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Architecture paléoesquimaude: état des connaissances était le thème d'un symposium tenu du 1 au 5 septembre 2002 à Saint-Pierre et Miquelon, sous les auspices de l'Arche Musée-Archives. Vingt participants travaillant dans différentes régions de l'Arctique ont présenté des communications concernant leurs recherches sur les habitations paléoesquimaudes.
Pour nous, le thème du symposium s'imposait de lui-même et émanait de frustrations encourues lors de nos fouilles respectives d'habitations paléoesquimaudes. La stratigraphie, les processus post-dépositionnels, la délimitation de l'habitation, ou simplement la façon d'aborder la fouille des structures, sont des défis auxquels nous avions été confrontés.
La littérature existante sur l'architecture paléoesquimaude, se limitant à des descriptions éparses dans des revues scientifiques, des monographies, des rapports non publiés, des mémoires de maîtrise et des thèses de doctorat, nous semblait peu satisfaisante. Le seul ouvrage synthétisant, un tant soit peu, des données sur les structures d'habitations paléoesquimaudes était celui de Maxwell publié en 1985: Eastern Arctic Prehistory. L'objectif du symposium Architecture paléoesquimaude: état des connaissances était donc de rassembler une base de données solide sur l'architecture paléoesquimaude, avec un accent spécifique sur la description (par ex. taille, techniques de construction, etc.), tout en donnant l'opportunité aux chercheurs de présenter leurs données et d'en discuter avec leurs collègues.
Vingt-et-un articles sont inclus dans ce volume. Ils sont présentés par régions géographiques: Alaska, Bas-Arctique canadien central, Haut-Arctique canadien, Groenland, Labrador et Terre-Neuve. À l'exception de l'Alaska, chaque région est introduite par une synthèse sur l'architecture paléoesquimaude (Andreasen; Renouf; Ryan; Sutherland). Les articles qui suivent sont organisés par ordre chronologique du Paléoesquimau Ancien au Paléoesquimau Récent.
Les thèmes majeurs abordés sont les suivants: les liens culturels inter-régionaux (Damkjar; Odess); les techniques d'échantillonnages utilisées pour localiser et interpréter des structures (Eastaugh; Milne); “l'histoire de vie” des habitations (LeBlanc; Ryan); les aires d'activité dérivées de la technologie lithique et d'analyses spatiales (Cox; Desrosiers et Rahmani; Eastaugh; Erwin; Milne; Park); les foyers (Hinnerson Berglund; Odgaard); l'utilisation des ressources et la saisonnalité (Erwin; Hartery et Rast; LeMoine, Helmer et Grønnow; Ryan); les aspects sociaux et symboliques (Appelt; Labrèche; LeMoine, Helmer et Grønnow; Odgaard; Park; Pinard); la typologie (Labrèche; Ryan), l'ethnoarchéologie et la démographie (Labrèche).
L'ensemble des articles présentés est intéressant à deux niveaux. D'un point de vue pragmatique, ils offrent d'abord des descriptions très détaillées d'habitations paléoesquimaudes et des synthèses régionales à jour. À un autre niveau, ils viennent contribuer à notre connaissance des débuts de l'occupation humaine de l'Arctique et, plus spécifiquement, de l'adaptation humaine telle que déduite des vestiges architecturaux.
Lors de la table ronde finale du symposium, les participants furent d'abord unanimement surpris par la grande variabilité architecturale exposée dans les présentations. Tous ont convenu qu'au moment des fouilles une plus grande attention devrait être portée à l'architecture et qu'il serait même souhaitable d'étendre les fouilles au-delà des limites de l'habitation elle-même, afin d'en mieux comprendre le contexte. Il est également apparu essentiel d'avoir une bonne compréhension des processus post-dépositionnels et de mieux développer et justifier les inférences saisonnières basées sur l'architecture. Une standardisation du vocabulaire fut aussi évoquée pour des termes tels que: aménagement axial, mid-passage, foyer en forme de boîte, support de lampe, etc. Nous espérons que ce numéro thématique d'Études/Inuit/Studies sera un outil utile pour les recherches et l'interprétation de l'architecture paléoesquimaude.