Résumés
Résumé
Dans une situation de relations de pouvoirs asymétriques de type néocolonial, les Autochtones n’avaient aucun contrôle sur les recherches sociales et culturelles les concernant, ni sur les produits et les images d’eux-mêmes qui en résultaient. Cet état de fait a été dénoncé entre autres par le leader amérindien Vine Deloria dans son livre Custer died for your sins. Si elle n’a pas complètement disparu, cette situation a changé et plusieurs groupes et organisations autochtones exercent maintenant un contrôle plus ou moins serré sur les recherches qui se font dans leur milieu jusqu’à vouloir — dans des cas extrêmes — devenir les seuls propriétaires de la connaissance ainsi produite, contrairement à l’idée de partage des connaissances qui est davantage dans la ligne de pensée de leurs traditions culturelles. Dans cet article, je donne quelques exemples de partage des connaissances (méthodologiques et ethnographiques) suite à des collaborations entre des chercheurs universitaires non-autochtones et des assistants de recherche amérindiens, jouant le rôle d’intermédiaire ou de courtier culturel entre les premiers et les communautés montagnaises (ou innues) et atikamekw dont ils sont membres. Cette collaboration a produit des résultats intéressants comme la préparation de dossiers de négociations dans le cadre d’une revendication territoriale globale et de formation de leaders locaux. Elle n’a pas eu de retombées importantes, cependant, pour ce qui est de l’utilisation des données à des fins éducatives. Les efforts doivent être poursuivis pour favoriser davantage ce genre de collaboration et de partage de la connaissance et pour que celle-ci ait davantage de retombées utiles pour les groupes concernés.
Abstract
In their situation of asymmetrical power relations in a neocolonial context, Aboriginal peoples did not have any control on the social and cultural studies concerning them, nor on the products and self image coming out from them. Amongst others, the Indian leader Vine Deloria has denounced these practices in his book Custer died for your sins. The current situation is quite different, even if not completely, and many Aboriginal groups and organizations now have more or less control over research activities in their communities. In certain cases, their intention is to be the sole owners of the knowledge so produced, in opposition to the sharing values at the core of their cultural traditions. In this paper, I give a few examples of knowledge (methodological and ethnographical) sharing between academic researchers and Aboriginal research assistants, acting as cultural brokers between the scientific community and their local Montagnais (or Innnu) and Atikamewk communities. The results of this collaboration have been very interesting in terms of data to support a comprehensive land claim and the formation of local leaders, but not in terms of their use for educational purposes. Experiences of this kind of collaboration, including those between Aboriginal and non Aboriginal academics, must be favoured to come out with a better sharing of knowledge and more benefits for the local communities.
Parties annexes
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