RecensionsBook reviews

Turner, Lucien M. 2001 [1894] Ethnology of the Ungava District, Hudson Bay Territory, Introduction de Stephen Loring. Montréal, McGill-Queen’s University Press, xxxii + 190 pages, photos et figures.[Notice]

  • Yves Labrèche

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  • Yves Labrèche
    Jacques Whitford Environment Limited
    St. John’s, Terre-Neuve, Canada

Plutôt que de résumer un ouvrage qui est déjà fort connu pour avoir fait l’objet d’au moins trois éditions précédentes et variées (Turner 1894, 1979a, 1979b), nous proposons plutôt, dans les lignes qui suivent, d’examiner la façon dont les éditeurs et commentateurs de son oeuvre s’en sont emparé pour nous la présenter. Après avoir rapidement décortiqué la structure de l’ouvrage, nous mettrons en évidence le cheminement de Turner et l’importance de sa contribution au domaine ethnographique du Nord du Québec. Bien que l’édition précédente du même ouvrage par l’Association Inuksiutiit et les Presses Coméditex (Turner 1979a) ne soit pas encore épuisée (Murielle Nagy, comm. pers. 2002), on peut saluer cette nouvelle édition comme une entreprise louable puisqu’elle s’est enrichie d’une introduction critique assez détaillée de Stephen Loring et d’une douzaine de photographies inédites, prises par Turner lors de son voyage le long de la côte du Québec-Labrador et pendant son séjour à Fort-Chimo vers la fin du 19e siècle. L’édition de 1979a avait cependant l’avantage de comprendre un index et on peut déplorer que les nouveaux éditeurs n’y aient pas songé. Mais il faut bien admettre que l’ouvrage de Turner est de nature principalement descriptive et qu’il est facile de s’y retrouver puisqu’il appartient à la catégorie des recueils encyclopédiques, méthodiques et thématique. La table des matières de l’ouvrage suit déjà un découpage assez rigoureux: sections introductives sur la région et ses habitants, le climat, la végétation et la vie animale. La partie principale du «rapport» se divise en deux grandes sections: la première porte sur les Inuit et la seconde sur les Innus. La section sur les Inuit est beaucoup plus détaillée en ce qui concerne la vie sociale (mariage et famille, coutumes religieuses). Par contre, la culture matérielle des Inuit et des Innus (transport, habitation, vêtement, équipement domestique, techniques de chasse et habitudes alimentaires) reçoit un traitement à peu près identique et les sections sur chacune des deux ethnies se terminent par un recueil de légendes. Le rapport de Turner ne comprend cependant ni conclusion ni bibliographie. L’introduction de Loring vient cependant combler en partie cette lacune puisqu’elle comprend de nombreuses références dont des textes et publications de Turner. La mission principale de Turner devait consister à récolter des données météorologiques et sa passion d’origine était plutôt l’ornithologie. Turner fait certainement partie des plus grands chercheurs de terrain d’Amérique. Son talent pour l’apprentissage des langues autochtones, sa passion pour les sciences naturelles et son étonnant désir de collectionneur ont bien servi les intérêts du Musée des Sciences Naturelles. C’est cependant sa contribution à l’ethnographie du Nord du Québec qui retiendra surtout notre attention dans les lignes qui suivent. Avant son séjour en Ungava, Turner avait passé plusieurs années en Alaska et peu de temps à Washington entre les périodes d’exil. Aussi, dès son retour (1884), Turner est tiraillé entre la production de rapports sur les deux régions. Il n’est pas impossible qu’à l’instar d’autres chercheurs de l’époque, par exemple Ernest W. Hawkes, qui a également travaillé en Alaska et au Labrador peu après Turner (Collins 1984), Turner ait transposé, volontairement ou non, des données pour combler les lacunes dans les données locales. Il a fallu dix ans avant que ne soit publié le rapport sur l’Ungava que nous connaissons (1894). Entre-temps, quelques parties furent publiés sous forme d’articles (e.g., Turner 1887). Si la description domine, Turner s’engage parfois dans des comparaisons qui traduisent des jugements de valeur et un certain ethnocentrisme, notion qui n’existait d’ailleurs pas encore à l’époque, du moins dans sa forme actuelle qui fut introduite par W.G. Summer en 1907 (Renard-Casevitz 1991: 247). …

Parties annexes