parties annexes
Remerciements
Je remercie Valentine Roux et James Woollett, mes codirecteurs de thèse, ainsi que Patrick Plumet et Despina Liolios qui ont été mes tuteurs. Je suis également très reconnaissante envers Daniel Gendron et Pierre M. Desrosiers (Institut culturel Avataq, Montréal), David Morrison, Patricia Sutherland et Robert McGhee (Musée canadien de l’histoire, Gatineau), Bjarne Grønnow, Martin Appelt, Ulla Odgaard, Hans-Christian Gulløv et Jens Fog Jensen (équipe du SILA du Musée national du Danemark, Copenhague) pour les facilités d’accès aux collections et les informations fournies sur le matériel étudié. Ces recherches ont été soutenues par le Bureau canadien de l’Éducation internationale (B.C.E.I.), le programme de bourse Lavoisier de cotutelle de thèse (Égide) et la bourse de thèse de la Chancellerie des Universités de Paris. Je remercie également le Conseil international des études canadiennes (CIEC) et la Chancellerie des Universités de Paris pour les prix de thèse qui ont récompensé ces recherches. Enfin, mes remerciements vont à Murielle Nagy et un évaluateur anonyme qui, par leurs commentaires, ont contribué à l’amélioration de cet article.
Notes
-
[1]
Taylor travaillait alors comme archéologue pour le Musée national du Canada.
-
[2]
AA = avant aujourd’hui, ce dernier étant 1950.
-
[3]
Les niveaux culturels de l’Institut culturel Avataq sont en chiffres romains pour les différencier de ceux de Taylor.
-
[4]
Toutefois, un niveau stratigraphique correspondant au niveau I avait bien été relevé par Taylor (1968: 47, fig. 9).
-
[5]
cal = calibré. Pour le présent article, j’ai calibré toutes les dates présentées entre parenthèses à 2 sigmas (95% de probabilité) avec le logiciel OxCal 4.2.
-
[6]
En effet, 95% des pièces du niveau III ont une section de moins d’un cm2, dont 374 pièces (75%) inférieures à 0,1 cm2.
Références
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